Accueillir des réfugiés

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Réflexion du cardinal Jean-Pierre Ricard sur la mise en place de l'accueil de familles réfugiées en Gironde, parue dans le journal Eglise catholique en Gironde du mois d'octobre 2015.

Le 6 septembre dernier, le pape François nous lançait cet appel vibrant :

« Face à la tragédie de dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la mort, à cause de la guerre et de la faim, et sont en marche vers une espérance de vie, l’Évangile nous appelle, nous demande d’être « proches » des plus petits et des laissés-pour-compte, de leur donner une espérance concrète. Leur dire « courage, patience !... » ne suffit pas. L’espérance chrétienne est combative, avec la ténacité de celui qui avance vers une destination sûre.

Ainsi, en vue du jubilé de la miséricorde, je lance un appel aux paroisses, aux communautés religieuses, aux monastères et aux sanctuaires de toute l’Europe à manifester l’aspect concret de l’Évangile et accueillir une famille de réfugiés. Un geste concret pour préparer l’année sainte de la miséricorde.

Que chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque monastère, chaque sanctuaire d’Europe héberge une famille, à commencer par mon diocèse de Rome.

Je m’adresse à mes frères évêques d’Europe, vrais pasteurs, pour que dans leurs diocèses ils soutiennent mon appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’Amour : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) ».

Je ne peux que relayer cet appel du pape, tant il me semble urgent et dans le droit fil de l’Évangile.

DES SITUATIONS DE GRANDE DÉTRESSE

Quand des familles confient leurs économies à des passeurs et risquent la mort en cours de route, c’est que l’environnement dans lequel elles se trouvaient était devenu invivable. On ne choisit pas de gaieté de cœur un tel exode. Les photos de certains quartiers d’Alep, avec leurs rues défoncées et leurs immeubles éventrés, montrent que la vie y est devenue impossible. Et ce n’est pas de si tôt que ces quartiers seront reconstruits ! Penser renvoyer tous ces réfugiés chez eux aujourd’hui est criminel. De plus, les pays limitrophes de la Syrie et de l’Irak ont vu s’installer sur leur territoire des camps qui regroupent des millions de personnes. Il sera difficile dans les années qui viennent de charger davantage la barque ! Certes, on peut souhaiter que nos gouvernements s’attaquent aux causes de ces exodes mais, en attendant, nos pays européens ont un devoir d’accueil.

POUR UN ACCUEIL PENSÉ ET ORGANISÉ

Cet accueil ne saurait pourtant se faire n’importe comment. Il doit être pensé et organisé. Ceci est de la responsabilité des pouvoirs publics. Nous ne pouvons en aucun cas nous substituer à eux ni nous constituer en dispositif parallèle. Avec bien d’autres instances, nous participons à un vaste courant national de solidarité. Nous apportons notre collaboration avec l’originalité qui est la nôtre.

Dans le diocèse, nous commençons à avoir une certaine expérience de l’accueil de familles réfugiées. Plusieurs secteurs se sont mobilisés pour accueillir nos frères chrétiens d’Orient, provenant d’Irak ou de Syrie. Huit familles sont déjà accueillies, plusieurs doivent arriver dans les semaines qui viennent. Cet accueil devra se poursuivre, malgré la difficulté pour beaucoup de familles d’obtenir un visa pour venir en France.

Mais notre accueil est appelé aussi à s’élargir à d’autres familles, qui ne seront pas toutes chrétiennes. Les migrations sont aujourd’hui familiales. Une des caractéristiques des migrations actuelles est qu’il ne s’agit plus de migrations d’hommes seuls ou de femmes seules, mais de familles entières avec le plus souvent de jeunes enfants. La présence d’enfants jeunes est souvent un levier de lien et d’intégration, mais elle rend plus difficile l’hébergement d’une famille entière.

Dans un accueil, chacun a un chemin à parcourir pour aller à la rencontre de l’autre. Ceux qui accueillent doivent s’ouvrir à la culture, au vécu, au ressenti de ceux qu’ils accueillent et les accueillis doivent aussi s’adapter à la société qui les reçoit. Si cet accueil mutuel ne se fait pas, ce sont la ségrégation et la violence qui seront au rendez-vous. L’enjeu humain de cet accueil est majeur pour notre société et notre Église.

CONCRÈTEMENT, QUE FAIRE ?

Cet accueil demande un investissement important, qui va s’inscrire dans une certaine durée. Il implique de :

- trouver un logement

- prendre en charge financièrement cette famille au moins pour un certain temps

- veiller à la scolarisation des enfants

- accompagner dans les démarches administratives

- aider à l’apprentissage du français

- faciliter une intégration

- sensibiliser la communauté paroissiale à cet accueil

 

Cet accueil sera difficilement le fait d’une personne isolée. Il demande la constitution d’une équipe d’accueil, qui travaillera en collaboration avec d’autres associations et sera en lien avec l’équipe diocésaine de la Pastorale des migrants.

J’ai chargé le responsable de cette équipe diocésaine, Monsieur Patrice Vincey, de coordonner cet accueil dans le diocèse. On peut donc s’adresser à lui pour tout renseignement ou pour toute initiative que l’on souhaiterait prendre.

Pastorale des Migrants

21, rue Costedoat 33000 Bordeaux
ou par mail migrants (at) bordeaux.catholique.fr

 

« Seigneur, aucun homme n’est pour toi un étranger,

et nul n’est si loin que tu ne puisses le secourir :

N’oublie pas les réfugiés, les exilés,

Les enfants séparés de leur famille ;

Que prennent fin leurs souffrances,

et donne-nous, pour accueillir ceux que le monde rejette,

l’amour et le respect que tu leur portes. »

Missel romain, oraison de la messe pour les réfugiés et les exilés

+ Cardinal Jean-Pierre Ricard

Archevêque de Bordeaux

Évêque de Bazas

 

 

 


 

Source photo : Kos island in Greece ‘Caritas” volunteers distributes food to refugees&migrants outside the abandoned hotel Captain Elias. - © Natalia Tsoukala- Avec l'aimable autorisation de Caritas Internationalis

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