Le 15 octobre dernier, la maison Familya de Talence ouvrait ses portes. Retrouvez l’homélie de Mgr James, présent pour l’inauguration.
Chers amis,
l’inauguration et la bénédiction de la maison Familya et de l’écosystème de la Sainte Famille se déroulent le jour de la Sainte Thérèse d’Avila. C’est un évènement spirituel et missionnaire : cet évènement nous rappelle la dignité de toute personne humaine et l’audace de la mission.
Oui, dignité de la personne humaine. On sait l’énergie dont Thérèse d’Avila était capable pour fonder les carmels et les réformer. C’était une redoutable femme d’affaires et en même temps une mystique ! Quel était le motif de l’action de Thérèse d’Avila ? Je la cite : « j’avais appris les malheurs de la France. Me voyant femme et misérable, dans l’impossibilité d’être utile au Seigneur comme je l’aurais voulu (…), je n’aspirais qu’à faire le tout petit peu qui dépendait de moi ». Les malheurs de la France, ce sont les guerres de religion : des gens se divisent jusqu’à s’entretuer. C’est aussi l’époque de la conquête des Amériques. Et on se demande si les incas, les aztèques et indiens d’Amérique ont une âme. Thérèse va développer un sens très grand de la dignité de la personne humaine, va mettre en valeur sa vie intérieure. « Il ne faut pas nous imaginer, écrit-elle, que nous sommes vides à l’intérieur de nous-mêmes ». Et elle va développer l’image du château intérieur et toutes ses demeures que le Roi vient visiter. Non seulement la personne humaine a une vie intérieure, mais elle est visitée par le Roi d’Amour, par l’Amour divin. Quelle actualité, chers amis pour vous qui donnez de votre temps aux familles, aux parents et aux enfants, aux couples. Vous aussi êtes d’abord habités par la beauté et la grandeur de la personne humaine, son intériorité, sa capacité à aimer, à s’engager, à fonder couple et familles, à s’appuyer sur la spiritualité conjugale. Vous êtes saisis par la beauté de l’Évangile de l’amour et de la vie, proposé à tous.
Et, comme Thérèse d’Avila, vous voyez les épreuves, les fragilités, les questions, les besoins d’aide des couples, des familles, des jeunes dans le domaine de la vie affective, relationnelle et sexuelle. Alors, comme Thérèse d’Avila, vous n’aspirez qu’à faire le tout petit peu qui dépend de vous. Le tout petit peu ? C’est trop modeste ! Quelle détermination il a fallu pour faire aboutir le projet de Maison Familya ! Le tout petit peu, c’est modeste, car c’est quoi ? Votre compétence professionnelle, votre temps, votre écoute, votre foi pour recevoir les personnes. Et vivre ce que le Pape François écrit dans Amoris laetitia : « Voilà pourquoi notre tâche pastorale la plus importante envers les familles est-elle de renforcer l’amour et d’aider à guérir les blessures » (n°246)
Tâche immense, cette mission reçue du Seigneur et de l’Église ! Je comprends alors le petit peu ! Petit peu remis à la puissance de l’Esprit Saint, notre défenseur, dit l’Évangile. Je crois que cette inauguration, cette bénédiction, sont un acte spirituel, de confiance dans l’Esprit Saint qui agit dans nos fragilités, nos faiblesses. Saint Paul dans la première lecture a de ce point de vue, des paroles d’une audace impressionnante : la force intérieure qu’il nous donne, l’énergie qu’il nous transmet, c’est la force et l’énergie qu’il a mis en œuvre pour ressusciter Jésus ! Et j’oserais désespérer ou me désoler de mes faiblesses ? On le sait : ici, dans la maison Familya, tout n’est pas encore au point le jour de l’inauguration, nous avançons avec nos limites, avec les incertitudes sur la fréquentation de cette maison. Mais nous faisons confiance à l’Esprit Saint, à la force du Seigneur ! L’Esprit Saint est notre défenseur, nous dit l’Évangile de saint Jean, mais notre défenseur contre qui ? contre les autres ? Parce qu’il n’est pas facile d’être chrétien aujourd’hui, de parler de l’Évangile de la vie et de l’amour ? Mais cela l’a-t-il été à une époque ? Thérèse d’Avila n’a pas eu la vie facile, elle non plus ! Je crois que l’Esprit Saint est surtout notre défenseur, contre nous-mêmes, notre tendance à être inquiets, à nous replier sur nous, à être défaitiste, à nous décourager. Car c’est Lui l’Esprit Saint qui met sur nos lèvres la parole ou le geste qui convient, c’est lui surtout qui nous fait nous souvenir de ce que le Seigneur a dit et fait, et dont nous avons été témoins. S’il vous plaît, que cette maison Familya, qui accueillera sûrement des personnes en difficultés, soit aussi la maison de l’action de grâce pour l’œuvre de Dieu dans les cœurs, dans les couples et les familles. Et cette action de grâce, nous la commençons le jour même de l’inauguration et de la bénédiction de la maison Familya, en célébrant l’Eucharistie. Amen
