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Homélie de Mgr James pour la messe des peuples 2023

Publié le 15 octobre 2023
Procession des offrandes pendant la messe des peuples

Le dimanche 15 octobre 2023, Mgr Jean-Paul James, archevêque du diocèse de Bordeaux était à la basilique Saint-Michel pour célébrer la messe des peuples.

Nous voudrions vivre avec beaucoup de joie la messe des peuples ici à Saint-Michel ! Une célébration chantée en toutes les langues ! Sauf qu’ en ce moment nos cœurs ne sont pas à la fête, mais à l’inquiétude ! Drame en Terre Sainte, images d’horreur, violence extrême. Épreuve du peuple arménien, sans oublier la guerre en Ukraine. Nouvel assassinat d’un enseignant à Arras. Une sorte de déchaînement de violence ! Que se passe-t-il ? Le monde serait-il dominé par la haine et la violence ? L’humanité irait-elle à sa perte ? Que fait Dieu ? Dans cette messe des peuples, nous venons avec ces questions. Et nous écoutons la parole de Dieu. J’en retiens deux mots, festin et noces. Mais quel lien avec ces évènements ?

Regardons notre assemblée d’abord. Dans cette messe, nous faisons une expérience extraordinaire ! Nous touchons du doigt que la Parole de Dieu est vraie, qu’elle se réalise ! « Le Seigneur préparera pour tous les peuples, un festin », dit Isaïe dans la 1ère lecture. Les voilà tous les peuples, d’Amérique latine, Asie, Océanie, Afrique, et notre vieille Europe ! Les voilà ! La Parole de Dieu se réalise sous nos yeux. Chers amis chrétiens, dans ce monde très meurtri, il nous arrive de nous demander à quoi et à qui nous servons. Devant les images télévisées, dans notre cœur, c’est la tempête : des sentiments de compassion, mais aussi de vengeance, de peur s’entrechoquent. Comment ne pas céder à la panique ? Dans ces évènements, en qui nous mettons notre confiance ? Chrétiens rassemblés dans la diversité de nos cultures, nous nous appuyons sur la Parole de Dieu : elle est vraie. Notre Dieu nous réunit de tous les continents. Et Isaïe ajoute : « Il fera disparaitre le voile de deuil. » Ce voile de deuil se lève un peu ce matin. Il est possible de se parler ! Je n’oublie pas un lycéen venant d’un quartier difficile : il participait à un pèlerinage. Et je lui demande : qu’est-ce qui t’a marqué pendant ces 4 jours ? On ne s’est pas tapé dessus ! Avec la grâce de Dieu, c’est possible ! Nous sommes heureux de le chanter : « voici notre Dieu, exultons, réjouissons-nous, Il nous a sauvés. » Certains ici ont fait cette expérience : ils étaient menacés de mort dans leur pays ;  car on ne quitte pas son pays comme ça ! On veut sauver sa famille, on veut sauver sa peau ! Plusieurs parmi nous pourraient en parler et ajouter que des frères les ont accueilli et ils ont reconnu l’action de Dieu. Il fera disparaitre le voile de deuil. Il veut la vie pour ses enfants. Et il a besoin de nous, pour quoi ?

La réponse est donnée par la bouche de notre pape François : « Nous tous, les chrétiens, petits mais forts dans l’amour de Dieu, nous sommes appelés à prendre soin de la fragilité du peuple et du monde dans lequel nous vivons » ( n°216 ). Oui notre monde est fragile, oui la fraternité, la paix ne sont jamais acquises. Il nous faut continuer à agir. La violence est sans doute un des grands mystères de notre vie humaine. Comment se fait-il qu’il y en ait tant ? Comment se fait-il qu’il soit parfois si difficile de vivre ensemble ? Comment se fait-il que tant de propos échangés sont parfois durs, agressifs, critiques ? La violence qui nous habite ne se convertit en douceur qu’au prix d’un long combat. J’aime relire Etty Hillesum, cette femme juive morte en déportation : « que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu’il n’est déjà ».

Frères et sœurs, Jésus nous parle de la plus grande des fêtes, le repas des noces. Noces : 2ème mot : C’est bon de la réentendre en ce moment, un repas de noces où tous sont invités, c’est la fête de l’amour. La voilà notre assemblée. Certains autour de nous disent que la violence est inéluctable ! Refusons ces discours fatalistes, désespérants qui nous condamnent à nous entretuer. Regardons plutôt notre assemblée. Elle est porteuse d’une Bonne Nouvelle. Quelle est cette Bonne Nouvelle ? Elle est résumée par le thème de cette semaine missionnaire : « cœurs brûlants, tous en chemin ! ». Cœurs brûlants d’amour ! C’est nous tous ! Etre chrétien, ce n’est pas d’abord des règles à observer, des choses tristes et ennuyeuses. Être chrétien, c’est répondre à une invitation de quelqu’un qui nous aime. Être chrétien, c’est découvrir qu’on est aimé, et aimer à notre tour, avec Jésus. Les missionnaires partis sur tous les continents en étaient convaincus. Nous sommes tout près du port de Bordeaux. Dans la 2ème moitié du XIXème siècle, un jeune de Langon, Louis Beaulieu, qui n’avait jamais quitté sa région, se risque de prendre le bateau pour un voyage de 6 mois vers la lointaine Corée. « Cœur brûlant, tous en chemin ». Quelle audace ! Il veut partager l’amour du Seigneur ! Mais où sont les cœurs brulants aujourd’hui ? Mais dans notre assemblée ! Qui parfois stimule nos paroisses vieillissantes ? Qui réchauffe les cœurs par des chants joyeux et une foi fervente ? Des frères et sœurs venus d’Irak, d’Afrique, d’Asie ou du continent latino-américain ! Vos chants, vos chorales, votre ferveur nous font du bien ! Et les cœurs des uns et des autres deviennent brûlants d’amour et nous reprenons la route !

Alors, oui, elle est belle notre assemblée ; dans un monde meurtri, elle est porteuse d’espérance. Cœurs brulants d’amour, nous chantons notre Dieu et nous reprenons la route de l’amour, de la fraternité et de la paix. Amen.

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