Se préparer aux ministères diaconal et presbytéral en temps de crise

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Le dimanche 27 juin, Mgr James ordonnera trois diacres en vue du sacerdoce et un prêtre. À quelques jours de cette célébration, ils reviennent sur leur dernière année de formation vécue en pleine crise sanitaire et sur ce que cette expérience a changé dans leur manière d’aborder leur ministère.

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Louis-Marie Écomard (diacre ordonné prêtre) :

Médecin de formation, j’ai vécu la crise sanitaire avec beaucoup de compassion pour les personnes éprouvées par la maladie et pour ce que vivaient mes anciens collègues. Je m’attendais à ce qu’on me demande de reprendre du service à l’hôpital, comme on l’a fait pour d’autres séminaristes médecins. Finalement, cela n’a pas été nécessaire. Mais je me demandais parfois quel était mon rôle de séminariste, de diacre et bientôt de prêtre, alors qu’il y avait tant à faire ailleurs ! Ne serions-nous pas plus utiles comme soignants, enseignants, agriculteurs, militaires… : il y a tant de beaux métiers !

Cette crise sanitaire m’a aidé à comprendre que la mission du prêtre n’est pas de remplacer telle ou telle fonction, aussi essentielle soit-elle, mais de permettre à tous ces médecins, tous ces parents… de remplir leur mission avec le cœur-même de Dieu. Que chacun puisse trouver des prêtres pour puiser avec eux, à la source des sacrements, toute la force que le Seigneur veut donner ; des prêtres pour encourager, éclairer des choix à faire, montrer l’exemple du Christ dans le don de sa vie pour les autres, transmettre la parole vivante du Seigneur.
Finalement, cela m’a donné de comprendre combien la mission des prêtres et des diacres est une vocation de service, au nom du Christ serviteur. Je sais maintenant ce à quoi le Seigneur nous appelle : servir nos frères et sœurs dans leur mission propre, selon leur état de vie, pour que chacun puisse apporter la consolation, la justice, la paix de Dieu dans notre monde. Et cela me remplit de joie !

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Charles Bruet (ordonné diacre en vue du sacerdoce, en formation à l’Université pontificale grégorienne à Rome) :

La crise sanitaire m’a permis de vivre plusieurs expériences, joyeuses ou difficiles, mais nouvelles et instructives dans tous les cas. Le premier confinement a brutalement provoqué la fermeture provisoire du Séminaire français de Rome et je suis donc rentré à Bordeaux. J’ai été accueilli, avec deux autres séminaristes, dans le presbytère de Saint-Seurin par le Père Laurent Dubosc. Nous avons donc formé, pendant plusieurs mois, ce que nous appelions en souriant le « Grand Séminaire de Saint-Seurin » sous la conduite bienveillante du Père Dubosc. Je dois dire que j’ai beaucoup appris de cette expérience communautaire en paroisse, notamment sur le plan de la fraternité vécue au quotidien dans un cadre si peu habituel. Le deuxième confinement, je l’ai vécu à Rome, plus difficilement car moi-même touché par la Covid avec des symptômes. La prière et l’attention des séminaristes qui s’occupaient généreusement des malades de la maison m’ont permis de relativement bien supporter ce temps. Me préparant à devenir diacre, j’ai pu mesurer combien la visite aux personnes seules, malades, en situation précaire, constitue une dimension capitale du service dans (et de) l’Eglise.

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Basile Dumont (ordonné diacre en vue du sacerdoce, Communauté de l’Emmanuel, en formation à Paris au Collège des Bernardins) :

Pour une bonne part, la journée type d’un séminariste est celle d’un étudiant. Et donc, il n’était pas toujours évident de suivre l’ensemble des cours en visioconférence, ni d’accepter de limiter les relations sociales ou pastorales pendant cette année. Cependant, la formation au séminaire ne se limite pas aux études. Et je pense que la crise sanitaire a été l’occasion de développer les autres aspects de notre formation. Par exemple, le couvre-feu à 19h nous a obligés à déployer notre imagination pour les soirées fraternelles : ce n’est pas si facile de trouver un programme de détente commun à tous. Les uns sont plutôt film, les autres plutôt jeu de société, d’autres encore plutôt lecture tranquille… La vie spirituelle s’est aussi un peu modifiée : la prière pour le monde se fait plus forte, l’Eucharistie plus intérieure et plus joyeuse quand on sait le cadeau que c’est de pouvoir la vivre tous les jours. Ce ne sont que des exemples d’une prise de conscience plus large : les conditions changent mais le Seigneur continue de former notre cœur pour le conformer au sien.

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Clément Barré (ordonné diacre en vue du sacerdoce, en formation à Toulouse) :

Dans cette crise j’ai souvent eu l’impression d’être un privilégié. Nous n’avons jamais été privés de l’Eucharistie et des autres sacrements. Notre vie en séminaire et en paroisse fait que nous n’avons jamais connu l’isolement que d’autres ont pu vivre. Si les études ont été rendues plus difficiles par la distance, la pandémie n’a pas beaucoup modifié la vie du séminaire. En revanche, elle a transformé ma manière de prier et de vivre les sacrements. Depuis que l’immense majorité des croyants a été privée de la messe l’année dernière, je goûte beaucoup plus la dimension ecclésiale et communautaire de toute ma vie spirituelle, et je m’efforce de vivre tous mes temps de prière en les offrant pour toute l’Église. Quand je communie ou que je reçois le sacrement de pénitence, je le fais aussi pour toute l’Église et en particulier pour les personnes qui sont éloignées des sacrements.

Des diacres dit "permanent" ont été ordonnés récemment. Vous serez quant à vous ordonnés diacres en vue du sacerdoce (ou l'avez été pour Louis-Marie). Que représente ce ministère diaconal pour vous?

 

Clément Barré : Quand Jésus appelle les disciples, il leur dit simplement “suis-moi”. Le diaconat c’est suivre le Christ qui « ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu mais s’est anéanti prenant la condition de serviteur.» (Ph 2). Il n’y a pas de porte d’honneur pour rentrer dans le ministère ordonné, iI n’y a que la porte de service, c’est le diaconat. C’est pour cela que j’ai choisi pour mon image d’ordination la phrase “faites tout ce qu’il vous dira” tirée de l’évangile des noces de Cana. Le diacre ressemble aux serviteurs de la noce, docile aux commandements du Christ et de la Sainte Vierge et au service de tous les invités.

Basile Dumont : L’expression « ministère diaconal » est étonnante : les deux mots qui la composent veulent dire « service ». J’aime y voir quelque chose de plus qu’une simple répétition. Le ministère du diacre n’a de sens qu’au service d’un ministère plus grand : celui de l’évêque. En ce sens, dans le diocèse, les diacres sont « serviteurs du serviteur », et donc serviteurs du Serviteur par excellence : Jésus.

C’est ce qui explique mon choix du Christ Bon Pasteur comme image d’ordination - inhabituelle pour un diacre. J’y vois Dieu qui se met au service de son peuple, de ses brebis pour les attirer à Lui, dans la sainteté. J’ai compris qu’Il m’appelait à ce même service dans les dimensions très concrètes de la vie. Comme le souligne le pape François dans Fratelli Tutti « servir, c’est en grande partie, prendre soin de la fragilité » (Fratelli Tutti, 114)

Charles Bruet : Pour moi, recevoir le ministère de diacre signifie que nous sommes, avant tout, mis au service des autres pour et par l’Eglise. Le diaconat marque à vie celui qui le reçoit pour qu’il se rappelle qu’il est entré dans le ministère comme serviteur, comme le Christ a voulu « être au milieu de nous comme celui qui sert ». Servir non pas à quelque chose mais la vie qu’est Dieu, vie qu’Il donne au monde. Devenir diacre en vue du ministère de prêtre, c’est aussi entrer dans cette liberté que donne le ministère. Par sa consécration le diacre pose des choix qui l’enracinent dans un diocèse et lui donnent les moyens de sa mission spécifique au service de l’Évangile : obéissance, sobriété de vie, célibat, prière des heures. Devenir diacre, c’est pour moi une grande joie et j’espère que cela servira la joie de beaucoup !

 

 

À suivre en direct
La célébration sera retransmise en direct sur RCF Bordeaux et sur la page YouTube du diocèse : bordeaux.catholique.fr/ordinations-27juin

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