Cinq chemins vers le diaconat

Il me semble qu’il ne m’est pas demandé d’apporter quelque chose mais simplement de m’effacer pour rendre visible Celui qui nous appelle à le suivre. (Renaud Dulin)

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Ce 14 juin 2015, à 16h, ils seront 5 diacres à être ordonnés par Mgr Ricard en la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Ils reviennent sur leur appel, le temps de préparation et de discernement et sur ce que cet engagement change dans leur vie.

 

Comment avez-vous été appelé à cette vocation ? 

Renaud Dulin : Bien avant l’appel par l’évêque, c’est un diacre, Jean-Claude Dupart qui, il y a 5 ans,  m’a interpellé à ce sujet. Venu nous rencontrer avec son épouse Francine, à la maison, il m’a tout simplement posé la question suivante : As-tu déjà pensé au diaconat ? La question m’a surpris, ébranlé même, et il s’est écoulé une bonne année avant que je ne me décide à rencontrer le père Alain Dagron (délégué diocésain pour le diaconat) qui m’a proposé d’entrer, avec mon épouse Jacqueline, dans une équipe de discernement.

André Frech : C’est à l’occasion d’une ordination diaconale à Talence, il y a quelques années, que j’ai découvert pour la première fois le diaconat et que j’ai entrevu dans celui-ci une façon de servir l’Église qui me parlait. La question est restée, ravivée quelques années plus tard par le passage, dans une réunion du conseil pastoral dont je faisais partie, de diacres venus parler du diaconat et inviter à lancer l’appel.

Joël Basileu : Dans mon parcours de chrétien, qui ne date pas d’aujourd’hui, cela me tenait à cœur de faire cette démarche. Un grand désir en moi a mûri. Cela s’est concrétisé en 2007, suite à une homélie du prêtre qui était à l'époque en charge du secteur pastoral de Saint-Vivien de Médoc - Lesparre. Il a fallu 3 ans pour ressentir au plus profond de moi la certitude pour répondre en faveur du diaconat.

Georges Pauly : Jeune, j'étais attiré par la prêtrise, mais cela ne c'était pas concrétisé. J'ai commencé ma carrière professionnel dans l'armée, et lors d'une discussion avec un aumônier laïc sur une base aérienne la question du diaconat s'est posée. Il m'a conseillé de me renseigner. J'en ai parlé avec un prêtre de la communauté de l'Emmanuel qui m'a invité à attendre un peu. Quelques années après, il y a près de 5 ans, il m'a lui même envoyé vers le père Alain Dagron.

Sylvain de Resseguier : J’ai été interpellé par le curé de ma paroisse en 2007. L’appel était ouvert, assez vite il m’a semblé que c’était vers le diaconat et non vers le presbytérat que mon chemin s’orientait.

Comment s’est déroulé le temps de discernement ? Sur quoi avez-vous pris appui ?

Renaud Dulin : Une année de discernement est proposée avant d’entrer en formation…mais ce temps de discernement dure bien au-delà ! Le moment décisif fut pour moi le temps de retraite proposé en 2ème année, retraite proposée sur le modèle des exercices ignatiens. J’ai alors découvert combien Dieu était « bavard »… pour peu que l’on se mette sérieusement à son écoute à travers sa Parole.

André Frech : Le discernement s’est fait, je crois, très vite. La très grande paix intérieure qui m’a habité dès l’instant où mon conseiller spirituel m’a invité à envisager l’éventualité du diaconat a été pour moi comme une Parole de Dieu sur laquelle je continue à prendre appui. Cette assurance intime a été confirmée par l’ouverture immédiate et la disponibilité à cet appel que j’ai trouvé chez mon épouse lorsque je m’en suis ouvert à elle.

Ensuite le cheminement avec l’équipe de discernement pendant une année, l’accompagnement spirituel, les retours favorables des personnes à qui je m’en suis ouvert et enfin la rencontre avec notre évêque en fin d’année de discernement m’ont conduit naturellement à faire le pas d’entrer dans le cycle de formation pour le diaconat.

Joël Basileu : Le temps  du discernement a été un temps fort de réflexion, surtout avec mon épouse, car nous étions tous les deux concernés. J’ai pris appui sur un verset qui m’a beaucoup inspiré dans ma vie : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe.» Ap 3,20. Une porte s'était entre-ouverte dans notre vie, nous l’avons poussée.

Georges Pauly : J'ai vécu ce temps patiemment. Il y a eu des épreuves à traverser. Je voulais savoir ce que le Seigneur attendait vraiement de moi, mais aussi de mon épouse et de ma famille. Ce n'est pas une aventure dans laquelle je me lançais seul. Je me suis appuyé sur ma famille, sur mes amis et certains paroissiens de Pessac où j'étais à l'époque. J'ai aussi suivi des cours de théologie à l'Institut Pey Berland.

Sylvain de Resseguier : Le temps de discernement est un temps intime, compliqué qui s’appuie sur tout un faisceau d’éléments disparates et souvent inattendus.

Qu’a changé pour vous cet engagement et le temps de préparation et de formation ?

Renaud Dulin : Ce temps m’a surtout appris à m’abandonner, à ne plus chercher à tout maîtriser ; à comprendre que je ne dois justement par chercher à comprendre pourquoi j’ai été appelé, à me laisser conduire là où le Seigneur veut m’amener, tout en sachant qu’Il ne me laisse pas seul.

André Frech : Cet engagement, le temps de préparation et de formation, ont été et sont encore un temps de dépossession, d’acceptation de ma pauvreté pour accueillir le don de l’esprit de Dieu d’une façon nouvelle et me laisser conduire là où de moi-même, je ne saurais aller. Quand je dis « je », c’est indissociablement un chemin vécu et partagé avec Marie-Cécile, mon épouse. Une parole n’a cessé de raisonner « Le Christ n’est pas venu pour être servi mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude »

Joël Basileu : Le contenu de la formation a été une source d’enrichissement et de connaissance. L’engagement répond déjà à mes attentes... sans que je sache à quoi m'attendre.

Georges Pauly : On apprend à voir la vie d'une autre façon. J'ai, par exemple, participé à des équipes d'accueil pour les familles en deuil. Cela nous confronte à ce que l'Église peut apporter à des gens dans la souffrance. Les conseils et le travail avec des chrétiens déjà engagés nous aident aussi à rester humbles.

Sylvain de Resseguier : Il m’a fallu travailler beaucoup, creuser la figure diaconale pour en cerner les contours, et puis travailler sur moi-même pour faire tomber mes résistances et me rendre disponible. Ça a été un temps long et difficile. Quand, il y a 50 ans, le concile Vatican II restaure le ministère permanent du diaconat, il obéit à une inspiration absolument géniale, c’est une joie de découvrir la portée considérable de ce ministère trop mal connu, y compris dans l’Église elle-même.

Comme voyez-vous votre apport à la Mission de l’Eglise en tant que diacre ?

Renaud Dulin : À quelques jours de l’ordination, je consacre presque toute mon énergie, toute mon intelligence (qui n’est pas très grande !) bref tout mon être à recevoir la grâce de l’ordination et au risque de vous surprendre, je suis bien en peine de répondre à cette question. Mais je crois surtout que je ne dois pas me poser la question en ces termes. Il me semble qu’il ne m’est pas demandé d’apporter quelque chose mais simplement de m’effacer pour rendre visible Celui qui nous appelle à le suivre. Sous quelle forme concrète ? Il revient à notre évêque d’y répondre à travers la mission qu’il me confiera.

André Frech : Le diacre est appelé à servir le peuple de Dieu dans la triple diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité. La mission de l’église est de porter l’Evangile à toute la terre. Le diacre peut participer à cette mission de l’Eglise d’aller « par toute la terre » vers ceux qui sont les plus loin de l’Eglise… et il y a différentes façons d’être loin, pour porter la Bonne Nouvelle, l’Evangile de Jésus-Christ.

Enfin, « je voudrais une Eglise de pauvres pour les pauvres » dit notre pape François. « L’attention pour les pauvres » est au cœur de la mission de l’Eglise et je pense que le diacre, dans la diaconie de la charité est appelé à porter de façon particulière, au nom du Christ et de l’Eglise, cette vocation de l’Eglise d’être une Eglise de pauvres, et cette attention aux plus pauvres qui est au cœur de la mission de celle-ci.

Joël Basileu :  Mes missions seront plus claires avec l'ordination. C'est déjà répondre à l'appel de vivre  l’amour et le soutien mutuel des uns et des autres pour la plus grande gloire du Christ.

Georges Pauly : En attendant les missions précises qui me seront données par l'évêque, je ressens que je dois porter l'Évangile en aidant ceux qui en ont besoin, et qui peuvent être éloignés de l'Eglise. Le pape François nous invite à aller aux périphéries, mais celles-ci sont souvent à côté de sa porte... Il faut veiller à être accessible, pour être un ministre "de proximité".

Sylvain de Resseguier : Mon apport à la mission de l’Église sera celui qu’apporte tout diacre. L’enjeu étant d’« être diacre » pleinement et en vérité, dans l’amplitude inouïe de ce ministère. 

 

 

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