Mgr James a ouvert solennellement l’Année Sainte 2025 le dimanche 5 janvier à la cathédrale Saint-André. Retrouvez son homélie.
En la fête de l’épiphanie, nous ouvrons l’année jubilaire 2025. Le Pape François nous invite à y être pèlerins d’Espérance, en paroles et en actes !
Oui, pèlerins. L’Évangile de la fête nous parle de mages : à la vue de l’étoile, ils se lèvent ; ils se mettent en route. Ils avancent, ils guettent les signes. Ils cherchent, mais quoi ? Veulent-ils comprendre ce signe de cette étoile ? En tous les cas, ils prennent la route. Dans nos crèches, on les représente aux couleurs de peau différentes, aux âges différents : les jeunes, l’âge mûr, les gens âgés. C’est notre assemblée ! Une assemblée, un diocèse qui se met en route ce soir ! Que cherchons-nous ? L’amour sans doute, la vérité peut-être. Un sens parfois dans le chaos du monde : faut-il nommer Mayotte dévastée, ou Gaza et l’Ukraine sous les bombes ou l’attentat de la Nouvelle Orléans ? Destructions, morts, larmes ! Et notre pays en difficultés lui aussi ! Non, « l’Espérance ne va pas de soi, s’écriait Charles Péguy. Le facile et la pente, c’est de désespérer, et c’est la grande tentation ». Faut-il se calfeutrer, s’isoler, se replier ? Au contraire ! Prendre la route et devenir pèlerins d’Espérance ! Comme les bergers qui se lèvent dans la nuit de Noël, comme les mages, nous « mettre en route » ( Lc 2, 16 ). Avec hâte, sans tarder, aller de l’avant, entraînant les autres avec nous, passant les obstacles épaule contre épaule, nous soutenant les uns les autres, tout spécialement les catéchumènes désireux de marcher avec nous ! Oui, nous sommes Pèlerins, car la route a un but ! L’étoile guide les mages « au dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Et tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui », l’Enfant-Dieu.
C’est Lui, le Christ notre Espérance ! Pèlerins d’Espérance, nous marchons vers Lui. Cette année marque les 1700 ans du Concile et du symbole de Nicée. Mais quel écart, quel immense écart entre les opinions courantes sur Dieu aujourd’hui, et le paradoxe de la foi chrétienne ! Nous allons chanter que ce Christ, Enfant de la crèche, est « consubstantiel au Père ». Nos aînés, les pères de ce concile ont défendu cela au prix de leur vie ! Ils étaient loin d’être majoritaires ! La majorité préférait les idées populaires du prêtre Arius ; c’étaient des idées plus faciles pour la raison, moins subversives pour les pouvoirs de l’époque. Or nos aînés ont médité les paroles de Jésus, entendues au début de la messe : « croyez-moi ! Je suis dans le Père et le Père est en moi ». Alors, un des pères, Saint Athanase, exilé, emprisonné, insiste : « Fils véritable de Dieu, il s’est fait fils de l’homme ; Fils unique de Dieu, il s’est fait l’aîné parmi beaucoup de frères. Nous n’adorons point une créature, oh non ! C’est le Maitre de la création fait chair, le Verbe de Dieu que nous adorons ». La voilà notre Espérance ! C’est lui Jésus, vrai Dieu et vrai homme qui marche à nos côtés et partage notre vie sauf le péché ; c’est lui qui va au devant de tous et en particulier des plus petits car tous sont ses frères ; c’est lui Jésus vrai Dieu et vrai homme qui donne tout et se donne, lui qui est ressuscité et vivant ! En lui la Vie a déjà vaincu la mort et une fois pour toutes ! Nous croyons en cette victoire finale de l’amour sur la mort. Notre Espérance est là. A la fin de la messe, grâce au service de la Pastorale de la Santé, je vais bénir les 70 icônes qui vont circuler dans le diocèse, pour nos frères et sœurs malades, handicapés, âgés qui ne peuvent pas bouger et veulent vivre leur jubilé. Ils vont redire leur foi en la victoire définitive de la vie et de l’amour ! Ils vont offrir leur présent (ni or, ni encens, ni myrrhe), mais le présent de leur vie sur un lit d’hôpital ou à la maison, le présent de leur épreuve, simplement pour être avec Jésus. Leur foi et leur Espérance nous portent !
Allons les visiter ! Car, nous dit le Pape : « l’espérance naît de l’amour et se fonde sur l’amour ». Allons les visiter, nous les pèlerins ! Car l’Espérance ce n’est pas une sorte d’illusion ou d’évasion qui nous rendrait indifférents à notre monde ! Elle est espérance en paroles et en actes : elle se vit dans la diaconie de l’Église ; elle se donne à voir par des actes concrets d’amour ! « Quand la violence détruit les relations, quand la vie des plus faibles, notamment ceux qui vont naitre et ceux qui vont mourir n’est pas respectée, quand les replis sur soi ignorent la misère des autres, alors le témoignage des chrétiens est nécessaire » (Cal Aveline). Témoignage de notre foi en l’amour plus fort que la mort, en la communion fraternelle plus forte que les divisions et les replis sur soi, en la force du pardon ! Témoignage qui jaillit de notre cœur. Chers frères et sœurs, dans quel état est-il, notre cœur en ce début d’année ? Car ce qui compte cette année, c’est aussi et d’abord la conversion des cœurs. Alors, le Christ nous propose une cure de jouvence ! En accueillant la grâce jubilaire, l’indulgence du Seigneur, notre cœur vieilli avant l’âge, abîmé, meurtri peut-être renaît à l’Espérance, est guéri même de ses rides, des mauvais plis dûs au péché. Oui, grâce à cette année jubilaire, Église en Gironde, je t’appelle à une nouvelle jeunesse ; rayonne la beauté de l’Espérance, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.