Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois d’avril 2024.
Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Nous partageons la joie pascale avec les néophytes, adultes et jeunes du diocèse. Ensemble, nous allons vivre le message pascal de vie et d’amour.
Les néophytes, des cadeaux de Dieu pour nos communautés paroissiales
La joie est grande dans une paroisse de participer à la célébration du baptême d’adultes ou de jeunes. Par le baptême dans la nuit pascale, les catéchumènes sont devenus néophytes, c’est-à-dire « jeunes pousses ». Ces néophytes nous sont confiés. On prend soin des « jeunes pousses ». Des parrainages se mettent en place dans certaines paroisses pour qu’ils ne sentent pas isolés dans l’assemblée dominicale. Ils ont besoin de comprendre : comprendre les liturgies, comprendre notre credo et ils sont appelés comme nous à vivre en chrétiens. C’est bon de vivre avec eux quelques rencontres fraternelles. Ils sont membres à part entière de la communauté. Ils participent à la vie et aux activités des paroisses si nous n’hésitons pas à les solliciter, à les inviter, à les encourager, à faire tomber leur peur. C’est ainsi que je rencontre des néophytes, animateurs de chants ou lecteurs. Pour accompagner les enfants de la paroisse, une néophyte forme un binôme avec une catéchiste ; et elle se lance dans la belle mission de catéchiste. Tellement heureux d’avoir été bien accueillis, des néophytes se proposent pour accompagner les prochains catéchumènes. J’ai été frappé cette année, par l’intérêt de plusieurs, pour la Parole de Dieu. C’est ainsi qu’une néophyte a rassemblé autour d’elle un petit groupe, pour lire, méditer l’Évangile du dimanche suivant. D’autres se sont engagés à la Société de Saint-Vincent-de-Paul et vivent leur foi près des personnes en difficultés. Les néophytes sont des cadeaux de Dieu ! Les accueillerons-nous ?
Le Christ ressuscité est descendu aux enfers…
Avec nous, les néophytes ont célébré le Mystère Pascal : le Christ, mort sur la croix, est ressuscité et vivant. Le Christ est victorieux de la mort. Souvent, il est représenté debout, l’étendard à la main, terrassant les soldats. Le Christ est Vie ; il est vivant ! En Orient, on aime représenter le Christ ressuscité descendant aux enfers. Les enfers (non pas l’enfer, lieu de séparation éternelle d’avec Dieu), c’est-à-dire le séjour des morts. Vêtu de blanc, rayonnant de la lumière divine, piétinant les instruments de sa Passion et les portes fracassées du séjour des morts, le Christ relève Adam et Ève, c’est à dire l’humanité. Il saisit Adam par le poignet. « Relève-toi d’entre les morts ! » chante une hymne pascale. Lève-toi, relève-toi : c’est la parole de Jésus au paralysé de l’Évangile (Mt 9, 6 ), à la petite fille : talitha koum ( Mc 5 , 41 ) ; au fils de la veuve de Naïm ( Lc 7, 14 ). C’est la même parole que dans l’élan de la Pentecôte, Pierre dit à l’infirme de la Belle Porte : « Lève-toi et marche » ( Ac 3, 6 ). Relève-toi d’entre les morts ! Si nous séjournons dans des enfers, enfers des addictions, enfers de la guerre, enfers de conditions de vie inhumaines, le Christ vient nous y rejoindre pour desserrer l’étau infernal. Le chrétien le sait et le proclame dans le Credo. Quelle force pour lui d’en faire l’expérience dans sa propre vie ! Mais aussi, quelle responsabilité quand il voit des gens victimes de situations infernales ! À la suite du Christ, l’Église de Pâques est au service de la vie et de l’amour. Des gestes de partage, de solidarité, d’amitié, de soutien sont à développer ! Ce sera l’enjeu de la fête de la diaconie les 1er et 2 juin prochains.
Le Christ ressuscité nous entraîne sur le chemin de la vie et de l’amour
Le jour où l’Église fête le Corps et le Sang du Seigneur, ce qu’on appelle aussi la fête-Dieu, nous vivrons également dans le diocèse, la fête de la diaconie de l’Église. Nous nous rappellerons le lien entre l’Eucharistie instituée par le Christ Jésus et le lavement des pieds qu’il vit lors de son dernier repas. Jésus souligne ainsi ce lien fondamental entre la foi et la charité. Une foi qui n’agit pas est une foi incomplète nous écrivait le Pape Benoit XVI. Le souci des personnes fragiles, isolées, en situation de précarité est constitutif de notre foi en Jésus ressuscité, descendu aux enfers. À sa suite, en son nom, nous sommes appelés à tendre la main, à relever, à remettre debout, toute personne humaine dans une situation infernale ! Et cela est vrai depuis le début de l’Église. À la fin du 2ème siècle, à Carthage, Tertullien témoigne : » Il y a chez nous une caisse commune. Chacun verse une petite cotisation. On fixe un jour par mois. Les cotisations sont comme un trésor réuni par amour pour Dieu. On ne prend pas cet argent pour faire de bons repas(…) On le prend pour nourrir les pauvres, payer leurs funérailles, aider les jeunes qui n’ont pas de quoi vivre et qui n’ont plus de parents (..) » Cette façon de vivre la charité, nous fait remarquer. Beaucoup de païens disent en parlant des chrétiens : » Voyez comme ils s’aiment les uns les autres » (Apologétique, n° 39). Ainsi vont naître ensuite les hôtels-dieu, les écoles, les dispensaires, les œuvres caritatives. Saint Grégoire le Grand le disait : « Dans la sainte Église, chacun est le soutien des autres et les autres sont le soutien de chacun ».
C’est trop évident : il n’y a pas besoin d’être chrétiens pour vivre la solidarité, la générosité, les actions philanthropiques. Tant de personnes les vivent autour de nous ! Mais, à l’inverse, il n’est pas possible de se dire chrétiens sans être au service des personnes, enfants, jeunes, adultes les plus vulnérables. L’amour fraternel, la charité vécue avec des personnes en situation de précarité, charité vécue dans la réciprocité, avec les personnes accueillies et non pas seulement pour elles, sont un fruit de la Résurrection du Christ, de notre foi et de notre baptême. C’est heureux quand cela se vit concrètement par exemple, après une messe, dans un repas paroissial où sont présentes toutes les catégories de personnes et en particulier les plus fragiles. Nous avons tendance à penser l’engagement caritatif et de solidarité pendant le carême. Et si cette année, nous considérions ces engagements comme une mise en œuvre de notre foi dans le Christ mort et ressuscité, descendu aux enfers ? Regardons l’icône pascale !
« La vie est précieuse, chéris-la », écrivait Mère Teresa de Calcutta. Vie des personnes en situation de précarité, mais aussi vies naissantes et personnes malades ou en fin de vie. Je me réjouis de la prochaine ouverture dans l’agglomération bordelaise d’une « maison Marthe et Marie », habitat partagé entre des jeunes professionnels et des mamans seules et enceintes parfois tentées par un avortement ; pour les aider à se préparer à la naissance et être accompagnées dans les premiers mois de la vie de l’enfant, ces mamans sont accueillies dans une communauté de vie. Il y a tant à faire pour aider des mamans en difficultés, des couples seuls devant des décisions graves à prendre. Il y a besoin d’écoute, d’entraide. Et c’est vrai tout autant à la fin de la vie. Lors de la dernière assemblée plénière des évêques à Lourdes, devant un projet de loi sur la fin de vie, nous avons publié une déclaration, « Ne dévoyons pas la fraternité ! » : « Avec beaucoup de nos concitoyens, chrétiens ou non, croyants ou pas, avec un très grand nombre de soignants, dont nous voulons saluer l’engagement, la compétence et la générosité, nous réaffirmons notre attachement à la voie française du refus de la mort provoquée et de priorité donnée aux soins palliatifs ». Et j’ajoute pour nos communautés chrétiennes : les visites à nos frères et sœurs malades, le soutien aux personnes aidantes, fatiguées et parfois bien seules sont plus nécessaires que jamais. Je remercie celles et ceux qui sont engagés dans les missions liées à la pastorale de la santé.
C’est tout cela la diaconie de l’Église, tellement liée à la célébration de l’Eucharistie, et au mystère de Pâques. « Nous ne pouvons pas nous faire d’illusion : c’est à l’amour mutuel, et en particulier, à la sollicitude que nous manifesterons à ceux qui sont dans le besoin que nous serons reconnus comme de véritables disciples du Christ (cf Jn 13, 35 ; Mt 25, 31-46). Tel est le critère qui prouvera l’authenticité de nos célébrations eucharistiques » (Saint Jean-Paul II, « reste avec nous Seigneur » n° 28).
+Jean-Paul James