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Relire son année avec l‘Esprit Saint

Publié le 1 juin 2023
Colombe dans un ciel rose et bleu

Retrouvez l’édito de Mgr Le Vert pour le mois de juin 2023.

Notre année pastorale s’achève. Déjà, pourrions-nous dire ! Et tout au long de cette année, dans notre vie ecclésiale et « profane », le Christ a cheminé avec nous, comme avec les disciples d’Emmaüs (cf. Luc 24, 13-35). Mais comme eux, nous ne l’avons pas forcément toujours reconnu… Aussi est-il bon de prendre un temps pour essayer de prendre conscience de sa présence et de son action tout au long de ces mois passés. Il est bon de prendre un temps de relecture, pour faire le lien entre notre vie et la vie de Dieu, entre notre manière de faire et la sienne, entre notre joie et la sienne, et aussi nos manques d’amour et son pardon. Car reconnaître le Seigneur présent dans notre vie se fait parfois sur le coup, mais plus souvent à posteriori. Et cela se fait sous l’inspiration de l’Esprit Saint, reçu à la Pentecôte. Avec lui, nous pouvons essayer de découvrir un peu plus l’être que nous sommes pour Dieu, comment ce que nous faisons nous transforme intérieurement, nous rend plus chrétiens, plus saints, nous fait grandir dans notre baptême…

En effet, l’objectif de notre existence est la sainteté. Tout le reste, y compris les missions que nous recevons dans l’Église, est orienté vers ce but. Et cela passe par une véritable intimité avec le Seigneur. L’expérience personnelle de la rencontre de Jésus Christ est première et fondamentale. Il nous faut donc regarder notre vie pour reconnaître quelle est notre expérience spirituelle personnelle.

C’est ce qui se passe tout au long de la Bible : elle a été écrite pour conserver une expérience, des traditions, l’histoire spirituelle d’un peuple…. Et l’écriture a permis de relire cette histoire et de découvrir des choses restées cachées au moment où elle se déroulait. C’est ainsi, par exemple, qu’Israël, en relisant son passé, découvre l’espérance messianique. De même pour notre vie : la relire, c’est se donner les moyens de faire la même expérience qu’Israël. C’est ne pas oublier le premier commandement du Seigneur au Sinaï : « Écoute Israël… » (Dt 5, 1) ; « écoute ce que je te dis chaque jour, moi, ton Seigneur » … Et dans l’évangile de Marc, nous entendons Jésus inviter ses apôtres qui reviennent de mission : « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » (Marc 6, 31). C’est donc un commandement du Seigneur que de savoir nous arrêter et de nous reposer avec lui. Car de même que l’oubli de Yahvé et de son Alliance faisait régresser le peuple d’Israël, de même l’oubli de ce que nous avons vécu avec Dieu est souvent la cause du peu de progrès dans notre vie spirituelle.

Souvent le présent nous apparaît comme une succession d’instants qui se déroulent, et nous avons l’impression qu’il passe en nous échappant complètement. Ce présent ne peut effectivement prendre sens qu’enraciné dans un passé et ouvert à un avenir. La relecture va permettre de nouer ces instants fragmentés de nos vies, de leur donner une cohérence et une signification en les reliant entre eux et en les inscrivant ainsi dans une histoire. C’est cela qui leur donne « sens », qui les oriente vers un avenir, leur donne une direction.

La relecture permet alors de faire de notre histoire passée un mémorial des dons de Dieu. Elle nous invite par là-même à en rendre grâce. Et avec cette reconnaissance, notre action peut devenir de plus en plus une réponse à un appel de Dieu pour guider notre vie. Cela permet également de prendre des décisions toutes simples dans l’ordinaire du temps. Décisions que nous prenons parce que nous croyons que ce choix est pour nous, aujourd’hui, la meilleure façon de correspondre aux dons de Dieu, d’aimer le Christ et de le servir.

Relire sa vie est un temps spirituel, une prière. Ce n’est pas juger sa vie, ni rechercher ce que nous avons réussi ou ce que nous avons raté, ni dresser la liste exhaustive de tout ce qui nous est arrivé et sur lequel nous porterions un jugement moral, ni en faire un bilan ou une évaluation. C’est apprendre à repérer la manière dont le Seigneur me parle et me conduit. C’est laisser Dieu me donner un autre regard sur ma vie, puis m’adresser à lui avec ce qu’il m’a montré. Cela suppose donc un regard de foi. Car le postulat de départ est que Dieu donne le premier : il donne la vie et la croissance ; il est à l’œuvre dans mon histoire, comme il l’a été dans l’histoire d’Israël. Nous croyons que ce qu’il a fait, il le fait aujourd’hui et le fera demain.

En fait, la relecture, c’est un peu comme un couple d’amoureux qui ressortent un album de photos et le feuillettent ensemble : ils ne s’arrêtent pas sur toutes les photos, mais sur celles qui sont « fondatrices », qui sont un souvenir de ce qui a nourrit leur amour. La relecture, c’est feuilleter « l’album photo » de notre vie avec l’Esprit Saint – lui qui nous enseigne tout et nous rappelle tout ce que Jésus nous a dit (cf. Jn 14, 26) – et y redécouvrir les moments fondateurs, grâce à son inspiration.

Comment procéder ? D’abord choisir un temps suffisant et tranquille pour faire cette relecture. Puis invoquer l’Esprit Saint. Ensuite, sous son regard, s’interroger simplement :

  • Ce qui me dynamise :

Qu’est-ce qui a été source de joie et d’espérance ces derniers mois ?

Qu’est-ce qui me paraît source de croissance dans ma vie durant cette année ?

Qu’est-ce que je désire continuer ou approfondir en moi ?

  • Ce qui me dévitalise:

Au contraire, qu’est-ce que je ressens comme frein ou obstacle à une progression spirituelle dans ma vie ?

Quelles sont mes craintes spirituelles ?

Qu’est-ce qui me disperse inutilement ?

  • Ce qui est à clarifier:

Que devrais-je clarifier avec moi-même ou les autres ?

Que faudrait-il changer pour mieux avancer vers le Seigneur ?

À partir des réponses à ces questions, m’adresser simplement au Seigneur : lui rendre grâce ; lui faire part de mon émerveillement devant sa présence et son action ; lui exprimer mon désir ; lui demander qu’il inspire mon choix pour un « davantage » dans l’avenir ; et lui demander la force de mettre en œuvre ce qu’il m’aura révélé.

Ce temps spirituel n’est pas exhaustif : l’Esprit nous fera souvenir sur le moment de ce qui est important pour nous aujourd’hui. Il fera ressortir les points les plus importants de notre vie avec lui durant cette année écoulée. Oui, prenons le temps de cet exercice si simple et si fructueux. Et sans doute pourrons-nous expérimenter un peu ce qu’ont ressenti les pèlerins d’Emmaüs écoutant Jésus, et nous exclamer avec eux : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Luc 24, 32).

 + Jean-Marie Le Vert
Évêque auxiliaire de Bordeaux

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