Retrouvez l’homélie de Mgr James prononcée à l’occasion de la fête de la Saint-André 2023 durant laquelle les 57 paroisses nouvelles du diocèse ont été promulguées.
Grâce à la fête de St André, au début de la vie des paroisses nouvelles, nous entendons l’appel des premiers disciples, Bonne Nouvelle qui a guidé, qui guide et guidera les chrétiens de Gironde et leurs paroisses. Cet Évangile est bref, dense, sans états d’âme. C’est le projet pastoral missionnaire premier. Il nous parle de mer, de barque et de grâce.
Oui, de mer, l’appel de Saint André se déroule au bord de la mer. Ce n’est pas la région de Jésus. Mais, pour les premiers appels, Jésus choisit un bord de mer. La mer, c’est le voyage, l’annonce des voyages de ces hommes qui vont partir en Grèce comme Saint André, à Éphèse, à Rome et ailleurs, et leurs successeurs sur les bords de la Garonne. André, notre saint patron est un voyageur au long cours. Après avoir suivi Jésus dans la Galilée des nations, il vit la même chose sur les bords de la Méditerranée. Car la famille nouvelle dont il fait partie et nous avec lui, cette paroisse nouvelle « est ouverte à tous et au service de tous »1 . André va y refaire les gestes de Jésus : Il écoute et il prie, il enseigne et il exhorte, il guérit et il relève, rapportent les chroniqueurs. Comme Jésus ! Car la parole de Jésus est gravée dans son cœur : « venez à ma suite ! » Chers amis, dans le monde de la post-modernité que décrivait le philosophe à nous prêtres la semaine dernière, dans le monde de l’intelligence artificielle, des déchets plastiques ou des guerres sans fin, des gens s’interrogent, tels ces jeunes au dernier salon du bien-être à Bordeaux fréquentant les devins et les voyantes, jeunes un peu perdus et cherchant du sens à leurs vies. Et disciples de Jésus, nous nous tairions ? Paroisses nouvelles porteuses d’un message très actuel, au bord des immenses océans de l’internet ou de l’irrationnel, merci de vivre l’Évangile et de proclamer la Bonne Nouvelle : l’appel du Christ rend libre, donne sens à une vie, est au service de la paix. Pour cela, une seule condition : non pas seulement avoir des idées et des programmes, mais « avoir Jésus dans le cœur ! » (Charles de Foucauld), Jésus écouté, prié, fréquenté, rencontré, aimé ! Et il y en a, jeunes ou adultes qui ont Jésus dans le cœur : vous tous engagés dans les paroisses, mouvements, services, écoles, aumôneries du diocèse ! Vous tous, présents ce soir, à la fin d’une journée de travail après avoir fait des kilomètres parfois pour être là ! Merci pour ce geste !
La mer, la barque ! il y a la première, celle de Simon et d’André. Notre saint patron André s’efface devant son frère, on l’appelle la barque de Pierre, notre Église. Comment la voyons-nous cette barque ? Lors du congrès Kerygma à Lourdes, le Cardinal Bustillo interrogeait notre vision de l’Église, de notre paroisse. Cette barque, comment la voyez-vous ? Est-ce le Titanic ou le radeau de la méduse, un bateau qui coule et nous avec ? Est-ce un de ces paquebots de croisière qui accostent à Bordeaux où il n’y a que du plaisir à bord ? Est-ce un porte-avion nucléaire : dans ce monde menaçant et hostile, il faut être prêt à riposter ? A nous de continuer l’image. Car, membres des EAP, nous portons les joies et les inquiétudes des paroissiens. De mon côté, je préfère contempler l’humble barque de la mer de Galilée, lieu du premier appel. Elle nous rappelle quelques points essentiels2 : sur les bords du lac de Tibériade, la barque est commune à Simon et André ; et pour la guider, les membres coordonnent leurs mouvements, sinon tout le monde est en danger. Les outils de travail sont communs, le bateau et les filets ; le produit de la pêche, est propriété commune. Dit autrement, dans l’Église, la barque de Pierre, nous dépendons les uns des autres ! Voilà ce dont témoignent les EAP dans les paroisses nouvelles ! Ces paroisses nous les portons ensemble, laïcs et consacrés, familles et célibataires, jeunes et personnes âgées, ministres ordonnés, évêques diacres et prêtres si indispensables ! Et chacun est soucieux, non de son bien propre mais du bien de tous. Ainsi grandissent l’harmonie, l’unité. Merci, chers amis de faire des paroisses, « les maisons et écoles de la communion »3 dans la différence de nos vocations.
« Et je vous ferai pêcheurs d’hommes », conclut Jésus. On retient le jeu de mot : de pêcheurs à pêcheurs d’hommes. C’est vrai : il y a parfois une continuité entre notre mission professionnelle et notre mission paroissiale : dans la paroisse, ils sont précieux, les paroissiens informaticiens, comptables, enseignants, menuisiers, musiciens ou chanteurs, etc.. Ils apportent leurs compétences ! Mais encore ? Pêcheurs d’hommes, c’est-à-dire repêcher ceux qui se noient, remettre debout en aidant matériellement, relever du désespoir en sortant de l’isolement : la voilà la diaconie de l’Église que nous allons fêter en Juin ! Sans oublier ceux qui préparent aux baptêmes ou au sacrement des malades : eux aussi sont pêcheurs d’hommes. Je répète : avez-vous remarqué le choix de Jésus ? Quatre marins-pêcheurs au moins dans le groupe des douze et pas de charpentiers ou d’agriculteurs.. Bien sûr, dans les paraboles, Jésus évoquera tant d’autres métiers. Mais dans le groupe des 12, les pêcheurs sont nombreux, pourquoi ? C’est dit dans l’Évangile ; ils font une expérience radicale : On a beau avoir peiné toute la nuit, on peut revenir les filets vides au port, et le lendemain, les filets, avec jésus, pleins à craquer. Plus que d’autres, les pêcheurs savent goûter un moment de grâce. Saint André se savait fragile et faible, comme ce petit enfant qu’il voit au milieu de la foule affamée, avec ses cinq pains et ses deux poissons (cf Jean 6). Et Jésus fait le reste ! C’est Jésus qui agit, c’est Dieu qui est à l’œuvre Nos saints patrons en témoignent. Oui nous sommes les paroisses de la grâce, de la grâce eucharistique, « des communautés eucharistiques »4 . L’amour, la vie, la force de Dieu sont données à nos paroisses. Alors, en route, bon vent et, pour ce moment de grâce, louons le Seigneur et bénissons-le pour notre beau diocèse de Bordeaux ! Amen.
[1] St Jean-Paul christi fidèles laici, n°27
[2] Cf Père David-Marc d’Hamonville, Marc l’histoire d’un choc
[3] St Jean-Paul II, christi fidèles laici, n°26
[4] St Jean-Paul II, christi fidèles laici, n°26
