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Cheminement en Carême, chemin d’alliance

Publié le 30 janvier 2024
Chemin au cœur de la nature

Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois de février 2024.

C’est l’année des Jeux Olympiques à Paris. Les sportifs s’y préparent. Et de manière très intense. Ils sont tendus vers les compétitions à venir. L’enjeu est important pour eux et leur équipe. Alors les sportifs font des choix. L’emploi du temps est modifié. Le mode de vie parfois. Ils renoncent à des activités. Ils se concentrent sur d’autres. Ils s’entraînent. Voilà ce qu’est le carême pour nous chrétiens : notre entraînement annuel ! Entraînement personnel, entraînement en fraternités, en équipes ! C’est aussi, cette année, le premier carême des paroisses nouvelles. Un entraînement en vue de quoi ? Pour quoi ? Pour l’alliance ! Ce mot m’est suggéré par les premières lectures des messes des dimanches de ce carême. Dieu veut faire alliance avec tous. Alliance avec Noé, avec Abraham, avec le Peuple élu ; nouvelle alliance annoncée par les prophètes, et scellée dans le Christ. Alliance libre, définitive, féconde et fidèle.

Le jeudi après les cendres, Dieu par Moïse nous appelle : « Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu… » (Dt 30, 19). Le Seigneur veut faire alliance avec nous et il désire la réponse libre de personnes libres. Les catéchumènes, adultes et jeunes, vivent un entraînement intense avant le oui libre de la vigile pascale. C’est la première caractéristique de l’alliance : la liberté. Nous l’entendons du Christ Jésus : « au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion… » Pour marcher sur la route de l’alliance avec le Christ, suis-je libre ? Suis-je vraiment libre ? Le sportif renonce à ce qui nuit à sa performance, ce qui ralentit sa course, ce qui freine ses capacités. Quelles chaînes, ou quel fil à la patte me retient ? Il y a bien des formes de chaînes : l’argent peut fermer les mains et le cœur de celui qui en est esclave ; le plaisir aliène celui qui passe son temps à le rechercher ; l’idéologie peut empêcher d’accueillir la pensée de l’autre ; le travail peut devenir une idole à laquelle on est prêt à tout sacrifier. C’est le jour où la personne prend conscience qu’elle est enchaînée, aliénée, qu’elle peut crier : libère-moi Seigneur ! Au cours du carême, le Christ nous libère. Il peut nous offrir la liberté parce que lui-même est un homme libre. Il est venu donner le témoignage de l’Amour jusqu’au bout, or il ne peut y avoir d’amour véritable sans liberté. Le Christ Jésus nous libère. Il se présente à nous parfois sous les traits d’un proche, d’un ami, d’un visiteur qui est là, prêt à nous aider. Le Sauveur ne nous sauve pas malgré nous, il nous tend la main. Faut-il encore que nous la saisissions, pour grandir dans l’alliance avec lui.

Puis vient le premier dimanche de carême et l’évocation de l’alliance avec Noé. « Dieu voit que la méchanceté de l’Homme est grande sur la terre » (Gn 6,5). Pas besoin de beaucoup d’imagination pour actualiser le texte ! Parcourons l’actualité internationale et nommons les zones de conflits. Regardons la page des faits divers de nos journaux ! Le rédacteur de la Bible continue : « le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme… ». Comme si Dieu hésitait : devant sa création abîmée, doit-il tout détruire et recommencer à zéro ? Il choisit autre chose : non, Il ne détruit pas tout ; Il fait alliance, avec un signe qui la scelle : l’arc en ciel, trait d’union entre le ciel et la terre. C’est une alliance définitive, éternelle « entre Dieu et tout être vivant qui est sur la terre » (Gn 9, 16). Dieu englobe tout notre environnement. Le Seigneur s’engage définitivement. Il nous demande de nous engager à faire du définitif avec Lui. À quel signe reconnaissons-nous aujourd’hui, cette alliance définitive du Seigneur avec nous ? Avec notre Église ? Avec notre monde ? Ces signes nous encouragent sur la route de l’alliance. Comme pour le sportif : les signes de ses capacités stimulent ses efforts !

Ensuite vient le deuxième dimanche, l’alliance de Dieu avec Abraham et sa promesse d’une descendance nombreuse. L’alliance avec Dieu est féconde ; elle est pour la vie !  Tous, nous sommes faits pour donner la vie. Des parents donnent charnellement la vie : ils accueillent et ils éduquent leurs enfants. Mais la fécondité n’est pas seulement charnelle. Très tôt dans l’histoire de l’Église, les chrétiens se distinguent par le souci qu’ils portent des personnes en difficultés. Et ils inventent, ils créent, ils suscitent des institutions : écoles, hôpitaux, aides sociales aux familles et aux jeunes, ouverture aux autres pays par le souci de la solidarité et de la justice. Dans notre 21ème siècle, la créativité des paroisses, de l’Église en France est bien réelle. À besoins nouveaux, initiatives nouvelles. Qu’est-ce qui est porteur de vie dans nos paroisses nouvelles ?  Car le Dieu de l’Alliance veut toujours relever, remettre debout, donner la vie. Et les 10 paroles de vie qu’Il nous propose le troisième dimanche sur la route de l’alliance, guident nos actions, un peu comme l’entraîneur sait orienter les efforts du sportif avant et pendant la compétition. 

Enfin, l’alliance de Dieu avec l’humanité est fidèle, malgré les infidélités du peuple élu. Ce sont les premières lectures des quatrième et cinquième dimanches de carême. Comment reconnaissons-nous cette fidélité de Dieu à notre égard ? Arrêtons-nous un instant pour en reconnaitre les traces dans nos vies personnelles ou familiales.  Et quand nous avons rompu l’alliance, quel désir de nous réconcilier avec Dieu ?  Lors d’une des périodes noires du Peuple élu, l’exil à Babylone, Dieu annonce une alliance nouvelle. Il révèle sa tendresse, son amour qui est de toujours à toujours. Comment renouer l’alliance avec celui qui nous aime et avec nos frères ? Nous sommes tristes de nos rancœurs, des ratés de nos vies, des violences cachées, de paroles critiques ou ironiques. Quand le sportif chute, fait des contre-performances, et ça arrive même aux plus grands, il ne reste pas à terre, il se relève et repart.  Acceptons-nous de renouer l’Alliance, en accueillant, du Seigneur, son pardon, sa vie dans le sacrement de réconciliation ? Au fond de nos cœurs, il y a une soif de paix intérieure, de vérité sur nos vies, de réconciliation avec des proches, entre groupes d’une même paroisse. Quelle chance alors, ce temps d’entraînement du carême pour renouer l’alliance avec le Dieu fidèle ! Ainsi nous nous préparons à Pâques, à vivre d’une manière renouvelée, la Pâque du Christ, alliance nouvelle et éternelle, entre Dieu et l’humanité. Bon entraînement à tous !

+Jean-Paul James

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