Prêtres à la manière de saint Vincent de Paul

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Retrouvez l'homélie de Mgr Nicolas Souchu évêque d’Aire et Dax, à l'occasion du pèlerinage provincial des prêtres pour les vocations, le mardi 6 décembre.

Chers frères évêques,
Chers frères prêtres de la province de Bordeaux,

Saint Vincent de Paul est certainement l’une des figures de sainteté la plus liée aux diocèses de notre province ecclésiastique de Bordeaux. Né au Pouy, là où nous avons eu rendez-vous ce matin, actuellement au Berceau, sur la commune qui a pris le nom de Saint-Vincent-de-Paul, Vincent a fait ses études au collège des Cordeliers à Dax. Il a été ordonné prêtre le 23 septembre 1600 à Château-Levêque, dans le diocèse de Périgueux. Nul doute qu’il a traversé l’actuel diocèse d’Agen pour s’y rendre, depuis Toulouse. Nommé curé de Tilh par le vicaire général de Dax, (dernière commune des Landes avant l’actuel diocèse de Bayonne), il semblerait qu’il n’ait néanmoins jamais rejoint cette paroisse sous prétexte qu’un autre prêtre avait été nommé à cette cure en même temps que lui. Aumônier des galériens de Bordeaux, c’est à l’occasion d’une retraite prêchée pour eux dans cette ville, que Vincent de Paul est revenu pour la première et la dernière fois, dans sa famille au Pouy en 1623, il y aura donc bientôt 400 ans. Et comme en 1620 a été retrouvée ici-même dans les marais la statue de Notre-Dame de Buglose qui trône dans cette basilique, Vincent en profite pour venir en pèlerinage et y célébrer la messe, comme nous le faisons aujourd’hui. 

Alors, comment être prêtre à la manière de saint Vincent de Paul, éclairés par les textes de ce mardi de la deuxième semaine de l’Avent ?

IMG-20221206-WA0011(1).jpgLe passage d’Isaïe, notre première lecture, constitue le début du livre de la Consolation (chapitres 40 à 55, du prophète d’Isaïe). Il commence par ces appels : Consolez mon peuple, parlez au cœur. Saint Vincent de Paul a su être un homme, un prêtre de consolation, qui a parlé au cœur à la fois des pauvres et des puissants. Notre société connait bien des fractures, notre Église aussi. Dans notre ministère de prêtre, nous trouvons souvent la joie lorsque nous sentons que nous pouvons toucher les fidèles par la parole, par les actes, par le sacrement de pénitence et de réconciliation. Vincent a été un jeune prêtre impatient. Il a été ordonné à vingt ans (ce dont je crois il ne s’est jamais vanté !). Il se met à rechercher des bénéfices, il n’est pas rassasié par son ministère. Et nous, prêtres du 21ème siècle, que cherchons-nous ? À être reconnus ? À vouloir faire toujours plus ? Est-ce que cela est porteur de vocations ? Au contraire, si nous sommes des êtres de miséricorde, de consolation cela pourra influer sur ceux et celles qui nous sont confiés. Si nous parlons au cœur, nous irons à l’essentiel, ce qui nous empêchera de nous décourager devant les multiples sollicitations qui sont les nôtres et qui, finalement ne nourrissent personne.

Que dois-je proclamer ? questionne le prophète. Et celui-ci entend comme réponse : « L’homme est comme l’herbe, le peuple est comme l’herbe. L’herbe se dessèche, mais la Parole de notre Dieu demeure pour toujours ». Vincent a été un prêtre en crise, assailli par le doute, le vœu qu’il fait de se consacrer aux pauvres le délivre de sa crise spirituelle. Bérulle l’éblouit, Saint François de Sales le transforme. Qu’est-ce qui nous transforme dans notre ministère ? Nous avons si peu l’impression d’être fécond, de n’avoir jamais suscité de vocations particulières. Ce fût mon cas. Lorsque j’étais jeune prêtre (beau et dynamique !), je me voyais bien susciter des vocations ! Mais j’ai eu des déconvenues. Et à ma grande surprise, j’ai été nommé directeur au séminaire. Le Seigneur me mettait sur un plateau des vocations à accompagner. C’est bien la Parole de Dieu qui demeure, c’est elle que nous devons proclamer et non pas nos aspirations les plus légitimes.

L’Évangile nous décrit l’épisode de la brebis perdue et retrouvée. Et il précise en concluant : « Votre Père des Cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu ». Saint Vincent de Paul est devenu le Père des pauvres, l’apôtre de la charité. C’est cela qui fait sa force et qui a suscité de nombreuses vocations. Il disait : « Il ne suffit pas d’aimer Dieu si mon prochain ne l’aime ». Voilà pourquoi il s’emploie avec ardeur à la formation du clergé, il fonde les prêtres de la Mission (les Lazaristes), les Filles de la Charité dont il dira : « J’ai donné aux femmes un ministère dans l’Église, le ministère de la Charité ». Saint Vincent de Paul cherche tout simplement à répondre aux besoins de son temps, notamment dans deux secteurs décisifs pour tout l’apostolat de l’Église : les pauvres et le clergé.

Nous voici donc, prêtres du 21ème siècle, dans la province de Bordeaux, rassemblés pour ce pèlerinage pour les vocations. Saint Vincent de Paul a une phrase formidable qui se trouve sur le lieu même de sa naissance : « L’Amour est inventif jusqu’à l’infini ». Comment ne pas lui demander, pour aujourd’hui et pour demain, quels chemins prendre pour être appelants, pour susciter et accompagner des vocations ?

Celles-ci viennent de Dieu. Confions-lui ces intentions au cœur de cette eucharistie que nous célébrons tous ensemble avec nos évêques.

 

+ Nicolas SOUCHU
Évêque d’Aire et Dax