Le SNRM (Service national pour les relations avec les musulmans), service de l’Église catholique de France a pour mission depuis 50 ans de promouvoir la rencontre et le dialogue entre catholiques et musulmans, former les catholiques à la connaissance de l’islam et au dialogue interreligieux, soutenir tous ceux et celles qui, dans les diocèses, travaillent à développer les relations entre catholiques et musulmans et développer des liens avec les responsables musulmans en France. Des services diocésains existent dans presque tous les diocèses de France sous des appellations plus ou moins identiques.
Notre vocation est donc d’être au service de toutes les paroisses, des laïcs, des diacres et des prêtres pour aider à réfléchir sur les problématiques de la rencontre avec les musulmans et de leur foi, des mariages mixtes, de l’éducation, de l’accueil, de la connaissance…etc.
Depuis 35 ans dans le diocèse de Bordeaux, le Service Diocésain pour les Relations avec les Musulmans (SDRM) met en actions ce dialogue au quotidien. Les membres du service sont des laïcs pour la majorité d’entre eux issus de toute la Gironde. Ils agissent, ils œuvrent en paroisse et dans des associations, au sein du Groupe d’Amitiés Islamo-Chrétiennes, de l’association Solidarité Nord-Sud, du CCFD-Terre Solidaire, de la Banque Alimentaire, du Secours catholique, d’Ephesia, d’associations de quartiers et de solidarité.
Ils appliquent au mieux et selon leurs talents ce que le 28 octobre 1965, les Pères conciliaires ont publié dans la Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes. Dans ce texte du concile Vatican II, il est noté l’importance qu’il y a à considérer avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre des autres religions qui, « quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la Vérité qui illumine tous les hommes ».
Nous nous retrouvons régulièrement, tant sur les sujets d’actualités que sur les sujets théologiques. Nous essayons de vivre la solidarité ensemble, de nous expliquer en paix sur des sujets sensibles : violence, laïcité, fraternité, sur nos interprétations de nos religions … et parfois l’actualité internationale et nationale nous entrainent dans des communes actions : marche pour la paix par exemple, Bordeaux partage…
Nous organisons des sessions de formation annuellement parfois en relation avec l’IPB ( l’Institut Pey Berland) et surtout en relation avec l’Institut Catholique de la Méditerranée et son centre de formation l’ISTR .
Nous invitons des personnalités musulmanes reconnues pour leur savoir (Imam, sociologue, Responsables des communautés) et ils partagent leurs connaissances avec nous.
Nous sommes accueillis dans les mosquées pour rencontrer les croyants dans leur foi.
Nous échangeons simplement sur nos vies de croyants sans aucune forme de procès d’intention, en posant un regard attentif et par essence bienveillant sur ces personnes qui sont nos voisins au quotidien
Pour conclure cette rapide introduction, nous souhaitons partager quelques propos et textes qui guident notre engagement. Nous espérons que cela éclairera encore plus les mots précédents. Bonne lecture et nous espérons vous retrouver régulièrement. Le dialogue n’est pas une option, c’est une opportunité et une richesse pour peu que chacun y soit en vérité.
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A propos des musulmans, le texte du concile Vatican II (1962/1965) souligne ce qui suit :
« L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.
Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ».
« Identité, altérité et sincérité », telles sont les trois caractéristiques du dialogue interreligieux promu par le cardinal français Jean-Louis Tauran (1943-2018). Le cardinal Tauran qui a longtemps était Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux, était en effet toujours convaincu que de bonnes relations entre chrétiens et musulmans pouvaient apporter une contribution irremplaçable à la paix dans le monde, affirmant que la véritable menace n’était pas le choc des civilisations, auquel il ne croyait pas, mais plutôt le choc de l’ignorance et du radicalisme.
De Louis Massignon (1883 / 1962) l’un des bâtisseurs français du Dialogue interreligieux nous pouvons rapporter les mots suivants Sur le dialogue :
« Je ne suis pas de ceux qui pensent que nous aboutirons si nous cherchons des dénominateurs communs. Je cherche, au contraire des chiffres singuliers et des signes. je crois que c’est ce qu’il y a d’authentique dans l’originalité de chaque religion que nous devons essayer de faire converger…par l’orientation de nos volontés polarisées par l’admiration de ce que les hommes ont compris et ce à quoi ils donnent leur vie«
De Pierre Claverie (1938/ 1996) évêque d’Oran, mort avec son chauffeur et ami Muhammad dans un attentat :
Sur la rencontre de l’autre : »J’essaye de rejoindre l’autre tel qu’il vit sa religion, pas telle qu’on l’exprime pour lui dans les livres. Et je suis de plus en plus convaincu que seule cette mise en présence de personnes ébranlera les certitudes toutes faites sur lesquelles on risque sans cesse de se replier, de s’enfermer. Nous devons prendre conscience de nos différences avant d’établir un registre d’échanges commun, qui ira au delà des apparences«
Sur la spécificité de chacun : « Chrétiens et musulmans se sont créés des univers distincts qui leur permettent de se situer dans le monde. Ces univers construits ont chacun sa logique, son vocabulaire, ses catégories. Un échange à ce niveau ne va pas très loin. Il faut d’abord vivre ensemble«
Sur nos questions : « …Au fond nous nous posons tous les mêmes questions, celles de la vie, de la mort, de l’amour, de la souffrance. Chacun y répond dans sa culture, avec ses mots. Mais déjà quand ces questions émergent entre nous, Dieu est là«
Il est utile de lire enfin la déclaration commune sur la « Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune du pape François et de l’imam al Tayeb signée le 4 février 2019, dont voici un extrait
…« Au nom de Dieu et de tout cela, Al-Azhar al-Sharif – avec les musulmans d’Orient et d’Occident –, conjointement avec l’Église catholique – avec les catholiques d’Orient et d’Occident –, déclarent adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère.
Nous – croyants en Dieu, dans la rencontre finale avec Lui et dans Son Jugement –, partant de notre responsabilité religieuse et morale, et par ce Document, nous demandons à nous-mêmes et aux leaders du monde, aux artisans de la politique internationale et de l’économie mondiale, de s’engager sérieusement pour répandre la culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix ; d’intervenir, dès que possible, pour arrêter l’effusion de sang innocent, et de mettre fin aux guerres, aux conflits, à la dégradation environnementale et au déclin culturel et moral que le monde vit actuellement. »…
