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Être saint aujourd’hui

Publié le 1 mai 2023
Icône représentant le Christ est ses apôtres

Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois de mai 2023.

Entre Pâques et Pentecôte, des équipes d’animation pastorale (EAP) rédigent des projets missionnaires : elles ont besoin de l’Esprit-Saint pour discerner les priorités. Pour être fidèles à l’Évangile, les paroisses, les diocèses éprouvés après les scandales qui s’y sont déroulés, ont besoin de l’Esprit de sainteté.  C’est la grâce de Pentecôte : L’Esprit-Saint comme un « violent coup de vent » remplit « la maison tout entière » (cf Ac 2, 2). Des pécheurs que nous sommes, l’Esprit de sainteté veut faire des saints. Des confirmands vont recevoir ce don. Des confirmés demandent au Seigneur de le réveiller en eux. Nous invitant à considérer l’appel à la sainteté dans ce monde actuel, le pape François suggère dans sa lettre « soyez dans la joie et l’allégresse », cinq caractéristiques de cette sainteté pour aujourd’hui. Je les propose à notre diocèse.

1-L’endurance, la patience, la douceur

Il ne va pas de soi d’être chrétiens aujourd’hui ! Nous connaissons la sécularisation, un climat social tendu, des guerres.  Dans notre culture, peut-être à cause de tout cela, se manifeste une « anxiété nerveuse et violente qui nous disperse et nous affaiblit » (n°111). Dans ce contexte, quelle première caractéristique de la sainteté ? Le saint oriente sa vie sur le Seigneur. Nos aînés dans la foi en témoignent. C’est ainsi que « pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26). Ils reçoivent de leurs voisins païens, le nom de chrétiens ! Pour leur entourage, le témoignage des premiers chrétiens est assez clair : ils sont des disciples du Christ. Le Christ est leur roc, leur référence, leur force. Alors, « grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts… Grâce à cette force intérieure, le témoignage de sainteté dans ce monde pressé, changeant et agressif, est fait de patience et de constance dans le bien » (n°112). Et nous poursuivons l’annonce de l’Évangile par le dialogue avec notre entourage. Dans ce dialogue, le saint Pape Paul VI invite les chrétiens à la douceur, « celle que le Christ nous propose d’apprendre de lui-même : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29) ; le dialogue n’est pas orgueilleux ; il n’est pas piquant ; il n’est pas offensant. Son autorité lui vient de l’intérieur, de la vérité qu’il expose, de la charité qu’il répand, de l’exemple qu’il propose; il n’est pas commandement et ne procède pas de façon impérieuse. Il est pacifique ; il évite les manières violentes ; il est patient, il est généreux » [1]. Voilà une belle caractéristique de la sainteté pour aujourd’hui !

2-La joie et le sens de l’humour.

Tant de fois, le Pape François insiste sur la joie chrétienne au milieu de personnes qui, souvent cultivent « la négativité et la tristesse ». Avant Pentecôte, les apôtres étaient repliés, apeurés, tout tristes ; le jour de Pentecôte, on les croit « pleins de vin doux ! » (Ac 2, 13). La joie s’exprime, y compris dans les situations difficiles : « quant à eux, quittant le conseil suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus » (Ac 5, 41). « Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance » (n°122). Cette joie évangélique est souvent « une conséquence de la charité » (saint Thomas d’Aquin). Rappelons-nous Notre-Dame, le jour de la visitation, allant rendre service à sa cousine.  

3-Audace et ferveur.

La grande tentation dont nous libère l’Esprit-Saint, c’est la tentation du repli sur soi, du repli de nos familles, de nos communautés sur elles-mêmes. C’est la tentation de Babel : se calfeutrer dans une tour ! C’est la tentation de Jonas refusant la mission de se rendre à Ninive ! Ces tentations sont vaincues par l’Esprit-Saint, l’Esprit reçu à notre confirmation. Le vendredi saint, Simon Pierre n’ose pas reconnaitre devant la servante, qu’il est lié au Christ. Le jour de Pentecôte, il prend la parole avec assurance. Cette année en Gironde, de nombreux adultes ont été baptisés. Dans leur lettre, ils évoquent l’ami qui a osé faire cadeau d’un Évangile, la grand-mère qui a osé répondre aux questions sur sa foi, le futur conjoint qui a osé inviter à participer à une eucharistie. Et à ceux-là, j’ajoute les croyants audacieux de notre diocèse : Jeanne de Lestonnac ose non seulement proposer une éducation aux jeunes filles, mais elle lance une sorte de péréquation pour permettre l’éducation des plus défavorisées. Et l’audace du père Noailles et des premières sœurs de la Sainte-Famille qui viennent en aide aux plus pauvres du quartier Sainte-Eulalie ! « Les saints surprennent, dérangent parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante » (n°138). « Dieu nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie. Dieu n’a pas peur ! Il n’a pas peur ! » (n°135).

4-En communauté,

Cette année, nous fêtons Louis Martin né à Bordeaux, baptisé à Sainte-Eulalie. Le couple qu’il a formé avec Zélie a été canonisé. Nous avons vécu aussi la béatification des moines de Tibhirine. Des familles, des communautés reflètent la Sainteté du Christ. « Partager la Parole et célébrer ensemble l’Eucharistie fait davantage de nous des frères et nous convertit progressivement en communauté sainte et missionnaire » (n°142). C’est l’enjeu des paroisses nouvelles du diocèse ; elles vont se donner un nom et se mettre sous le patronage d’un saint pour avancer ensemble vers la sainteté. Contre l’isolement, drame de tant de nos voisins : la communion fraternelle, les fraternités de quartier, les équipes de mouvements.  Contre les corporatismes, le souci du bien commun. « À l’opposé de la tendance à l’individualisme consumériste qui finit par nous isoler dans la quête du bien-être en marge des autres, notre chemin de sanctification ne peut se lasser de nous identifier à ce désir de Jésus : « que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi » (Jn 17, 21) » (n°146).

5-En prière constante.

Enfin, dernière caractéristique pour notre chemin de sainteté aujourd’hui :  « Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière, qui a besoin de communiquer avec Dieu » (n°147). Tant de personnes nous parlent de besoins de méditation. À nous d’évangéliser ce besoin ! En méditant, en priant, nous ne cherchons pas à faire le vide, ou à nous évader du monde. Habités par l’Esprit, nous cherchons à rencontrer le Christ ressuscité : « Y a-t-il des moments où tu te mets en sa présence en silence, où tu restes avec lui sans hâte, et tu te laisses regarder par lui ? Est-ce que tu laisses son feu embraser ton cœur ? « (n°151). Beau chemin de sainteté parcouru ensemble, dans la diversité de nos missions et de nos vocations : cette année, que l’Esprit-Saint, comme un violent coup de vent, remplisse le diocèse de Bordeaux.                                                                            

+Jean-Paul James

[1] St Paul VI, « Ecclesiam suam », 1964, n°83

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