Renoncer au mal, faire un acte de foi ! C’est ainsi qu’a commencé le pèlerinage à Rome ; vraiment commencé, pour 81 personnes venues de tout le diocèse et tout particulièrement de la paroisse de Blaye-et-Bourg, arrivées la veille dans deux avions différents.
Nous étions au baptistère de Saint Jean-de-Latran que nous avons traversé, descendant dans la cuve pour remonter par le 8° côté, pour vivre du côté de la nouvelle création. Mgr l’archevêque nous sollicitait ainsi pour que nous renouvelions les promesses de notre baptême tout en portant dans notre prière nos parrains, marraines, parents, catéchistes, prêtres, religieuses, frères et sœurs dans le Christ, qui nous avaient accompagnés ou qui nous accompagnent encore en nous faisant découvrir l’Église, vivre la foi en Église.
Il s’agissait ensuite de passer les contrôles électroniques, portes qui n’avaient pas grand-chose de saintes, mais qu’il a fallu franchir, déclenchant parfois un bip sonore qui ne facilitait pas le recueillement mais qui nous ouvrait le passage vers une porte sainte. Qu’avait-elle de plus ? Elle avait été ouverte par le Pape dans la période des fêtes de la nativité. Nous allions en franchir quatre en cinq jours, quatre avant lesquelles il fallait toujours quitter quelque chose pour nous laisser transformer en êtres nouveaux, expérience de transformation de nos vies à travers nos corps mis en action pour un changement. Après la porte, ce n’est pas comme avant ! On a au moins changé de pièce, et à Rome, quelles pièces ! La basilique Saint Jean-de-Latran, cathédrale du Pape évêque de Rome, première basilique de la chrétienté, nous accueille. Les colossales statues des apôtres, de saint Jean-Baptiste, de huit docteurs de l’Église grecque et Latine qui nous signifient l’unité de l’Église du Christ et nous appellent à construire l’unité. Ce temple, dans sa magnificence, n’est rien si nous ne sommes pas l’Église née du baptême et de la Pentecôte. Et des temples, nous en voyons de nombreux dans le Forum et comprenons, à travers des restes de monuments antiques, comment l’Église s’est implantée eu cœur de l’empire romain.
C’est le deuxième jour, en marchant vers Saint Pierre, que nous avançons plus loin dans notre cheminement spirituel. Avec Isabelle Ducousso, directrice du Service diocésain des pèlerinages, nous sommes rassurés de l’organisation romaine mais nous nous reportons quand même à ce que nous avons préparé pour vivre chaque passage de porte. Ainsi, rassemblés au pied du château Saint-Ange, nous appelons sur nous l’Esprit-Saint pour recevoir ses sept dons, pour être renouvelés et rendus actifs pour la gloire de Dieu dans l’Église et dans le monde. Et nous marchons sur 700 mètres, tranquillement, en méditant quelques textes qui nous disposent à franchir la porte sainte pour entrer ensuite dans la Basilique Saint Pierre. Invités à prendre conscience que nous sommes le peuple de Dieu qui demande l’indulgence plénière sur nos vies nous pénétrons dans la basilique Vaticane et prions pour que chaque pierre vivante contribue à sa place à la solidité et à la beauté de l’édifice, afin que le monde croit.
Beaucoup de monde dans la basilique, un léger brouhaha constant malgré l’interdiction faite de ne pas commenter la visite, seuls les guides, un pour 15 personnes, ayant le droit de le faire. Le Père Francis Beck l’a fait pour nous avant d’entrer pendant que nous franchissions les portiques électroniques, Mgr James s’est risqué à le faire en parcourant l’édifice dans lequel nous avons pu revenir le lendemain en fin de matinée. Nombreux sont les pèlerins qui se sont confessés, en harmonie avec la démarche de nos corps franchissant les portes d’entrées de l’expérience chrétienne. Dans chaque basilique majeure chacun a pu profiter de la présence de confesseurs bien ajustés à la démarche jubilaire. Nous célébrons dans l’après-midi, tout en découvrant le quartier du Trastevere, en l’église Saint-Barthélémy-en-l’île, église des martyrs du XX° siècle. Beaucoup sont frappés d’y avoir retrouvé des noms connus auxquels on ne pense pas souvent : André Jarlan, Oscar Romero, Christian de Chergé …
Nous avons rendez-vous le soir avec le Père Bernard Ardura, originaire du diocèse, qui souligne la dimension œcuménique de l’année jubilaire et nous partage son travail pour la canonisation du Père Charles de Foucauld. Intervention très appréciée par les pèlerins.
Nous revenons le mercredi pour l’audience pontificale qui se fait dans la salle Paul VI où le pape accueille plus de 6000 personnes pour une catéchèse lue par le Père Giroli sur la Visitation de Marie à Élisabeth ; Marie, poussée par l’amour, qui ne reste pas à contempler ce qui se passe en elle mais qui se met aussitôt au service. L’horaire de l’audience -9 heures- s’il nous a fait lever tôt, nous a aussi permis de revenir à Saint-Pierre en prenant notre temps, nous plongeant dans l’histoire de l’Église à travers celle des papes. Nous nous recueillons sur leurs tombeaux dans la crypte, celui des premiers d’entre eux, Pierre, étant à l’aplomb du maître-autel de la basilique. Nous parcourons l’après-midi la Rome baroque avant d’aller célébrer l’Eucharistie en l’église Saint-Nicolas-des-Lorrains après un temps de célébration pénitentielle porté par la lecture de la rencontre de Jésus avec Nicodème. Il faut renaître. Je fais remarquer, à ce propos, que la couleur liturgique du sacrement de la pénitence et de la réconciliation devrait être le blanc ! Renaissance, naissance d’en haut.
Jeudi, troisième porte pour entrer dans la basilique Sainte-Marie-Majeure et se mettre à l’école de Marie, mère de Jésus-Christ Fils de Dieu, Mère de l’Église et notre Mère. Je retiens l’homélie de l’évêque : Accueillir, Recueillir, Offrir, Compatir, Espérer. Ainsi vit Marie, modèle de notre démarche spirituelle qui veut irradier, transfigurer notre vie et par-là, le monde.
Nous parcourrons à nouveau, mais en découvrant des rues encore inconnues, la Rome baroque que Sandrine, la directrice de l’agence à qui nous nous sommes adressés et qui est éprise de cette époque de l’histoire, nous fait aimer. Le soir, au restaurant « l’eau vive » proche de la place Navone nous fêtons le dernier repas pris ensemble car demain vendredi, dès la fin de la messe, le groupe de 25, premier arrivé, sera le premier parti pour être à 10h30 à l’aéroport Léonard-de-Vinci de Fiumicino.
Vendredi. Il est tôt quand je fais une introduction un peu longue devant la statue de Saint Paul, retraçant la démarche du pèlerinage : Renaitre en Jésus-Christ vrai Dieu et Vrai homme ; accueillir l’Esprit Saint et croire ; être l’Église avec Marie et témoigner ; et enfin être envoyés pour annoncer par la Parole et par les actes. Diversité des formes de l’annonce de la Vie par une Église enfouie au milieu des hommes comme saint Charles de Foucauld, témoignant de la révélation de l’Évangile auprès d’amis partageant la foi en Dieu Unique avec les moines de Tibhirine, annonçant la Parole à la suite de saint Paul comme le Cardinal Lavigerie et les Pères Blancs en Afrique. C’est l’envoi : Allez dans le monde entier nous dit l’évangile de ce jour dans la finale de Saint Marc. Annonce, Apôtres, Action de grâces, Avec, ai-je écrit dans la paume de ma main pendant l’homélie.
Nous recevons un certificat du pèlerinage de l’Espérance parce que nous avons dit notre désir de changement intérieur pour revenir ragaillardis chez nous, faisant ainsi l’expérience qu’il est donc possible de ne pas se laisser éparpiller, distraire par toutes les richesses de Rome, qu’elles soient d’ordre spirituel, matériel, historique, ecclésial … pour devenir, en plongeant dans l’expérience chrétienne, Pierres Vivantes plus belles, et ainsi contribuer, unis les uns aux autres, à rendre plus belle l’Église, plus beau le monde.
Il en est ainsi quand la Foi et la Charité tiennent la main à l’Espérance.
Gérard Faure+
Prêtre accompagnateur du Service diocésain des pèlerinages




