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Regards croisés sur la vocation presbytérale

Publié le 22 mai 2023
Joseph Legros et le Père Pierre Meunier

Quarente-deux années séparent Joseph Legros séminariste pour le diocèse, et le Père Pierre Meunier prêtre aîné. Nous sommes allés les rencontrer afin de les faire dialoguer sur la vocation. Occasion d’un échange chaleureux et amical entre ces deux serviteurs de Dieu.

Quelle est votre définition de la « vocation sacerdotale » ?

Père Meunier : « En tant que prêtre, la première vocation, c’est d’être témoin de cet absolu de Dieu. Un peu en reprenant les prophètes, Isaïe, Jérémie…, qui nous disent cette vocation de témoigner de la présence de Dieu envers et contre tout dans notre monde. D’abord moi, j’ai été attiré par cette réalité de pouvoir témoigner auprès des jeunes ou des adultes de cet appel de Dieu, de cette présence de Dieu. L’Église a connu des problèmes dans l’Histoire, elle connaît aussi beaucoup d’interrogations, beaucoup de turbulences, mais en même temps l’Église poursuit sa route, et on a sa place dans l’Église comme témoins. »

Joseph Legros : « Je suis édifié par les prêtres âgés qui sont restés fidèles malgré les turbulences dans l’Église des années 1970. On peut avoir cette tendance à critiquer l’Église de ces années-là pour une certaine vision, certaines actions mises en place, un rapport au monde. Mais ce que je vois surtout dans cette Église-là des années 70, c’est tous ceux qui sont restés fidèles, qui nous ont transmis la foi, qui nous l’ont apportée jusqu’à nous aujourd’hui, et c’est vrai que je suis plein de gratitude pour vous tous, tous ces prêtres qui nous avez transmis ce magnifique trésor et qui nous l’avez apporté jusqu’à aujourd’hui : MERCI. »

Père Meunier : « Je suis moi plein de gratitude vis a vis de la jeune génération parce que quand je compare, en 50 ans : je vois qu’il y a une déchristianisation qui ne fait qu’amplifier. C’est encore plus d’admiration vis a vis de vous car la situation n’est pas toujours facile. Je partage cette joie, et celle de l’Archevêque, c’est la réalité du catéchuménat des adolescents et adultes. Actuellement notre Église diocésaine et les églises en Europe ont la joie d’accueillir des centaines de catéchumènes. Et je dirais que personnellement en tant que curé les dernières joies que j’ai eues, ça a été d’accompagner des catéchumènes vers le baptême et vers la confirmation, ces deux démarches qui sont complémentaires. Et je trouve que c’est une des grandes joies de l’Église actuellement. Je trouve que c’est extraordinaire : malgré toutes les difficultés, malgré tous les a priori, malgré tout ce qui se passe dans notre monde et parfois dans l’Église autant d’adultes et autant d’adolescents désirent rencontrer le Christ et prendre la route du baptême et le chemin de la confirmation : je partage cette grande joie. »

Joseph : « C’est un appel. C’est Dieu qui nous appelle d’abord à être avec lui, il y a cet aspect fondamental d’être avec, pour être envoyé aux autres. Et en fait, je crois que cette vocation, comme l’a montré le Concile, c’est la vocation de tout chrétien, c’est la vocation baptismale, c’est la vocation à être Saint. C’est la vocation, comme me l’a rappelé le fameux Père Luigi [père italien de 75 ans qui m’a accompagné dans mon discernement en Afrique lors de ma mission humanitaire de 2 ans chez Fidesco], d’abord la vocation à la Sainteté, c’est être avec le Seigneur pour pouvoir rayonner autour de nous. Le Père Luigi me disait : « Joseph, là tu rentres chez toi, mais ta mission, elle, continue, parce que en fait ta mission, elle est là où tu es. » Et ça m’a beaucoup aidé pour ce retour en France après la mission. Et en fait il a vraiment raison : là où on est, dans ce qu’on a à faire, on a une vraie mission d’être témoins du Christ, et chacun avec une coloration particulière. »

Je crois beaucoup à l’importance de la vie sacramentelle, de pouvoir transmettre les sacrements. Dans mon histoire, le sacrement de la réconciliation a une place fondamentale, donnée par un prêtre. Je me sens appelé, je sens que le Seigneur m’appelle à, à mon tour, pouvoir le donner d’une manière particulière au peuple de Dieu, notamment à travers les sacrements, et aussi cette dimension missionnaire de pouvoir aller – comme dirait pape François – aux périphéries pour annoncer ce magnifique message de Salut qui est un message de bonheur. La vie avec Dieu – il y a toujours les difficultés, cela n’empêche pas – mais il y a le cœur qui est entré dans la joie et dans la paix avec le Seigneur. Et ça, notre monde en a tellement besoin, souffre d’un manque d’enracinement. C’est une grande joie pour moi de pouvoir être le témoin du Christ ressuscité qui veut donner la vie.

Je suis très touché de voir cette dimension de fidélité dans le partage du Père Meunier, pour moi c’est quelque chose qui me touche énormément, et ça me fait toucher du doigt quelque chose de la fidélité de Dieu. Dieu est fidèle, et ces ministres qui s’engagent à sa suite à travers les épreuves de l’Église – parce qu’il y en a – ça me touche profondément. »

Père Meunier : « Je voudrais partager cette Joie de te rencontrer mon cher Joseph, et je voudrais prendre – moi qui ne suis pas du tout sportif – une image de la course, et de la course de relais notamment. En rencontrant des jeunes prêtres, en rencontrant des séminaristes, j’ai vraiment conscience de vivre cette réalité. Ensemble, nous construisons l’Église, comme une grande famille, et les générations transmettent le relais les unes aux autres, je dirais, en partageant la Joie de la présence de Dieu, en partageant leur espérance, en partageant leurs questions tout simplement. Et je dirais que c’est à la fois très émouvant et très porteur d’espérance. Je remercie Joseph, et je remercie aussi tous les séminaristes que nous avons actuellement parce que pour moi, ancien maintenant, ça me donne beaucoup de joie, je me dis que le Seigneur continue à appeler, et le Seigneur continue à accompagner son Église. »

Entretien réalisé en mars 2023

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