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Tressaillement devant la vie, tressaillement devant le prochain

Publié le 1 octobre 2023
Photo d'une femme dans un champ les bras ouverts

Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois d’octobre 2023.

À Marseille, en commentant le récit de la Visitation, le pape François propose quelques orientations à notre Église en France. Il évoque « le tressaillement devant la vie, le tressaillement devant le prochain ».

« Lorsqu’ Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle » (Lc 1,41). Tressaillir, c’est être « touché à l’intérieur, avoir un frémissement intérieur », nous dit le Pape. Depuis la rentrée, avons-nous éprouvé cela ? Avons-nous fait cette expérience de la présence du Seigneur, de son action cachée et souvent imprévisible ? Des célébrations, des rencontres donnent l’occasion de nommer le Seigneur qui agit dans notre diocèse :  à Verdelais, comme à Notre-Dame de Verdot dans le nord du département, des personnes habitées par la foi commencent leur année par une démarche spirituelle. Des engagements d’adultes se prennent pour soutenir une aumônerie de jeunes à Saint-Loubès. Des catéchumènes improbables préparent la célébration de leur entrée en catéchuménat à Castillon-la-Bataille ou à Sainte-Marie Bastide ; des paroissiens se lancent dans un parcours de catéchèse pour adultes à Saint-Émilion. Et tout cela aussi dans votre propre paroisse ! Tressaillement devant la vie qui surgit ! Oh, c’est modeste ! Et parfois même, il a fallu déployer beaucoup d’énergie pour cela. Mais le Seigneur est présent au milieu de nos communautés chrétiennes.  Il les anime, Il leur donne vie. Il est aussi présent en nous : à notre étonnement parfois, nous nous lançons dans une nouvelle aventure, un projet qui nous plaît. Tressaillir ! c’est-à-dire, poursuit le Pape, « sentir que quelque chose bouge dans notre cœur.  C’est le contraire d’un cœur froid et plat… Un cœur froid et plat traîne la vie de manière mécanique, sans passion, sans élan, sans désir. Et on peut tomber malade de tout cela dans notre société européenne : le cynisme, le désenchantement, la résignation, l’incertitude, un sentiment général de tristesse. Quelqu’un les a appelées « passions tristes » : c’est une vie sans tressaillement ». Si nous éprouvons ces « passions tristes », à nous de les combattre, de trouver leur antidote : la participation à une « fraternité chrétienne », le sacrement de réconciliation, un temps d’adoration, des démarches qui aident à guérir et fortifier nos cœurs !

Tressaillement devant le prochain

Mais aussi, à la suite de Notre-Dame, le jour de la Visitation, partir à la rencontre de l’autre et goûter la joie du partage. C’est le « tressaillement devant le prochain ». Le Seigneur nous rejoint à travers des rencontres humaines, des engagements pris pour la fraternité. Les médias nationaux ont répercuté abondamment les paroles fortes du pape François lors des « rencontres méditerranéennes ». Comment prendre part à l’accueil des migrants ? Une question si complexe et si douloureuse ! Des communautés religieuses, des associations paroissiales ou services diocésains, des institutions caritatives présentes en Gironde œuvrent pour l’accueil, le soutien des personnes en précarité, à cause de la migration ou de problèmes sociaux, œuvrent aussi pour le soutien de populations dans leurs pays : des personnes et familles de Gironde donnent ainsi de leur temps pour la coopération, et des jeunes, des adultes sont sensibilisés, ici, aux problèmes de la faim dans tant de pays.

Nous accueillons cet appel du Pape, l’année où les « paroisses nouvelles » rédigent leur projet missionnaire pastoral. En 1999, le saint pape Jean-Paul II écrivait : « la paroisse dont l’étymologie désigne une habitation dans laquelle l’hôte est à son aise, accueille chacun et ne discrimine personne, car personne ne lui est étranger. Elle allie la stabilité et la sécurité de celui qui se trouve chez lui avec le mouvement ou le caractère provisoire de celui qui est de passage. Là où le sens de la paroisse est vivant, les différences entre les natifs du lieu et les étrangers s’atténuent ou disparaissent, car prévaut la conscience de l’appartenance commune à Dieu, unique Père ». Et le pape Jean-Paul II poursuit en soulignant « l’importance que la paroisse a dans l’accueil de l’étranger, dans le dialogue avec des croyants d’autres religions, dans l’intégration des baptisés de cultures différentes. » [1] La « messe des peuples » réunit ce mois d’octobre, à l’église Saint-Michel de Bordeaux, des catholiques portugais, srilankais, polonais, roumains, africains, vietnamiens, etc… Ces frères et sœurs se retrouvent régulièrement entre eux :  ils ne veulent pas oublier leur culture, leur langue, leur manière de vivre la foi catholique. Mais ils sont aussi des membres des paroisses de Gironde. Et plusieurs catholiques d’origine étrangère, par une chorale, par leur dynamisme chrétien, ont relancé des paroisses endormies.

Lors de « la fête de la diaconie », prévue les 1er et 2 juin, nous nous réjouirons ensemble et remercierons celles et ceux qui sont engagés dans la diaconie de l’Église :  l’éducation et le soutien des enfants en difficultés, l’accompagnement des personnes en situation de précarité ou d’isolement, l’accompagnement des aînés qui connaissent parfois la solitude, des personnes malades ou handicapées. Devant l’océan de misère ici et là-bas, nous encouragerons le développement des « diaconies paroissiales ». Car, « on ne joue pas avec la vie », répétait le Pape dans l’avion qui le ramenait à Rome.

On ne joue pas avec la vie !

C’est une parole qui vaut pour les personnes migrantes, pour les personnes à la rue et sans logements. C’est une parole qui vaut aussi pour les enfants à naître : de ce point de vue, il y a parfois tant de détresses de mamans, seules devant la perspective d’une naissance. Je souhaite que s’installe rapidement à Bordeaux une « maison Marthe et Marie » qui veut accueillir des futures mamans seules, qui ont besoin d’être aidées à la fin de leur grossesse et dans les premiers mois de l’enfant. Le souci du Pape est aussi celui des personnes en fin de vie : « Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? » Les équipes du Service Évangélique des malades, les aumôneries de cliniques et d’hôpitaux, le service des personnes avec un handicap multiplient les visites, les rencontres, la célébration des sacrements. Il y a aussi les personnels soignants à encourager : ils sont parfois trop peu nombreux pour faire face à leurs tâches. 

Parce qu’on ne joue pas avec la vie, c’est notre mission aussi de dire, d’expliquer à nos proches, à notre député, l’interdit de provoquer la mort. En France, un projet de loi sur la fin de vie est débattu prochainement au Parlement.  Les évêques de France se sont exprimés plusieurs fois à ce sujet. Nous rappelons la nécessité du développement des soins palliatifs : favoriser l’accompagnement des malades en fin de vie par des personnels soignants qualifiés et la recherche de l’apaisement de leurs souffrances. Ces soins palliatifs devraient être possibles dans chaque EHPAD. C’est important de soutenir, de favoriser « l’aide à vivre jusqu’à la mort » dans des conditions dignes, c’est-à-dire notamment les soins palliatifs, les visites de la famille, des proches. La fraternité inaugurée par le Christ dans son mystère pascal, la fraternité qui a sa source en Dieu, Notre Père, exige cet accompagnement jusqu’au bout.

Les « paroisses nouvelles » vont naître à l’occasion de la prochaine fête de Saint-André. Qu’elles soient, encore et toujours, attentives au tressaillement devant la vie, le tressaillement devant le prochain, désireuses de promouvoir l’Evangile du Christ.

+Jean-Paul James
28 septembre 2023

[1] Message du pape Jean-Paul II pour la 85ème journée mondiale du migrant n°6

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