La résurrection du Christ ne se prouve pas, elle s'éprouve !
Jésus n’abandonne pas ses disciples. Il ne les laisse pas seuls face à eux-mêmes. Il leur fait une double promesse : les ouvrir à l’intelligence des Écritures et leur envoyer cette force venue d’en haut qu’est l’Esprit Saint.
Chers frères et sœurs,
La résurrection du Christ ne se prouve pas mais elle s’éprouve.
Elle ne se prouve pas. Nous croyons en la Résurrection du Seigneur, parce que nous faisons confiance au témoignage des apôtres. Et ce témoignage nous paraît digne de foi : « Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité des morts. Nous en sommes témoins ». Ceux qui s’expriment ainsi ne sont pas des illuminés qui auraient attendu avec impatience le retour à la vie du Maître, ni des hallucinés qui auraient un tel désir de le voir vivant qu’ils se seraient persuadés de l’avoir vu. Non, la mort de Jésus a été une épreuve terrible pour eux. La pierre qui a fermé le tombeau a été roulée également sur leur foi et sur leur espérance. L’aventure est terminée. Le rêve s’est brisé. Les disciples d’Emmaüs rentrent chez eux. Et il faut l’initiative de Jésus, qui vient à la rencontre des siens, qui se montre à eux et qui leur parle, pour qu’ils se rendent à l’évidence, pour que la foi renaisse dans leur cœur et avec la foi leur espérance. Et encore, il leur faudra du temps pour entrer dans cette expérience, pour passer comme le montre Saint Luc, de la crainte, de l’incrédulité, à la joie et à la foi. Saint Luc souligne fortement la réalité de cette expérience des apôtres. Celui qui leur apparaît n’est pas un fantôme, un fantasme, le pur produit de leur imagination. C’est bien le Crucifié qui manifeste sa présence concrète et mange devant eux. Toute leur vie va être marquée par cette expérience exceptionnelle. Elle sera au cœur de leur témoignage de foi.
Mais si la résurrection du Christ n’est pas au terme d’un raisonnement, mais bien d’un acte de foi, elle s’éprouve. Elle se donne à sentir par ses effets en nous.
Jésus n’abandonne pas ses disciples. Il ne les laisse pas seuls face à eux-mêmes. Il leur fait une double promesse : les ouvrir à l’intelligence des Écritures et leur envoyer cette force venue d’en haut qu’est l’Esprit Saint.
L’Esprit saint nous fait entrer dans une lecture filiale de l’Écriture. Nous la lisons avec le Christ qui nous permet de découvrir ainsi le dessein de salut de Dieu. Nous sentons alors que cette Parole nous éclaire, touche nos cœurs, nous réconforte. Elle devient notre pain pour la route.
L’Esprit saint nous communique aussi le souffle du Ressuscité. Il nous fait entrer dans la vie filiale, grandir dans la confiance, dans l’amour et dans la paix. « Si le Christ est ressuscité, nous pouvons regarder chaque événement de notre vie, même les plus négatifs, avec des yeux et un cœur nouveaux. Les moments d’obscurité, d’échec et de péché également peuvent se transformer et annoncer un chemin nouveau. Lorsque nous touchons le fond de notre misère et de notre faiblesse, le Christ ressuscité nous donne la force de nous relever. Si nous nous confions à lui, sa grâce nous sauve » (Pape François). De plus, le Christ nous fait tenir debout dans un monde de violence. Il nous permet d’arrimer l’ancre de notre vie à l’espérance. Dans un monde où l’avenir est incertain, le don de l’espérance est un magnifique cadeau de Dieu. Le Ressuscité vient nous dire que l’amour est plus fort que la violence, que la haine et que la mort. Il y a trois semaines, à Bagdad, j’ai vu combien c’était cette foi en la résurrection du Christ qui faisait tenir les communautés chrétiennes iraquiennes dans l’espérance.
Plus près de nous, les baptisés de Pâques nous confient combien leur rencontre avec le Christ, leur contact avec l’Écriture, et l’accueil du Saint Esprit ont transformé leur vie. Ils nous disent : nos yeux se sont ouverts. Nous ne voyons plus notre vie comme avant. Ils ont expérimenté la présence du Ressuscité.
Frères et sœurs, laissons-nous, nous aussi, rencontrer ce matin par le Ressuscité. Laissons-nous être renouvelés par lui. A la suite des apôtres, témoignons qu’il vient créer du neuf dans nos vies et dans notre monde. Oui, en sa résurrection et dans le don de son Esprit, le Seigneur vient faire toutes choses nouvelles. Accueillons dans la joie l’événement de Pâques ! Amen.
+ Jean-Pierre Ricard
Archevêque de Bordeaux