À Belo Horizonte, "un potentiel impressionnant de gens de bonne volonté ”

J´ai commencé aussi depuis peu un groupe de 'pastorale du travail' qui correspond à l'Action Catholique Ouvrière en France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour la semaine préparatoire à la rencontre des JMJ à Rio de Janeiro, il est prévu que notre diocèse accueille environ 25000  jeunes.

 

 

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Le Père François Lewden, originaire de Bordeaux, est présent depuis près de 30 ans au Brésil. Depuis le diocèse de Belo Horizonte, il donnait de ses nouvelles fin décembre 2012. Voici son courrier en intégralité.

Bonjour,

La fête de Noël approche et l'année se termine, c´est l´occasion une fois de plus de prendre la plume ou plutôt l'ordinateur pour vous envoyer quelques nouvelles.

Depuis le 2 septembre, la nouvelle paroisse dont je vous parlais dans ma dernière circulaire, est officiellement créée. Notre évêque y a nommé 2 jeunes prêtres ordonnés cette année. Ils sont assez enthousiastes et paraissent décidés à travailler en équipe, ce qui n´est pas très fréquent au Brésil sans doute pour des raisons historiques : les prêtres étaient très peu nombreux et, avec les distances énormes entre leurs paroisses presque toutes rurales, ils se rencontraient rarement.

Nous avons l'occasion de nous retrouver à peu près chaque semaine. Ils me demandent pas mal de conseils sur l'animation et l'accompagnement des 8 communautés qui, pour le moment, forment la paroisse. Je dis  pour le moment car je pense qu´il faudrait en créer une ou deux de plus. En effet c´est une région montagneuse et, même si les distances sont assez réduites, les dénivellations rendent difficiles les déplacements. Beaucoup de personnes âgées n´ont pas ma condition physique pour se déplacer! J´essaie surtout de montrer à ces deux jeunes l´importance de ne pas se faire bouffer par les problèmes matériels et bureaucratiques aux dépens de l´essentiel qui est le projet de Jésus-Christ. Avec eux nous nous partageons les célébrations et l'accompagnement des conseils de communautés chaque mois. Jusqu’à présent nous n'avons pas trop défini le travail spécifique de chacun mais il semble que je vais m´occuper surtout des groupes bibliques à créer ou à ressusciter dans toutes les communautés et leur laisser, vu leur âge, la catéchèse des enfants et des jeunes.

 

J'ai commencé aussi depuis peu un groupe de «pastorale du travail» qui correspond à l'Action Catholique Ouvrière en France. Nous avons un potentiel impressionnant de gens de bonne volonté, beaucoup plus que dans les communautés où j'étais ces dernières années. Ils ont simplement besoin de formation et d'accompagnement. Le conseil paroissial, par exemple, réunit une trentaine de participants une fois par mois le dimanche après-midi, un moment où les gens pourraient aspirer à un repos légitime. En novembre, profitant d´un jour férié, nous avons réalisé une journée entière de formation qui a réuni 120 participants.

Notre nouvel évêque auxiliaire qui s'occupe plus spécialement de notre région du diocèse, nous appuie pas mal et il est déjà venu plusieurs fois sur place. Il n'a guère d'expérience de petites communautés de banlieues ou de favela car il vient de l'enseignement mais on le sent préoccupé et intéressé.
Les motifs de préoccupation d´ailleurs ne manquent pas. Nous avons eu, il y a une quinzaine de jours une «bavure» d'un policier qui a assassiné un jeune père de famille, usager de drogue, c'est vrai, mais absolument pas trafiquant. La réponse a été immédiate: 2 bus ont été incendiés en des points stratégiques de la favela. Contre réaction: des centaines de policiers, armés jusqu'aux dents ont quadrillé la région pendant une semaine et nous avons dû marcher pas mal car ils ne laissaient pas entrer les véhicules. La situation est maintenant plus calme et le sergent qui a tiré, est toujours en prison.

Nous venons d´avoir des élections municipales. A Belo Horizonte, notre maire de gauche a été réélu sans trop de problèmes mais il y a eu tout de même pas mal de coups bas car son principal adversaire était aussi de gauche et l´avait appuyé lors du précédent scrutin, il y a 4 ans.

Dans l'ensemble du Brésil, il n'y a pas eu de grands changements même si l'on peut voir une certaine progression de la gauche. Mais ici, surtout au niveau municipal, les électeurs s'intéressent beaucoup plus à la personne qu'à son appartenance politique. À São Paulo, centre économique du pays, l'élection, par contre, a été beaucoup plus politique puisqu'elle opposait Serra, centriste, qui avait perdu l´élection présidentielle contre notre actuelle présidente Dilma Rousseff, à un candidat inconnu du grand public mais révélé et appuyé par l´ancien président Lula da Silva. En battant largement Serra au second tour, il a montré que Lula, actuellement sans mandat politique, est encore très présent dans la vie politique et que sa popularité reste intacte.

Pour le moment celle-ci résiste à une série d'inculpations et de condamnations de plusieurs de ses plus proches conseillers. Cette semaine, par exemple, va se terminer un procès monstre commencé au mois d'août. L´homme qui a pratiquement exercé la fonction de premier ministre durant les premières années du gouvernement de Lula, vient d'écoper de plus de 10 ans de prison. Jusqu'à présent Lula da Silva s'en sort par le silence ou en diasnt qu´il ne savait rien mais ça pourrait tout de même diminuer fortement ses chances de revenir au pouvoir, s'il en a le désir, dans 2 ans.

En attendant le Brésil ne se porte pas trop mal, semble-t-il, même si le Produit Intérieur Brut stagne cette année. De toutes façons, celui-ci est difficile à mesurer car il y a encore pas mal d´économie informelle même si celle-ci a bien diminué depuis le siècle dernier. En tout cas le pourcentage de chômeurs n´a jamais été aussi bas que depuis que je suis arrivé ici. Un autre signal de progrès se situe au niveau de l'éducation : pratiquement maintenant tous les enfants sont alphabétisés et on ne rencontre presque plus de gamins qui vivent dans la rue. En même temps une grande partie des jeunes accède à l´enseignement secondaire. Le mois dernier, il y a eu 6 millions d´inscrits à un examen qui correspond plus ou moins au bac français donnant droit à des bourses et à l´entrée dans des facultés. Quand les résultats seront connus dans quelques jours, il y aura sans doute pas mal de recalés mais c'est tout de même un signe d´une nouvelle démocratisation de l´accès à l´enseignement supérieur.

Une autre marque de progrès apparaît au niveau de la santé puisque l'espérance de vie passe en moyenne les 74 ans avec une grande différence entre les sexes, les femmes s'approchant rapidement des 80 ans. Cette différence s'explique sans doute par une préoccupation plus grande de celles-ci pour leur santé mais aussi à cause du taux d´homicides encore très fort parmi les hommes : il y aurait déjà eu plus de 500 000 homicides depuis l'an 2000 touchant en priorité les jeunes dans la tranche d´âge de 15 à 30 ans. En parlant de longévité, le Brésil vient de faire des obsèques nationales à Oscar Niemeyer, l´architecte qui avait, entre autres projets, imaginé la capitale Brasília, il y a une soixantaine d´années. Il aurait eu 105 ans cette semaine.

Un petit fait pour montrer que la passion du foot continue et qu'il y a davantage d'argent circulant dans le pays parmi les classes moyennes. Cette semaine va avoir lieu au Japon la finale de la Coupe du monde des clubs. Le Brésil est représenté par le Corinthias de São Paulo. Plus de 6000 supporteurs ont fait le voyage qui revient au moins à 5000 euros!

Autre événement qui se prépare bien sûr, ce sont les Journées Mondiales de la Jeunesse. Pour la semaine préparatoire à la rencontre de Rio de Janeiro, il est prévu que notre diocèse accueille environ 25000  jeunes. Il y a déjà toute une équipe de préparation qui est en place mais pour le moment, à la base, dans les paroisses, nous n´avons guère d´informations et de détails. Durant la même semaine, Belo Horizonte qui a maintenant la plus grande université catholique du monde (plus de 60 000 étudiants), accueillera un congrès mondial de ces universités mais je ne sais pas du tout combien de participants sont attendus pour cette rencontre.

En attendant dans l'immédiat, je vous souhaite une très bonne fête de Noël. Que la joie et la paix que nous espérons tous ce jour-là, puisse s'étendre tout au long de l'année qui vient.

François Lewden

 

 

 

Et retrouvez ci-dessous le numéro de l'Aquitaine de juin 2011, avec un témoignage de François Lewden et de Mgr Jean-Pierre Ricard, de son retour de Belo Horizonte.

 

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