Mise en garde de Mgr Benoît Bertrand, Président de la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France à propos des écrits de Luisa Piccarreta (1865-1947).
Aux évêques de France
Monseigneur,
Cher ami,
En divers de nos diocèses, les écrits de la Servante de Dieu Luisa Piccarreta se diffusent. Leur examen détaillé et approfondi, sans préjuger de la conduite exemplaire de la vie et de l’exercice des vertus de Luisa Piccarreta, a conduit à ne pas concéder jusqu’à présent le Nihil Obstat pour la poursuite de la Cause de Béatification et Canonisation.
Les difficultés relevées dans les écrits sont de nature à la fois théologique (une conception de la Divine Volonté trop mécanique et obsessionnelle ne semblant pas laisser à l’homme la possibilité d’exercer son libre arbitre), christologique (une doctrine de la réparation et de la spiritualité victimale n’intégrant pas le primat de l’amour miséricordieux, immérité et inconditionnel de Dieu et risquant d’annuler ou relativiser l’offrande libre et gratuite du Rédempteur), et anthropologique (une spiritualité marquée par un pessimisme sur la nature humaine avec peu de références à la résurrection du Christ, à l’espérance chrétienne, à la grâce sanctifiante, à la bonté de la création et à la communion ecclésiale).
En s’appuyant sur les informations reçues du Saint-Siège, et face aux difficultés relevées ci- dessus, il conviendra d’éclairer les consciences des croyants pour éviter de possibles confusions.
En l’occurrence, il est nécessaire que la spiritualité de la Servante de Dieu Luisa Piccarreta soit présentée dans la perspective du mystère de la gloire et de l’amour miséricordieux, afin d’éviter les interprétations hétérodoxes et trompeuses du message chrétien. La croix elle-même doit être regardée, contemplée et accueillie à partir du mystère resplendissant de la résurrection du Christ, toujours vainqueur du mal et de la mort, ainsi que donateur de l’Esprit « sans mesure ».
Au nom de la Commission Doctrinale, je vous assure de notre disponibilité et vous prie de croire, Monseigneur, cher ami, à mes salutations fraternelles en Celui qui est le Pasteur des pasteurs.
Benoît BERTRAND
Évêque de Mende
Président de la Commission doctrinale de la CEF
