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À la rencontre de Joseph et Paul, futurs prêtres du diocèse

Publié le 3 mai 2023
Joseph Legros et Paul Auriat

Six séminaristes du diocèse de Bordeaux se préparent à devenir prêtres. Découvrez deux d’entre eux, Joseph Legros et Paul Auriat qui seront ordonnés diacres en vue du ministère presbytéral en juin 2023.

Quel a été votre parcours avant votre entrée au séminaire ?

Joseph : Après la troisième, j’ai fait un CAP de charpente chez les compagnons. J’ai poursuivi avec un bac pro, un BTS et une école d’ingénieur en construction bois. À 23 ans, en dernière année d’ingénieur, j’ai fait une expérience spirituelle forte de la Miséricorde de Dieu lors d’une confession. C’était au cours d’une session de discernement pour partir en mission humanitaire avec FIDESCO, une ONG de la Communauté de l’Emmanuel. J’ai travaillé un an comme ingénieur, puis je suis parti deux ans avec FIDESCO comme formateur de menuiserie en Zambie. La deuxième année de mission, j’ai été interpellé par un autre volontaire sur la question de la vocation. J’ai confié cela au Seigneur dans la prière, et à ce moment-là, j’ai connecté avec le désir intérieur profond qui m’habitait de devenir prêtre, désir dont je n’étais pas conscient jusqu’à là. L’accompagnement par un prêtre a été précieux pour moi à ce moment-là. À mon retour en France, j’ai travaillé pendant une petite année, d’abord à la ferme familiale en Ardèche d’où je viens, puis en fondant une microentreprise en charpente. En parallèle, j’ai discerné ma vocation avec un cycle sur des weekends proposés par la Communauté de l’Emmanuel, et avec un autre cycle proposé par l’Ardèche. Le Seigneur m’a montré qu’il m’attendait dans l’Emmanuel, ce qui m’a permis de faire le pas d’entrer un an après en année de propédeutique, où le Seigneur a largement confirmé mon appel. C’est la Communauté de l’Emmanuel qui m’a ensuite rattaché au diocèse de Bordeaux. 

Paul : Je suis d’une famille du Nord-Gironde, où j’ai grandi jusqu’à mes vingt ans. À ce moment, je suis parti à Toulouse pour faire des études d’ingénieur en aéronautique. J’y suis ensuite resté pour travailler quelques temps : le rôle de l’équipe dans laquelle j’œuvrais était d’aider des entreprises à réaliser des changements dans leur organisation et leurs modes de fonctionnement.  J’ai été baptisé tout petit à Bourg sur Gironde. Ma famille et ma paroisse ont été les premiers lieux où m’a été transmise la foi, où j’ai appris à la faire mienne, et où j’ai commencé à chercher à être fidèle à Jésus Christ. J’ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes, communautés et amis qui m’ont aidé à mieux le connaître et l’aimer. Peu à peu, j’ai découvert combien l’Église était plus grande et plus variée que ce que j’en connaissais. Et puis j’ai progressivement compris comment elle était envoyée en mission hors d’elle-même, pour le Salut du monde !  La question de la vocation a mûri au long de ce chemin de vie chrétienne. À dix ans, je pensais à être prêtre tel qu’un enfant de cet âge peut y penser. Mais il m’est rapidement apparu que cela ne constituait pas en soi un appel. J’ai tâché de répondre avec application à ma vocation de baptisé tout en posant un acte de foi répété : si je cherche authentiquement à suivre le Seigneur, il m’emmènera là où ma vie sera belle. À une époque où je devais prendre une décision importante, la question de la vocation de prêtre m’est revenue de façon un peu inattendue. Il m’est alors apparu avec clarté que, considérant qui j’étais et ce que je comprenais de l’Église et du monde, dire ma disponibilité à mon évêque était la chose à faire pour être tout à fait honnête vis-à-vis du Seigneur. Tout ceci étant dit, la vocation ne se réduit pas à la question d’être prêtre ou non  : c’est un élément, certes majeur, de l’histoire singulière dans laquelle Dieu m’appelle à la sainteté. Comme le dirait le pape François, « je suis une mission », et l’accomplissement de cette mission est inséparable de la construction du Royaume de Dieu. Dieu m’a appelé du néant par un nom que moi seul peux connaître, et il s’agit aujourd’hui pour moi de répondre du mieux que je peux à ce nom.  

Comment votre entourage a-t-il vécu ce choix ? 

Joseph : J’ai annoncé que j’allais faire une année de propédeutique quelques mois avant d’y rentrer. J’ai été étonné de la bienveillance de mes proches pour ce choix plutôt original ! Même s’ils n’ont pas tous saisi la portée et la profondeur de ce qu’est un prêtre, ils sentaient que c’était mon chemin d’épanouissement, et ils étaient heureux de me voir heureux, dans ma voie !  

Comment s’est déroulée votre formation jusqu’à aujourd’hui ?

 Joseph : La formation du prêtre est longue et exigeante, et cela permet d’éprouver l’appel pour voir s’il vient bien du Seigneur. Cela permet aussi de préparer notre cœur, notre corps et notre âme à recevoir le don que le Seigneur veut nous faire par la consécration sacerdotale. Si je devais prendre une image, je prendrais celle de la taille de la vigne. Je suis un cep que le Seigneur a taillé, épuré, purifié, façonné, tout au long de ces années de séminaire. C’est éprouvant, mais vivifiant ! Je ne me suis jamais senti autant libre qu’aujourd’hui, et c’est le Seigneur qui a fait croitre cette liberté, pour que je puisse le choisir librement. Merci aux équipes de formation, d’abord de Bordeaux puis de Paris, qui ont été de bons et patients vignerons du Seigneur ! 

Paul : J’ai eu la chance de vivre mon année de propédeutique à la Maison Beaulieu [NDLR La Maison diocésaine Saint-Louis-Beaulieu abritait le séminaire diocésain jusqu’en 2019]. Durant cette année, le but est de mettre en place les briques spirituelles dans le bon ordre : avant même la mission ou les études de théologie, le soin de sa relation au Seigneur. Une grande richesse de cette époque est que nous avions les meilleures heures de la journée (celles du matin) pour lire l’Écriture Sainte. J’ai ensuite vécu un an fantastique de formation au séminaire Saint-Joseph de Bordeaux, avant d’apprendre avec douleur sa fermeture. J’ai alors été envoyé au Séminaire Français de Rome, où je n’étais heureusement pas le seul bordelais. Si je ne devais citer qu’une seule joie de la formation romaine, c’est celle de partager les salles de classe avec des chrétiens de tous les pays. Le décalage des cultures est souvent désarçonnant, parfois agaçant. Mais je doute qu’il y ait beaucoup d’endroits au monde où se concentre une telle diversité d’origines. Cela nous donne une vision de l’Église assez unique, et une conscience tout à fait concrète de son universalité.  

À quelques jours de votre ordination diaconale en vue du sacerdoce, dans quel état d’esprit êtes-vous ? 

Joseph : Je suis dans un état d’esprit difficile à décrire… Une grande joie et une profonde paix habitent mon cœur, tout en étant quand même stressé de faire le grand saut, de dire ce grand « oui » qui engagera toute ma vie dans toutes les zones de mon être… Et je me sens surtout bien pauvre, bien petit et indigne pour recevoir ce si grand sacrement… Je compte vraiment sur la grâce du Seigneur. S’il fallait résumer mon état d’esprit en un mot, ce serait : « confiance » ! 

Paul : Avant tout, je contemple la miséricorde de Dieu qui choisit des êtres imparfaits et pécheurs pour collaborer à son œuvre. C’est étonnant, mais c’est comme ça qu’il est !  Par ailleurs, si l’ordination diaconale est d’abord un don de Dieu, c’est aussi pour moi le moment d’un engagement définitif : j’y ferai entre autres la promesse du célibat pour le Royaume et celle de l’obéissance à l’évêque de Bordeaux et à ses successeurs. Or, l’Église de France traverse ces temps-ci une crise aigüe, à tel point qu’un pareil engagement ne peut se prendre aujourd’hui qu’avec une extrême gravité. De plus, nous ne vivons manifestement pas une époque tranquille. Malgré tout, j’aborde l’ordination à venir avec espérance, écoutant l’invitation de Jésus : « Suis-moi ». Si je mets mes pas dans les siens, je crois que les épreuves deviennent un chemin de Salut.  

Comment vont se dérouler les jours qui vont précéder votre ordination ? 

Joseph : Une ordination, c’est beaucoup de préparation ! Lorsqu’on prépare des fiancés au mariage, on leur dit de prendre garde à ne pas se laisser manger par les soucis matériels de la célébration et de la réception, afin d’être disponible à la grâce que le Seigneur veut donner… Conseil facile à donner, plus difficile à vivre soi-même ! Pour cela, avec Paul et Thierry, on vivra une retraite diaconale la semaine qui précède l’ordination, afin de se remettre complètement à Jésus à qui nous allons consacrer toute notre vie et notre agir. Priez pour nous, que le Seigneur nous remplisse de son Esprit Saint afin d’être des diacres brûlant de l’amour de Dieu au service de tous nos frères et sœurs !  

Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question de la vocation ? 

Joseph : Dieu ne prend rien, il donne tout ! Dieu ne rend pas esclave, mais donne la vraie liberté ! Dieu ne manipule pas, il est fidèle comme un roc ! Notre Dieu est un Dieu qui sauve, et qui nous veut vraiment vivants, alors, ne crains pas de le suivre, peu importe où il t’appelle ! Et pour savoir où il t’appelle, car il appelle chacun et chacune d’entre nous, écoute-le ! Prend du temps avec Jésus, chaque jour, pour le prier comme un ami. Invoque l’Esprit Saint, demande lui d’être lumière en toi. Adresse-toi au Père comme un enfant se tourne avec confiance vers ses parents. Et prend la main de Marie, elle te conduira et enlèvera beaucoup d’obstacles sur ta route. Donne-toi, met-toi au service des autres, et tu y verras plus clair. Et surtout, ne reste pas seul, le plus beau cadeau que Dieu t’ai donné, c’est l’Église ! Alors, vas-y, fonce ! 

Paul : Je luis dirais deux choses. La première, c’est de rester très proche de Jésus : en étant fidèle à la messe et la confession, en le priant tous les jours, en cherchant à mieux le connaître dans les Écritures et en mettant sa Parole en application. La seconde, c’est, si l’occasion se présente, d’en discuter avec une personne de confiance. Une vocation n’est pas une affaire individuelle, et parler avec quelqu’un peut aider à voir plus clairement. 

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