Le 22 février dernier le diocèse de Bordeaux célébrait l’entrée en Carême à l’occasion du mercredi des cendres, à la cathédrale Saint-André. Découvrez l’homélie de Mgr James.
Plusieurs d’entre nous se sont rendus dans les Pyrénées toutes proches. Ils y ont fait du ski, de la randonnée et espèrent y retourner cet été pour une course en montagne. Marcher vers les sommets, c’est une vraie joie, même si c’est fatigant et exige un effort. Car arrivés au sommet, quelle récompense ! Voilà notre Carême ! Nous marchons vers le sommet de la foi, la mort et la résurrection du Christ et l’envoi de l’Esprit Saint. Nous tendons vers ce sommet par une face que nous n’avons encore jamais empruntée, la route 2023 ! Pour avancer, une parole à écouter ! Et des frères et sœurs à accompagner !
Oui, une parole à écouter ! C’est le début de l’Évangile : « En ce temps-là Jésus disait à ses disciples ». Pour grimper vers le sommet, nous avons besoin d’écouter Jésus, Parole de Dieu faite chair ! Et « écouter est plus qu’entendre », nous dit le pape François. Nous entendons le bruit de la ville, nous entendons la musique de notre smartphone. Nous entendons ! Nous n’écoutons pas ! Quand nous écoutons quelqu’un vraiment, nous ne répondons pas en même temps à nos mails ! Car nous sommes tout à lui ou à elle. C’est la première invitation d’un vrai Carême : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole, la Parole de Dieu du Seigneur Jésus ? » ( Ps 94 ). Ce Carême 2023 commence le jour d’une fête du 1er apôtre, Simon-Pierre. Simon, Shimon, c’est-à-dire celui qui écoute ! Une condition de notre route vers le sommet : développer l’écoute, l’écoute de Jésus notre guide vers le sommet. Écouter le Seigneur qui nous parle dans les textes sacrés, qui nous parle dans les évènements de nos vies, de la vie du monde actuel, qui nous parle aussi à travers les autres : notre aumônerie, nos amis, et les catéchumènes.
Les catéchumènes sont nombreux parmi les étudiants : une vingtaine à Bordeaux parmi plus de 200 adultes, collégiens et lycéens ! Et comme on dit, ils se sont convertis ! Moi, c’est déjà fait ! pensent certains, je n’ai pas besoin de conversion ! C’est pour les païens qui nous entourent ! Bien sûr, ce soir, nous ne pensons pas cela ! Car en recevant les cendres, Jésus va nous répéter : « convertissez-vous ! » Avec les catéchumènes, convertis-toi ! Eux les catéchumènes ont besoin de notre prière ; et nous baptisés, nous avons aussi besoin d’eux. Ils sont notre aiguillon dans notre marche vers le sommet. Car les catéchumènes ont hâte d’être au sommet, hâte du baptême ! Alors, ils nous tirent, nous les endormis, les habitués de la foi chrétienne ! Ce soir en nous approchant des cendres, faisons cette prière : « Seigneur, viens me réveiller, je somnole dans la foi, convertis-moi ! » Et, les catéchumènes l’écrivent dans leur lettre à l’évêque, la conversion passe par des actes ! Notre conversion, c’est forcément des actes ! L’Esprit du mal, le démon nous entraîne dans le flou, dans le vague, dans l’à peu près ! Comme les catéchumènes, notre conversion, c’est du concret !
Certains d’entre eux me parlent de lectures qui ont nourri leur marche : l’une me cite une parole de Paul aux romains : « j’en ai l’assurance, rien ne nous séparera de l’amour qui est en Jésus-Christ », l’autre, la lecture des confessions de saint Augustin, un autre d’un livre de spiritualité qu’un ami lui avait remis. Et nous ? Plutôt que de perdre notre temps à traîner sur les réseaux sociaux et à regarder les vidéos de TikTok, une lecture, laquelle ?
Autre caractéristique, chez les catéchumènes, du chemin vers le baptême : la prière, le recueillement ! Des étudiantes catéchumènes en font le récit. En entrant dans une église, en dehors d’une célébration et se tenant là, l’une des deux ajoute : « c’est alors, que j’ai éprouvé une paix qui m’a rempli le cœur ! » Comme les catéchumènes, nous les baptisés, nous prierons davantage pendant ce Carême, en nous rendant au travail avec un dizainier dans notre poche, en lisant l’Évangile, en faisant une visite au Seigneur dans une chapelle ou une église, par exemple.
Prier, jeûner, ajoute l’Évangile ! C’est-à-dire se priver d’une chose qui est bonne ! Un catéchumène lycéen et sportif me parle de sa privation de quelques heures de sport pour se préparer au baptême ! Jeûner d’une soirée avec toujours les mêmes amis pour visiter d’autres personnes ! Le Carême, c’est pas se priver pour un moins, c’est vouloir plus, vouloir avancer vers le sommet de la foi, pour plus de vie, plus d’amour dans notre vie, dans notre quartier.
Enfin l’Évangile invite à faire l’aumône, donner ! Donner de son argent et il n’y a pas de petits dons aux yeux du Seigneur, rappelons-nous dans l’Évangile, l’obole de la pauvre veuve. Mais aussi donner de son temps, entrer en relation : les catéchumènes ont eu l’audace d’aller parler à un aumônier, d’entrer en relation avec des personnes qu’ils ne connaissaient pas, de donner leur temps. Pour leur joie ! Ils nous entraînent sur le chemin du don, de la relation, de la vie fraternelle ! Oui, soyons précis pour notre Carême ! Si nous ne choisissons rien, rien ne se passera ! Et en même temps, soyons humbles ! C’est ce qui effraie le plus le démon ! L’important ce ne sont pas nos efforts. Mais notre désir de rejoindre le sommet, avec le Christ, notre guide, le Christ vainqueur, qui a vaincu la mort et est vivant. Amen