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La lumineuse mission des aumôniers d’hôpitaux de Bordeaux

Publié le 4 mai 2022
Deux aumôniers d’hôpitaux

Comme les 50 aumôniers d’hôpitaux du diocèse, Philippe de Saint Roman et Maylis Gallouin visitent de nombreuses personnes par semaine. Plus qu’un métier, cette mission en apparence difficile les « rend paradoxalement très joyeux ».

Quand on pénètre dans le hall vétuste de l’hôpital du Haut-Lévêque, il faut serpenter entre les couloirs pour les trouver. Derrière une petite porte attenante à la chapelle, les équipes de l’aumônerie catholique du groupe sud du CHU de Bordeaux s’activent pour préparer leurs visites de l’après-midi. Dans cette salle, « on partage les moments douloureux mais aussi les moments de joie », témoigne Philippe de Saint Roman.

Il y a onze ans, ce retraité de 63 ans reçoit un coup de fil de l’une de ses amies lui demandant de donner de son temps pour les malades. Depuis, il se donne corps et âme à ce nouveau métier. « Quand je dis que je suis aumônier d’hôpital à mes amis, ils ne comprennent pas car ils ne savent pas de quoi je parle », sourit cet ancien directeur des ventes. Il faut dire que le rôle de ces laïcs en mission au chevet des plus fragiles est bien souvent méconnu. Les soignants avec qui ils collaborent ignorent parfois qu’ils sont salariés de l’hôpital !

De l’écoute et de la bienveillance

Envoyés par l’évêque, la cinquantaine d’aumôniers du diocèse de Bordeaux a d’abord une mission d’écoute et d’accompagnement auprès des personnes âgées et malades. « Contrairement aux soignants, nous avons du temps. On peut s’asseoir tranquillement aux côtés des personnes », résume avec pragmatisme Maylis Gallouin. Après avoir été bénévole dans le milieu des soins palliatifs, cette mère de famille de 55 ans décide de se former pour devenir aumônière. Elle étudie pendant une année à la faculté de droit de Bordeaux afin de décrocher son diplôme, une formalité aujourd’hui obligatoire pour devenir salarié.

Tous les après-midi, Philippe, Maylis et les 7 autres aumôniers du CHU sont envoyés à tour de rôle dans les différents établissements dont ils ont la charge. En plus d’offrir un soutien aux malades du Haut-Lévêque et de Xavier Arnozan, ils visitent les résidents des EHPAD de Lormont et des Jardins de l’Alouette. En ces temps troublés, leur présence auprès des personnes âgées est particulièrement précieuse. « Je pense à cette dame très isolée. Depuis peu de temps, elle s’étonne de sa joie. Elle m’a remerciée en me disant que grâce à nous, elle a retrouvé la foi de son enfance », s’émerveille Maylis.

Des mariages et des baptêmes

Les aumôniers animent également des messes hebdomadaires et délivrent certains sacrements. Si la célébration d’obsèques leur est familière, il est plus étonnant de les entendre raconter qu’ils ont baptisé des enfants ou assisté à des mariages. Maylis se souvient de ce couple marié religieusement en urgence. « L’homme avait refusé jusqu’à présent le sacrement du mariage. Malade, il a revu sa décision en soin palliatif. Avec sa femme, ils se sont mariés la veille de sa mort ». Elle a aussi été témoin de la conversion poignante de ce jeune homme atteint d’une leucémie qui a choisi de faire sa première communion à l’hôpital. « Lorsque l’aumônier est passé, il a commencé un cheminement. Aujourd’hui, il nous donne toujours des nouvelles ».

La porte de la petite salle exiguë qui leur sert de QG s’entrouvre soudainement pour laisser apparaître la frêle silhouette de l’abbé. Le jeune prêtre au sourire blagueur est aussi aumônier au CHU. « Notre présence est complémentaire de celle du père », appuie Maylis. Si la stature de ce dernier rassure les soignants, il peut aussi « faire peur » à certains résidents. La présence de laïcs, hommes et femmes, offre selon elle une autre forme d’écoute. En fonction de la situation, un homme ou une femme pourra plus facilement pénétrer dans l’intimité des chambres blanches.

Plus qu’un métier, une mission

À ses enfants qui s’étonnent de la voir s’épanouir dans un tel environnement, Maylis répond sans hésiter : « c’est une mission difficile mais qui rend paradoxalement très joyeux ». Un constat partagé par Philippe qui ne cesse de s’émerveiller de ce qu’il reçoit chaque jour de la part de « ses petits vieux » : « rien que le fait de voir leur sourire, c’est vraiment réconfortant ». Grand-père de douze petits-enfants, il s’apprête désormais à passer le flambeau pour partir définitivement à la retraite. S’il laisse son poste d’aumônier salarié, il compte tout de même continuer à donner de son temps comme bénévole au CHU. « Plus qu’un métier, c’est une mission », assène-t-il. L’aumônerie catholique de Bordeaux espère que d’autres marcheront à sa suite.

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