Rendons grâce pour le don de Basile, Charles et Clément !
Ils sont dons de Dieu à l’Église : « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15) dit le Seigneur.
Clément, Charles et Basile seront ordonnés prêtres à la fin du mois de juin. Nous les accueillons avec joie. Ils sont dons de Dieu à l’Église : « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15) dit le Seigneur. Nous les accueillons dans un contexte difficile et nouveau. Ils seront prêtres diocésains.
En effet, le don du Seigneur est accueilli dans des temps difficiles pour les prêtres et pour l’Église en général. Malgré l’aide si précieuse de nombreux prêtres venus d’Afrique, la diminution du nombre des prêtres se ressent en particulier dans les territoires ruraux de notre département. Certains chrétiens plaignent les prêtres surchargés. D'autres les estiment mal répartis. Et si beaucoup disent l’estime qu’ils leur portent, plusieurs leur font des reproches. Le comportement gravement répréhensible de quelques prêtres assombrit encore le tableau. C’est dans ce contexte de crise que des jeunes sont ordonnés à Bordeaux et en France. Je rends grâce à Dieu pour leur confiance au Seigneur et à son Église et pour leur disponibilité. Leur situation actuelle me ramène à l’Évangile. En effet, la mission et le ministère confiés à Saint Pierre naissent d’une crise majeure. Rappelons-nous le chapitre 21 de l’Évangile de Saint Jean. Après Pâques, au bord du lac, ils sont quelques-uns des disciples ; sept seulement sont nommés. Ils ne sont pas au complet. Certains ont fui les jours précédents. C’est une communauté en crise que le Christ ressuscité rejoint. C’est aussi un groupe humilié : eux des marins-pêcheurs n’ont rien ramené de la pêche. C’est l’échec. Et de cette crise, vont surgir un ministère, une mission pour Simon-Pierre. Nous connaissons la suite du récit : la pêche miraculeuse, le repas pris avec le Christ au bord du lac. Puis la triple question de Jésus à Pierre : « M’aimes-tu ? ». Et après la réponse humble de Pierre, « Sois le berger de mes brebis » (Jn 21, 17). Un dialogue est renoué entre le Christ et Simon-Pierre. C’est la condition de fécondité de sa mission et de la mission des prêtres « Sans une relation sérieuse avec le Seigneur, notre ministère devient stérile » (Pape François). Pierre sera pasteur et apôtre. Et nous aussi, évêques, prêtres après lui.
Le don du Seigneur est accueilli dans un contexte ecclésial nouveau. Pour préparer le prochain Synode des évêques à Rome, le Pape François invite l’Église tout entière à une réflexion et souligne la nécessité d’une Église plus synodale : tous, prêtres, diacres, personnes consacrées et laïques marchent ensemble vers le Christ Jésus. Dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe, Saint Paul nous avait laissé une autre image pour l’Église, celle d’un Corps : tous les membres y sont nécessaires y compris les plus fragiles ; et ils dépendent les uns des autres. Il n'est pas bon d'envisager l'avenir du diocèse, seulement par rapport au nombre de prêtres. Il n'est pas bon non plus, d'entretenir la confusion entre les fonctions dans l’Église. Nous apprécions la présence et le ministère des diacres, les engagements des personnes laïques, la présence des personnes consacrées. Pour autant, ni le laïc ni le diacre ne remplacent le prêtre, pas plus que le prêtre ne remplace le laïc ou le diacre. Toutes les vocations sont belles et nécessaires mais ne sont pas interchangeables. Les fonctions dans l’Église sont spécifiques et complémentaires. Et certaines comme celles des prêtres sont indispensables. « Sois le berger de mes brebis » dit Jésus ressuscité à Simon-Pierre. Pour cela, les prêtres cherchent à adopter le style du Bon Berger, un « style de proximité, de compassion et de tendresse, qui donne de marcher non pas comme un juge mais comme le Bon Samaritain reconnaissant les blessures de son peuple » (Pape François ). Ils sont au service de chacune et de chacun, pour la bonne santé du Corps. Méditant avec d’autres la Parole de Dieu car baptisés parmi les baptisés, les prêtres la commentent aussi pour l’assemblée tout entière. Accueillant en baptisés les sacrements de l’Église, les prêtres les proposent aussi à tous et les président. Ils sont vigilants aux jointures si fragiles dans le Corps, c’est-à-dire à la communion fraternelle. Là où « la fraternité sacerdotale est mise en pratique, et là où il y a des liens d’amitié véritable, il est possible aussi de vivre avec plus de sérénité le choix du célibat » (Pape François). Ainsi la Vie, l'Amour, la Force, le Pardon du Seigneur irriguent le Corps tout entier.
Le don du Seigneur est accueilli, pour l’Église, dans un contexte très sécularisé. Pour beaucoup de nos contemporains, on peut vivre en se passant de Dieu et des prêtres. Cela n’empêche pas, dans certaines circonstances de la vie, de chercher du sens, de se rappeler la dimension spirituelle de toute vie humaine. Et les prêtres, avec d’autres vont être sollicités, pour vivre un rite religieux, pour écouter, encourager, consoler, annoncer l’Évangile. Ils sont prêtres à la manière des apôtres et ils rappellent sans cesse aux chrétiens qu’ils sont disciples-missionnaires. C’est, en effet, à la table familiale que le membre croyant de la famille rencontre un des siens, incroyant ou agnostique ; à l'école, le jeune chrétien rencontre ses camarades qui l'interrogent parfois sur sa foi ; dans la vie professionnelle, on parle rarement de religion, mais un jour, sans s'y attendre, celui qu'on pressent être chrétien, est questionné. Dans ce contexte sociétal, il y a encore plus besoin d’être accompagnés, éclairés dans nos discernements, soutenus, encouragés dans la foi chrétienne. Des chrétiens habités par une ardeur missionnaire, donnent sens à la mission indispensable des prêtres. Plus il y a de laïcs engagés, prenant au sérieux leur mission de baptisés-confirmés, plus il y a besoin de prêtres à la manière des apôtres.
Clément, Charles et Basile seront prêtres diocésains, pour Basile en étant aussi prêtre de la communauté de l’Emmanuel. Ils seront attachés, incardinés dans le diocèse de Bordeaux. Ils vivront leur ministère au sein du collège des prêtres de Bordeaux, en communion avec l'évêque, au service de la population de Gironde. Bien sûr, si un appel particulier se manifeste, prêtres pour l’Église universelle, ils pourront pendant un temps, partir au service d'un autre diocèse. Des prêtres de Bordeaux sont présents en Mongolie, à Rome et en Amérique latine ou dans d’autres diocèses de France. Mais, la famille de référence, ce sont les habitants de Gironde. Même à une époque où les familles sont très mobiles, où les jeunes se sentent plus appartenir « au village planétaire » qu'à une région particulière, cet attachement à un diocèse garde tout son sens. Des liens durables se créent entre les familles et leurs prêtres, à cause d’évènements partagés ensemble. Et même si le prêtre est dans une autre partie du département, on aime le retrouver à l’occasion d’un rassemblement diocésain à Verdelais, à la cathédrale ou à Lourdes. Le Peuple de Dieu présent en Gironde est très divers : les missions ne se vivent pas de la même façon à Cadillac, à Pessac ou dans le centre-ville de Bordeaux. Mais c'est le même diocèse. Et les prêtres vivent leur mission en communion les uns avec les autres. Attentifs aux habitants de Gironde, ils cherchent toujours davantage à accompagner leur croissance dans la foi et dans la vie ; ils veulent être présents aux joies et aux souffrances des familles de ce territoire, en les servant jusqu'à leur mort. Ce ministère des prêtres du diocèse est majeur pour demain. Aussi, à partir de la rentrée prochaine, nous aurons une attention pour la prière pour les vocations, en particulier les vocations de prêtres. Puisqu’ils sont dons de Dieu à son Église, nous les demanderons au Seigneur, avec confiance et persévérance. Et déjà nous rendons grâce et nous prions pour nos trois frères qui seront ordonnés le 26 juin.
+Jean-Paul James
Archevêque de Bordeaux