Les deux prochains événements

Fermer la recherche

Homélie de Mgr James pour la messe d’action de grâce pour le pape Benoît XVI

Publié le 4 janvier 2023
Portrait du pape Benoit XVI au sein de la cathédrale de Bordeaux

Mercredi 4 janvier 2023 à la cathédrale Saint-André, tout le diocèse rendait hommage au pape émérite Benoît XVI décédé le 31 décembre 2022 à l’âge de 95 ans. Retrouvez l’homélie de Mgr James.

Benoît XVI conclut son testament spirituel en demandant de prier pour lui. À la prière qu’il nous demande, nous ajoutons, ce soir,  l’action de grâce. Nous ne sommes pas là, en effet pour faire un bilan. Ni un panégyrique. Mais, à la lumière de la Parole de Dieu, nous retenons quelques aspects du ministère de Benoît XVI qui éclairent notre mission et celle de l’Église aujourd’hui :  le témoignage du croyant, l’enseignement lumineux du théologien, et son ministère d’unité.

Oui, d’abord le témoignage du croyant. Un croyant dont la première caractéristique a été l’écoute de la Parole de Dieu et son commentaire. La première lecture proclame :  « Ainsi parle le Seigneur Dieu : voici que moi-même je m’occuperai de mes brebis ». Je trouve un commentaire de cette seule phrase du livre d’Ézéchiel dans l’homélie de sa messe d’installation : « Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l’Église, de me mettre à l’écoute de la parole, de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par Lui ». En effet, c’est Lui Jésus le Bon Pasteur, le vrai Berger. Le pape, lui, est « l’humble ouvrier à la vigne du Seigneur » (Benoît XVI). Simple formule ? Non ! Conviction profonde ! Il le montre pendant ses huit années comme successeur de Pierre. Benoît XVI n’utilise ni son intelligence brillante, ni son érudition, ni ses talents pédagogiques, pour écraser, dominer ou contraindre. Il est l’humble ouvrier :  C’est vers le Christ qu’il veut conduire par ses homélies, ses textes ou ses enseignements. Il est l’humble serviteur qui fait confiance en Celui qui l’appelle à une tâche qu’il ne désirait pas. Du début à la fin du pontificat, ce sera toujours la même attitude ; il veut laisser place au Christ Jésus. Se rendant dans toutes les parties du monde, alors qu’on annonce parfois des opinions publiques hostiles, Benoît XVI veut que l’on comprenne bien par son attitude que c’est le Christ qui veut rencontrer l’humanité d’aujourd’hui. Et des gestes accompagnent ses paroles : à la fin des homélies papales, plus d’applaudissements, mais un silence pour méditer la Parole de Dieu. Lors des JMJ, pendant la veillée avec lui, les longs temps de silence devant le Saint Sacrement exposé. Benoît XVI s’efface devant son Seigneur. Il se retire même en 2013. Mesurant son extrême fatigue, il ne déserte pas, il ne fuit pas. Mais, après avoir discerné, il se retire courageusement pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse. Il fait confiance au Seigneur qui guide son Église. Et dans son monastère, il peut couler sa prière dans celle du Christ.

Témoin de la foi chrétienne, c’est aussi un théologien lumineux ! Par ses homélies, ses conférences ou ses encycliques, Benoît XVI nourrit notre intelligence de croyants. Il nous invite à croiser, sans cesse, les lumières de la raison et celles venant de la foi pour échapper à tout fanatisme, fondamentalisme ou aveuglement idéologique. Et, à la suite des apôtres, les saints Philippe et André qui entendent quelques grecs présents (c’est l’Évangile proclamé il y a un instant), lui Benoît XVI se met à l’écoute et nous invite à nous mettre à l’écoute des autres cultures et à dialoguer. Benoît XVI, théologien, enseignant, dans des discours parfois très denses, avec la même voix très douce, propose aux hommes raisonnables la question de Dieu. Faut-il rappeler le grand discours qu’il tient au collège des bernardins lors de son voyage à Paris, devant les intellectuels, scientifiques, artistes. « Une culture purement positiviste qui renverrait dans le domaine subjectif comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme. Chercher Dieu et se laisser trouver par lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé ». À son retour de Prague, il invite à développer des « parvis des gentils », c’est à dire des lieux de dialogue entre croyants et hommes de culture… Grâce à cet enseignement, nous mesurons mieux que l’annonce de l’Évangile dans une société sécularisée repose simultanément et de manière indissociable sur un dialogue culturel et sur un témoignage de vie.

Ce témoignage de vie a été un des thèmes repris tant de fois par Benoît XVI, en particulier dans son encyclique « Deus caritas est ». Il appelle toujours les disciples du Christ à mettre en œuvre un élément constitutif de la foi qu’est l’amour du frère. Sans cela, la foi est incomplète. Amour du frère ou pour reprendre l’image d’Ézéchiel, dans la première lecture, souci de la brebis blessée ou malade. Benoît XVI encourage la diaconie de l’Église. Évêque de l’Église de Rome qui « préside à la charité », Benoît XVI a aussi le souci de la communion et a voulu servir l’unité, non seulement dans le monde catholique, mais aussi avec les autres confessions chrétiennes ou les autres religions. Serviteur de « l’amour dans la vérité », il dénonce, avec  courage les scandales dans l’Église qui ont défiguré des enfants, des adultes.  « L’amour dans la vérité, écrivait-il est la force du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière ». Oui, successeur de Pierre, Benoît XVI nous a affermis dans la foi.  Alors, j’écoute, dans son testament spirituel, avec encore plus d’attention, son appel, son ultime message : « restez fermes dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! ». Oui, rendons grâce pour Benoît XVI, confions au Dieu qui est Amour, son successeur le pape François et notre Église. Retenant le témoignage de Benoît XVI, que nous mettions tous « le Christ au centre de notre vie ».  Amen

« * » indique les champs nécessaires

Hidden
Hidden