À l’occasion de l’Épiphanie fêtée le 6 janvier, le père Giuseppe Giau propose un éclairage sur le sens de cette fête.
« Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Cette question posée au roi est maladroite. Comment peut-on demander au roi où se trouve son successeur ? Elle pourrait sembler une provocation ; mais il fallait expliquer la raison de leur présence et du voyage.
Chacun de nous peut se retrouver dans un des personnages de ce texte évangélique. Nous pouvons penser d’être un des Rois Mages, ou peut-être Hérode.
Il y a des rois qui aiment bien vivre dans leurs châteaux, entourés de foules de serviteurs et admirateurs fidèles. Rois guidés par la terreur de perdre le pouvoir et voir quelqu’un d’autre s’asseoir sur leurs trônes. Voilà les « Hérode » d’aujourd’hui ! Quand on pense « il veut piquer ma place ! ». Loin de moi de me lever et aller vers la périphérie malfamée de Jérusalem. Loin de moi de laisser le trône sans surveillance pour aller voir à Bethléem celui qui va s’asseoir à ma place. Aujourd’hui, beaucoup traquent les démunis et suppriment les innocents, parce qu’on pense que parmi eux il y aura celui qui va s’asseoir à notre place.
Depuis des siècles il était prophétisé « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Plusieurs générations se sont suivies dans l’espérance de voir le Messie. Mais son arrivée provoque le trouble dans les « Hérode » et les « Jérusalem » de tous les temps.
Il y a aussi d’autre rois, capables de scruter les Signes des Temps. Rois qui cherchent, Rois qui ne craignent pas de perdre leurs trônes et qui marchent à la suite d’une étoile différente des autres, qui illumine le chemin. Une étoile difficile à suivre. Quelquefois, elle disparaît comme le signal de nos GPS, quand nous empruntons un tunnel. Nous aussi alors, comme nos GPS, commençons mille « re-calculs ». Nous sommes une foule désorientée : au contraire des Mages, nous n’avons pas d’Orient. Nous faisons confiance à mille étoiles qu’inévitablement deviennent filantes.
Si nous avions la grâce de pouvoir comprendre : « Vous scrutez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage ».
« Allez vous renseigner avec précision sur l’Enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant Lui. »
Combien de fois nous avons menti en cachant les véritables intentions de nos cœurs ? Combien de fois nous avons profité des autres pour réaliser nos projets criminels en cachant nos fautes ? Hérode ne bouge pas, malgré le peu de kilomètres à parcourir. Il ne veut pas risquer de quitter son trône. Il ne fait confiance à aucun de ses courtisans.
Cette année, une étoile s’arrête à Bordeaux, nouveau Bethléem, périphérie malfamée et angoissée.
Pour la naissance de Jésus, rien n’était préparé. Et cette fois aussi, Dieu veut naître dans une maison de fortune, parmi l’indifférence généralisée et l’éclat des lumières de Noël.
Allons-nous, nous préparer à l’accueillir, afin que sa Lumière brille dans nos cœurs, et dans ceux des enfants, en transmettant de la joie et de l’émerveillement ? Préparons-nous à aller à la rencontre des Rois Mages d’aujourd’hui, qui viennent transmettre de nouveau une Bonne Nouvelle : « son étoile brille aussi à l’Occident, allons à leur rencontre ». Puis, nous prosterner devant Lui et l’adorer, en accompagnant les Rois Mages jusqu’à l’église de la Trinité et écoutant le concert de voix chantant la joie de Noël, la venue de Dieu parmi nous.
