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Témoignage groupe Place et Parole des Pauvres

Publié le 7 juin 2024

Dès le début de la préparation de la fête de la diaconie, l’idée d’associer les personnes qui vivent la pauvreté ou la précarité nous a paru essentielle. Nous avons été encouragés par Mgr James qui garde un souvenir très fort des témoignages du groupe Place et Parole des Pauvres créé pour Diaconia 2013.

Nous étions une dizaine au départ mais notre groupe s’est élargi : des personnes qui ont connu la galère, un peu, beaucoup, ou pas du tout ! Très vite, des liens de fraternité forts se sont créés entre nous, et nous avons pris soin les uns des autres, notamment des plus fragiles. Nous prions aussi les uns pour les autres. Nous ne sommes pas forcément rattachés à des paroisses mais engagés au Secours Catholique, à Lazare, ATD Quart Monde, ou Simon de Cyrène. Nous sommes proches de l’Église ou en périphérie, mais nous avons beaucoup de choses à dire sur la Fraternité et sur la confiance. Les paroles que nous allons partager sont celles de personnes qui ont une vie difficile et une foi profonde. Écoutons les avec un cœur ouvert.

La Fraternité

La Fraternité c’est une famille : au Secours Catholique on se connait tous, on partage. Le problème de l’autre est le problème de tous. On est soudé ; c’est facile ou difficile mais on partage quelque chose de savoureux
La Fraternité c’est aller vers l’étranger, vers l’extérieur. En communauté on se connait déjà : entre blacks, entre arabes …. En fraternité on est tous mélangés, toutes les religions. Parfois c’est dur : c’est ton frère, il n’a pas les mêmes idées que toi, mais c’est ton frère quand même.
Pour moi c’est déjà savoir écouter … ne pas juger …. essayer de comprendre, parce que les gens ils jugent trop vite.
La fraternité c’est un sentiment : ça engage à des actions, on est solidaire, on s’entraide. Impossible à définir : ça se vit ! Comme dans une famille, cela multiplie l’amour pour les autres ; plus qu’une addition, c’est une multiplication
Nous en coloc Lazare on a vécu un lien fraternel avec certains ; pas avec d’autres. Il faut accepter les aspérités du quotidien. Dieu agit là où nous avons nos limites.
Les amis c’est souvent des gens qui nous ressemblent. La fraternité c’est avec des gens avec qui je n’ai rien de commun ; ça va me demander un travail ; c’est difficile …. C’est un chemin qui va m’emmener loin …je ne sais pas où d’ailleurs ? Il faut vraiment faire un effort pour aller vers la personne, pour entrer en relation avec une personne qui n’est pas « aimable » …et alors, avec le temps, quelque chose va naitre
La fraternité c’est savoir accueillir de nouvelles personnes qui arrivent dans le quartier, françaises ou étrangère …. C’est avoir un sourire, même si on ne connait pas la personne, ou dire BONJOUR !

La fraternité en Église


L’Église c’est pas forcément de l’argent ; c’est la chaleur humaine. Je crois que c’est ça qu’il veut l’évêque : que les chrétiens se connaissent en frères et sœurs. On a bien le même père ! c’est la couleur qui change… Il faut qu’on fasse un effort.
En regardant la personne en face de toi, il faut regarder à travers la personne le « petit Dieu » qui est là. Et si tu prétends aimer Dieu il faut aussi aimer cette personne qui est en face de nous.
Dans toutes les églises de la Gironde, il n’y a qu’à faire des fraternités ; chaque secteur a sa fraternité et on se connait : c’est des petites familles ! si quelqu’un a un souci on va le véhiculer et toute la grande famille sera au courant …et on aura une visite. Si tu vois des frères chrétiens qui viennent te visiter : quelle joie ! quel honneur ! mais on ne le fait pas …Cet amour qui règne dans notre petite communauté on va le transmettre à l’Église.
La fraternité c’est doux !

La confiance
La confiance c’est très dur …j’ai tellement été bernée. Ici, je me sens libérée. Je peux parler et je me sens écoutée. J’ai confiance en vous. Avant j’avais confiance en personne, même pas en moi.
Quand on parle ici, on n’a pas la sensation d’être jugée. On est à l’aise de dire ce qu’on veut, qui vient du cœur. Je remarque que je peux m’exprimer, sans être jugée. On sent cette confiance je peux pas expliquer …vous écoutez …vous ne jugez pas …ça me donne de l’assurance … comme s’il y avait quelqu’un qui me disait : parle !!!

Moi J’ai été souvent déçue par la confiance donnée. J’ai du mal !! Mon histoire de vie n’est pas facile, mais ça m’a fait grandir. Je suis fière de ce que je suis devenue. Je n’avais pas du tout confiance en moi. J’ai beaucoup de mal à faire confiance mais j’y travaille, par des petits pas.

La confiance vient seulement quand j’accepte de regarder mes faiblesses, de baisser les armes. Voir l’autre comme un autre en détresse, comme je le suis. Pour moi la confiance, je ne l’ai pas eu pendant très longtemps. Je ne suis pas dans l’attente de l’autre. J’ai les mains vides …vides de moi. Quand est-ce que je vais baisser mes barrières pour aller vers l’autre ? Parfois je me force pour aller vers l’autre, il y a toujours des bonnes surprises. Ce qui m’empêche de faire confiance ? mon brouillis intérieur ! Plein de gens sont intervenus dans ma vie ; je n’étais pas capable d’entendre ; ce que je vivais était trop violent. Quand tu sens la paix de l’autre, ça se sent ; c’est animal ! Des gens ont réussi à me mettre en confiance : juste une attitude, un mot, ça permet de poser les armes.

La confiance en l’Église

D’abord c’est l’écoute ; après nait la confiance. La confiance ne peut pas venir du jour au lendemain. On a peur d’être rejetée. Tu fais confiance et on te blesse. J’avais tellement confiance à l’Église mais en venant ici j’ai couru après l’Église et je n’ai pas trouvé. C’est ici au Secours catholique que j’ai trouvé mon église, ma maison : Avant je croyais qu’ici c’était l’église. Mais ce sont les associations qui font le travail de l’église. Ici c’est chez moi, je suis venue ici en pleurant. Mais c’est le travail de l’église. Je suis déçue, déçue, déçue… Avant j’étais très pratiquante, l’église là-bas, en Afrique, c’est comme ici au Secours Catholique. Mais en France c’est le contraire. Ça me fait honte moi-même ; je dis que le Secours Catholique c’est l’Église.

Une fois par mois, je vais dans un groupe qui mélange des SDF et des non-SDF, tout le monde est mélangé ; personne ne se regarde de haut, on ne pose pas de questions… Des personnes se transforment, il y a un avant et un après. J’ai vu des gens se transformer, au début des personnes un peu agressives, puis petit à petit la confiance s’installe. C’est beau ! et c’est nulle part ailleurs ! Le prêtre est présent, pas à chaque fois mais il est accessible, il ne nous abandonne pas, il prend soin de nous. J’ai vu une fille devenir croyante, elle a dit : » je savais pas que ça existait la fraternité ! » et elle a fait son baptême.

C’est quoi l’Église : c’est l’amour ! C’est une personne, pas le bâtiment. Ici j’ai manqué de ça. Personnellement, toi aussi tu es l’Église, mais l’Église ne te connait pas. Quand tu essayes de rentrer dans un groupe, on se donne rendez-vous en ton absence…. Comment vous pouvez donner la parole de Dieu à des gens, si vous ignorez ces gens. Moi aussi je pose la question à mon évêque : où est l’Église ? le prêtre, il doit parler aux personnes de l’église à l’extérieur, mais la porte de l’église est fermée. Qu’il sorte dehors ! les gens sont dehors … moi je suis dehors . Si vous fermez, comment je peux entrer ? Les gens dehors souffrent de ne pas manger mais surtout ils n’ont pas la Parole de Dieu. L’esprit a besoin de nourriture. Manger oui ! Mais ce n’est pas tout. C’est comme si les catholiques n’existaient pas. Maintenant je n’ai plus d’endroit pour partager la parole de Dieu, je reste chez moi je lis la Bible. Il faut donner aussi à manger spirituellement : ça donne la vie quand vous lisez la Bible.

Les groupes “Place et Parole des Pauvres“ rassemble des personnes appartenant à des groupes d’Église dont les membres aspirent à une vie normale en luttant contre la misère, la honte et l’exclusion.

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