Fiche 4 : Évangéliser, est-ce du prosélytisme ?
L’évangélisation est une proposition, et non une imposition, ce qui fait toute la différence avec le prosélytisme. Il faut en être convaincu, pour pouvoir comprendre ce qu’est l’Évangélisation. Évangéliser, c’est proposer l’amour de Dieu… et l’amour ne s’impose pas !
Tout être humain est libre de suivre Jésus ou non. Mais si personne ne lui dit rien sur Jésus, comment peut-il être libre de choisir, puisqu’il ne le connaîtra pas ? Comment être libre si on n’a pas le choix ? Et comment avoir le choix si on ne connaît pas ? « Comment entendre sa Parole, si personne ne l’a proclamée ? » (Romains 10, 14). Évangéliser, c’est donc rendre l’autre plus libre.
Le Christ nous a dit que la Vérité nous rendrait libres (Jean 8, 24). Et il est la Vérité. Aimer, selon l’Évangile, c’est « faire du bien ». Et le plus grand bien, le premier don que nous pouvons faire à ceux que nous rencontrons, c’est de leur annoncer, de leur faire connaître Jésus. Notre but n’est pas de les enrôler dans un programme spécifique, mais de nous soucier de leur bien et les aider, autant que nous le pouvons, à répondre à leur vocation de fils de Dieu.
L’évangélisation n’est évidemment ni du prosélytisme, ni de la propagande, ni l’intrusion dans la vie personnelle de quelqu’un pour forcer sa liberté. Et le pape François a plusieurs fois insisté sur ce refus du prosélytisme : « Les chemins de la mission ne passent pas par le prosélytisme. Rappelons-nous Benoît XVI : ‘‘L’Église ne s’accroît pas par prosélytisme, mais par attraction, par le témoignage’’. Non, ils ne passent pas par le prosélytisme qui conduit toujours à une impasse, mais par notre manière d’être avec Jésus et avec les autres » (Rencontre à la cathédrale de Rabat, 31 mars 2019) ; « le prosélytisme exclut le Christ lui-même de la mission… Le prosélytisme est toujours violent par nature… Il ne supporte ni la liberté ni la gratuité avec laquelle la foi peut se transmettre par grâce, d’une personne à une autre » (Ne pas mettre d’obstacle au désir de Jésus d’embrasser chacun, 4 novembre 2019).
L’évangélisation propose donc, dans la ferveur d’une foi communicative et dans la joie, la rencontre avec le Christ. Elle suppose le respect des consciences. Mais ce respect n’empêche pas d’aller vers les personnes avec détermination et sans honte, car nous savons que la promesse du vrai bonheur que chacun attend secrètement se trouve auprès du Christ Sauveur : « Nous n’avons pas de produit à vendre, mais une vie à communiquer », comme le dit le pape François (Discours aux responsables des Œuvres pontificales missionnaires, 1 juin 2018). Et pour cela, il faut entrer en dialogue avec ceux qui ne croient pas ou qui n’ont pas la même foi que nous.
D’où les critères de la nouvelle évangélisation donnée par le Pape François (cf. Exhortation post synodale La joie de l’Évangile, nn° 40-45) : miséricorde, prudence, vérité, respect du temps, adaptation… toutes vertus qui viennent de l’Esprit Saint et que nous devons lui demander.