Retrouvez l’homélie de Mgr James prononcée à l’occasion des ordinations de Paul Auriat et Joseph Legros, le dimanche 23 juin 2024 à la cathédrale Saint-André.
Demain, nous fêtons saint Jean-Baptiste, le précurseur, le plus grand des enfants des hommes dira Jésus de lui. Cette messe d’ordination se vit sous le signe de saint Jean-Baptiste. Cher Paul, cher Joseph qui êtes ordonnés prêtres, vous avez, comme saint Jean-Baptiste, une vocation, un nom, une mission.
Oui, une vocation. Votre démarche à tous les deux paraît bien étrange pour beaucoup. À cause de vos études civiles, vous pouviez espérer de beaux métiers, des métiers qui donnent sens à une vie. Alors que demander de mieux ? Pourquoi donc cette orientation ? Et comment comprendre votre engagement ? Sinon par l’Écriture : « La parole du Seigneur me fut adressée », proclame Jérémie. Il est beau ce récit de la vocation de Jérémie. Vous rappelant votre parcours, vous pourriez dire : « c’est mon expérience ». Je repense aux lettres que vous m’avez adressées ; il y a des versets de l’Écriture qui viennent à un moment précis de votre vie et vous éclairent, vous apportent la joie ! La seule explication à votre engagement, c’est l’amitié profonde entre vous et le Seigneur, une amitié faite d’échanges, de confidences, de secrets qu’on se partage. Magnifique expérience de la vocation chrétienne ! Aujourd’hui tant de personnes autour de nous se demandent pourquoi elles sont nées, le sens de leur vie humaine, ce qu’elles font sur cette terre ! Avec Jérémie et Jean-Baptiste, nous croyons que nous avons été voulus par le Seigneur, et qu’Il a un projet pour nous, qu’avec lui nous pouvons le réaliser. Nous sommes tous connus, appelés, aimés par Quelqu’un : le Christ Jésus. Je compte sur vous, Paul et Joseph, pour révéler ce trésor qu’est la vocation chrétienne. Tout baptisé jeune ou âgé, consacré, prêtre, marié ou célibataire, informaticien ou en recherche d’emploi, a une vocation. En voyant chacun des membres de notre assemblée, je le demande à chacun : quelle est la vocation aujourd’hui ? Qu’est-ce que le Seigneur te dit au secret de ton cœur ? Je rends grâce à Dieu pour ceux qui entendent Son appel, qui le laissent grandir en eux et y répondent avec générosité ! Et ils sont nombreux : il suffit de vous voir, prêtres, diacres, consacrés, séminaristes, familles chrétiennes, jeunes et adultes engagés dans le diocèse !
Alors le Seigneur dit à Zacharie : « tu lui donneras le nom de Jean ». Mais dans la famille, on ne donne pas ce nom-là ! Surprise ! Vous le savez : dans la Bible, le nom n’est pas choisi par hasard. Il est un message et ce message est une mission. Jean, c’est-à-dire « Dieu fait grâce ». Un nom nouveau. Car commence une nouvelle époque pour Israël, Dieu fait grâce. Et cette grâce c’est la venue du Christ Jésus dans la chair humaine pour sauver ce qui était perdu. Cher Paul, cher Joseph, à partir d’aujourd’hui, vous aussi n’êtes plus inscrits simplement dans la longue tradition familiale. Vous êtes enfantés à nouveau. Vous êtes aujourd’hui Paul prêtre, Joseph prêtre : un nom nouveau. Aujourd’hui, commence une nouvelle étape de votre vie. Bien sûr, tout cela a été préparé grâce à tant de personnes et je veux remercier vos familles, vos proches, vos formateurs de ce qu’ils vous ont apporté. Mais ce que vous vivez n’est pas le simple produit de ces préparations. C’est une intervention de Dieu lui-même qui par son Église, vous consacre comme ministres de l’Alliance Nouvelle et éternelle. Par l’imposition de nos mains et par l’onction de l’huile sainte, « la main du Seigneur est sur vous » et votre vie prend une nouvelle orientation. Dieu fait grâce ! Quelle espérance cela nous donne ! Chers amis, Joseph et Paul sont bien conscients de leurs limites et des fragilités de l’Église en France aujourd’hui. Je vais plus loin encore : ils ne sont pas à la hauteur de la mission de prêtre. Et pourtant, ils se présentent ! Et pourtant, l’Église les appelle ! Et pourtant, ils avancent ! Car Paul et Joseph croient de tout leur cœur que, comme pour Jérémie, Jean-Baptiste, Paul et les autres, Dieu leur dit : « Ne crains pas, je suis avec toi. Je mets mes paroles dans ta bouche ». Par le sacrement de l’ordre, Paul et Joseph sont mis à la hauteur, non pas par les richesses de leur personnalité ou leurs diplômes ou leurs mérites, mais par l’action du Saint-Esprit de Dieu qui va se saisir de leur être. Dans un instant, nous allons invoquer l’Esprit Saint. Je n’oublie pas cher Joseph que vous serez prêtre lié à la communauté de l’Emmanuel, une communauté née du Renouveau charismatique. Ce mouvement nous a rappelé un acteur essentiel dans l’Église : l’Esprit Saint. Viens Esprit Créateur, emplis de la grâce d’en haut, les cœurs de nos frères Paul et Joseph qui se lancent, avec foi et avec joie dans une vie nouvelle, la mission de prêtre. Et quelle est cette mission ?
Être des Jean-Baptiste. C’est-à-dire des prêtres habités par son témoignage. La mission de Jean-Baptiste ? Montrer le Christ Agneau de Dieu, conduire au Christ notre Maître, s’effacer devant le Christ notre Seigneur. Rien d’autre. Mais que d’épreuves parfois ! Alors qu’il est en prison, Jean-Baptiste est troublé, dérouté. C’est bouleversant ce passage qui me fait penser à tant de mes frères prêtres aînés, mais aussi à tant de parents perdus, décontenancés devant la situation de notre Église ou de notre monde ! Est-ce qu’on ne s’est pas trompé ? Est-ce que je ne me suis pas trompé ? Et la réponse de Jésus est claire, elle n’a pas changé, la mission est toujours la même : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les pauvres reçoivent la bonne nouvelle » (Mt 11, 6). Notre programme nous est donné par le Christ. Nous ne sommes sûrs que du Christ. Et sa mission est pour la vie, pour le salut, pour l’amour. L’unique programme est celui de sauver, relever, consoler, guérir « tout homme et tout l’homme » (Paul VI). C’est à partir de l’amour que nous vivons entre nous que nos contemporains s’interrogeront sur la source de cet amour, amour accueilli dans l’eucharistie célébrée chaque jour. Chers Paul et Joseph, soyez des Jean-Baptiste qui conduisent à Jésus, qui s’effacent devant Celui seul qui a aimé jusqu’au bout. Comme Jean-Baptiste, ne faites pas une cour de sympathisants autour de vous, mais conduisez nos frères au Christ, et en lui à leurs frères. « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » disait saint Jean-Baptiste en parlant de Jésus. Et il concluait : « C’est ma joie, elle est parfaite ». C’est votre joie cet après-midi, rendons grâce.
