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Homélie de Mgr James pour la fête de la Toussaint 2023

Publié le 1 novembre 2023
Mgr James, archevêque du diocèse de Bordeaux pendant son homélie

Le mercredi 1er novembre 2023, Mgr Jean-Paul James, archevêque du diocèse de Bordeaux était à la cathédrale Saint-André pour célébrer la fête de la Toussaint.

Cette année, la Toussaint parait bien triste ! Comme le temps ! Toussaint assombrie par le drame des guerres en Terre Sainte et en Ukraine. Alors la Toussaint dans ce contexte, une fête ? D’ailleurs, les saints sont-ils si importants pour notre foi ? Notre présence dans la cathédrale est une réponse. Sans hésiter nous répondons oui. Les saints regardent l’avenir ; ils sont des interprètes de l’œuvre de Dieu, du Prince de la paix.

Oui, les saints regardent l’avenir. En fêtant la Toussaint, nous ne sommes pas là pour cultiver la nostalgie en pensant à l’Église des saints d’hier ; nous ne sommes pas pour entretenir les remords en pensant à nos défunts, ceux dont l’absence nous manque. En effet, avez-vous entendu saint Jean dans la première lecture : « Moi, Jean, j’ai vu un ange se lever du côté où le soleil se lève » ; du côté où le soleil se lève et non pas du côté où il se couche ; en célébrant la Toussaint l’Église ne se tourne pas vers le passé, mais vers l’avenir ! Bien sûr, il y a les 144 000 élus, prophètes, rois, consacré(e)s de notre longue histoire. Mais il y a surtout la foule immense qui les suit, nous tous ! Tous, nous sommes appelés à rejoindre la foule des saints ! Et en les rejoignant à transformer notre monde ; et à marcher vers notre avenir : Il est en Dieu. Heureux sommes-nous ! « Nous sommes enfants de Dieu », voulus et aimés par Lui, nous dit saint Jean. Et il ajoute : « et nous lui serons semblables ». Par lui, en Lui, nous sommes appelés à revêtir la lumière, l’amour, la vie et à les répandre aujourd’hui et demain. C’est cela marcher vers la sainteté, et par là apporter un peu plus d’amour à notre monde ! La Toussaint nous pousse en avant : quel petit pas de plus allons-nous faire sur ce chemin joyeux vers la sainteté ?  

Mais au fond qu’est-ce qu’être saint ? Pour le comprendre, faisons un détour et parlons musique. Nous aimons la musique. Nous écoutons avec joie organistes et chanteurs de la maîtrise. Ils nous font connaitre les grandes œuvres de la musique sacrée, de Monteverdi à Francis Poulenc, en passant par Bach et Mozart. Car nous ne savons pas tous lire une partition musicale. Nous avons besoin d’interprètes qui déchiffrent une œuvre et entrent dans l’intimité de l’auteur. C’est encore plus vrai pour l’œuvre de Dieu ! Les saints entrent dans l’intimité de l’auteur de toutes choses et interprètent Son œuvre. Ils veulent pour ce monde la paix de Dieu, la vie de Dieu, l’amour de Dieu.  Ils veulent interpréter son œuvre à Lui Dieu.  Alors, ils sont affectés de toutes les mauvaises interprétations, les fausses notes et les ratés. Ils souffrent du manque d’harmonie dans le monde. Leur cœur est brisé devant l’injustice ou le mensonge.  Mais ils sont tout sauf des résignés, des fatalistes. Alors, comme tant d’artistes, ils reprennent l’ouvrage. Dans ces temps difficiles, retenons les interprètes bienheureux au cœur brûlé d’amour, interprètes de l’œuvre de Dieu. Ils sont parmi nos voisins ou nos amis !  C’est la grand-mère ou l’ancien collègue de travail qui ont cherché à vivre ces béatitudes, dans l’ordinaire des jours, des hommes et des femmes en chair et en os, au visage rayonnant… Ces saints nous encouragent, nous stimulent : ils révèlent l’œuvre de Dieu.

Mais voilà, devant la violence en Terre Sainte, en Ukraine ou parfois ici, nous nous sentons comme impuissants, tétanisés. Que se passe-t-il ? Plus que cela, devant ces drames, nous sentons que nous pourrions partir sur la mauvaise pente, celle de la haine, de la vengeance. À d’autres époques et dans d’autres cultures, qu’ont fait ces saints, affrontés à la violence ? Je pense à saint Maximilien Kolbe en camp de concentration devant ses bourreaux prenant la place d’un père de famille. Maximilien révèle la bonté de l’humain en luttant contre toutes les formes d’inhumanité.  Pour cela, il a commencé par accueillir la douceur, la paix divines en lui. Dit autrement : les saints n’ont pas serré les dents, pensant qu’ils y arriveraient à la force de leur poignet. Ils s’en savaient incapables ! Les saints ne sont pas des héros ; ce sont d’abord des enfants de Dieu qui croient que le Seigneur peut leur donner Sa Force, qui savent que déjà, par sa croix, le Prince de la paix a remporté la victoire. C’est ce que rappelle, dans une très belle lettre, le patriarche de Jérusalem aux chrétiens de Terre Sainte.  Après avoir dit sa détresse devant le mal provoqué par les terroristes, la violence qui se déchaine sur le territoire de Gaza et les morts nombreuses que cela entraîne, il conclut : « C’est sur la croix que Jésus a gagné. Pas par les armes, pas par le pouvoir politique, pas par les grands moyens, pas en s’imposant. La paix dont il parle n’a rien à voir avec la victoire sur l’autre. Il a gagné le monde en l’aimant ». Que le Christ Jésus le Prince de la Paix, fasse de nous des artisans de Sa paix. Et que tous les saints du ciel, interprètes de son œuvre, intercèdent pour nous Amen.

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