Message de Mgr James adressé aux catholiques du diocèse de Bordeaux.
Depuis l’annonce des nouvelles concernant Mgr Ricard, le diocèse de Bordeaux est bouleversé. Après la publication d’un communiqué, j’ai rencontré les prêtres, diacres et les personnes laïques ayant une responsabilité dans le diocèse. Je reçois lettres et mails. Les uns et les autres expriment leurs colères, leurs déceptions, leurs lassitudes. Certains parlent de trahison, d’une confiance impossible à redonner. Ces réactions sont tellement légitimes quand nous pensons, quand nous portons dans notre cœur, l’épreuve terrible vécue par les personnes victimes. Parfois, nous n’avons qu’une prière : Seigneur, pourquoi ? C’est un cri, un cri de détresse, un cri vers Dieu, un cri important.
D’autres aussi écrivent pour dire leur attachement à l’Évangile du Christ, leur volonté de servir notre diocèse et leur amour pour l’Église. Ces témoignages de foi que nous partageons, sont un soutien pour nous tous dans l’épreuve. Je vous remercie pour les encouragements, les paroles de foi que nous faisons circuler entre nous, dans nos groupes et équipes. Ces attitudes nous font tenir bon au milieu des épreuves. Je pense à vous tous qui êtes engagés dans les paroisses, les mouvements ou services de notre diocèse : je vous remercie de persévérer dans ces engagements. Une parole du Christ à Saint Pierre, juste avant la passion m’anime : « j’ai prié pour TOI, afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22, 32). TOI, chrétien du diocèse de Bordeaux, TOI diocèse tout entier. Nous sommes portés, les uns et les autres, par la prière du Christ.
Oui, l’épreuve est grande, très grande pour vous et moi. Je veux vous redire la détermination des évêques et donc la mienne pour faire advenir la lumière sur ces affaires ténébreuses. Le chemin de vie et de vérité est long. Des repères nous ont été donnés pour le parcourir : ce sont l’Évangile du Christ et les sacrements. Plus spécifiquement, ce sont les mesures votées par la Conférence des évêques de France après le rapport de la CIASE. Nous cherchons à les mettre en œuvre, avec, hélas, des erreurs et des dysfonctionnements comme cela a été dit à Lourdes. Et nous en demandons pardon. Les avancées peuvent paraître bien lentes à certains. De nouveaux faits nous sont révélés, de nouvelles informations nous sont communiquées : elles donnent l’impression à plusieurs que « ce n’est jamais fini ». En effet, nous ne sommes pas au bout de notre marche sur le chemin de la vérité et de la vie. L’Évangile de ce dimanche évoque les tremblements de terre, les destructions, les épreuves que nous traversons sur ce chemin. C’est bien cela que nous vivons. Nous nous attachons alors, encore davantage à ce que Lui le Christ nous dit pour ces moments-là : « c’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »
(Lc 21, 19).
Notre Église est née d’une crise majeure : le seul Innocent, le Christ Jésus, a été condamné à mort, ses disciples ont pris la fuite, Pierre a renié, Judas a trahi. Quelques jours après, le Christ ressuscité se rend présent parmi eux et, dans la puissance de l’Esprit-Saint, les envoie en mission. Nous faisons partie de ce groupe aujourd’hui. Nous sommes attachés au Christ Jésus ressuscité, nous voulons accueillir son Esprit de Force et de Lumière. Nous nous soutenons dans la communion fraternelle. Et nous avançons résolument sur le chemin de la Lumière, de la Vérité et de la Vie du Christ.
Je vous redis à tous ma fraternelle affection.
+Jean-Paul James
Archevêque du diocèse de Bordeaux