Homélie de Mgr James pour la fête de la Toussaint
La fête de Toussaint est une fête lumineuse pour temps gris. Nous fêtons tous les saints, les géants et les anonymes, tous rayonnants de lumière. Ils nous entraînent sur le chemin lumineux de la sainteté.
Oui, dans ces temps gris et sombres de la guerre en Ukraine avec ses destructions, ses réfugiés, mais aussi ses conséquences économiques et sociales ici, dans ces temps difficiles pour notre Église, meurtris par ce que nous apprenons de l’attitude de certains de ses membres, la fête d’aujourd’hui oriente nos regards vers les saints. Quelle idée nous faisons-nous d’eux ? Celle de statues poussiéreuses et grisâtres devant lesquelles on vient faire ses dévotions ? Une prière à saint Antoine quand les clefs sont perdues ? À sainte Claire pour avoir du beau temps ? Est-ce simplement cela ? La fête de Toussaint nous ouvre des perspectives infiniment plus vastes. Nous connaissons bien l’histoire de cet enfant visitant la cathédrale, un jour de grand soleil. La maman lui montre les statues du porche royal et du portail nord, puis les vitraux du chœur en lui disant : ces grands personnages sont des saints. Tu sais ce qu’est un saint ? Et le petit enfant voyant la lumière traverser les vitraux, répond : « un saint, c’est celui qui laisse passer la lumière ! » Il avait tout saisi. Mais n’y a-t-il parmi les saints que les géants de la foi et de l'amour ? Le Royaume de Dieu serait alors réservé à un tout petit nombre. Or, la foule des saints est « immense » (Ap7, 9). À côté des géants, il y a « les saints de la porte d’à côté, qui se sont efforcés, avec la grâce de Dieu, d’appliquer l’Évangile dans leur vie quotidienne », écrit le pape François. Je pense à Olivier, sdf : malgré sa misère et sa maladie, il était capable de s’émerveiller d’une parole aimable entendue et quelle attention à ses compagnons de la rue. Ou à cette grand-mère discrète et qui ne savait que faire pour apporter un rayon de lumière à ses voisins de HLM. Ces saints de la porte d’à côté, « ce sont des gens qui font un travail ordinaire, des gens de la vie ordinaire, les gens que l'on rencontre dans n'importe quelle rue » (Madeleine Delbrêl). Et la sainteté des gens ordinaires, au visage rayonnant, nous stimule. Elle n’est pas une fuite dans l’angélisme ; elle nous pousse, nous les baptisés, à faire grandir « la bonté et la beauté de l’humain, en luttant contre toute forme d’inhumanité ». (JM Aveline).
Oui, ces saints rayonnants d’amour et de vie nous attirent. J’aime la représentation qu’en fait Fra Angelico, un dominicain qui a su « traduire en couleurs l'éloquence de la Parole de Dieu » (Saint Jean-Paul II). Fra Angelico représente, les saints, dans une ronde joyeuse, enfantine ; ils sont lumineux et pleins de vie. Qu’ont-ils fait ? Fra Angélico les montre, s’approchant et se tenant autour du trône (Ap 7,9), c’est-à-dire de la Source de la lumière et de la Vie. Quelle catéchèse pour nous qui avançons péniblement sur le chemin de la sainteté ! En effet, qu’ont fait les saints ? Ils ont commencé par accueillir la lumière, la douceur, la miséricorde, la paix divines. Les saints ne sont pas des héros qui pensent y arriver à la force de leurs poignets ; ce sont d'abord des enfants, des pauvres de cœur. Et, dans cette ronde enfantine, en se donnant la main sur le chemin de la sainteté, ils s’encouragent les uns les autres. C’est leur joie.
Chers amis, rappelons-nous nos propres moments de joie : quand nous sentons-nous pleinement heureux, d'un bonheur qui donne le goût de vivre ? Est-ce le jour où nous comptons sur nos propres forces, où nous estimons nous débrouiller tout seuls ? Ou plutôt, ces jours où nous goûtons l'amour de Dieu et des autres ? Que serais-je sans vous ma famille, mes amis, mes frères et sœurs dans la foi ? Heureux les pauvres de cœur !
Dans cette cathédrale, lieu où le diocèse trouve son unité dans le Christ, quelle joie de vivre l’unité et la paix entre prêtres, diacre, laïcs, consacrés à l’occasion de la messe chrismale, des ordinations ou de la Saint-André. Quelle joie de créer un climat de paix dans nos groupes ecclésiaux, sur nos lieux de travail et autour de nous ! Heureux les artisans de paix !
Père Jean-Clément au cours de votre ministère, avec les équipes de la cathédrale et de la nouvelle paroisse, vous allez être témoins de l’avancée de la restauration intérieure de la cathédrale : les pierres ternies par le temps vont retrouver leur blancheur première, la cathédrale va retrouver toute sa luminosité. Belle image pour nous encourager ici, sur le chemin de la sainteté, un chemin où, visiteurs, paroissiens et chrétiens du diocèse rayonneront de plus en plus, la lumière du Christ, en vivant les béatitudes. Amen