Bonne Année 2022 !

La lumière brille dans les ténèbres. Elle vient d’ailleurs, pas de nous-mêmes. On dit que les tribunaux, les commissariats sont débordés par des plaintes multiples : violences dans les couples ou les familles, agressions et parmi elles, celles qui nous touchent encore davantage, nous catholiques, agressions de personnes mineures, malhonnêtetés dans les affaires politiques ou économiques, lâchetés des uns, indifférences d’autres… Les médias multiplient les récits d’affaires judiciaires. Ces actes sont les ténèbres de nos péchés personnels. Il y a aussi des gangrènes sociales, des désordres qui désagrègent notre société et qui laissent s’installer des zones d’ombres : économies parallèles dans certains quartiers, emploi difficile à trouver pour des catégories sociales ou dans des secteurs d’activités, discordes autour des mesures sanitaires jusque dans nos familles ou nos groupes ecclésiaux, conflits entre peuples. À cela s’ajoutent des nuages noirs générés par la culture ou la mentalité ambiante qui affectent nos jugements sur la vie et sur la mort, sur le sens de l’existence humaine, sur le pourquoi de notre présence sur terre. C’est pour ce monde, pour cette Église que j’accueille la parole de Saint Jean : « la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». « Bien sûr, il y a la nuit, mais le tout est de guetter l’aurore » (Jean Delumeau). La Lumière échappe à la tentative de vouloir l’étouffer, la juguler, l’éteindre. Je souhaite que cette parole de l’évangéliste guide notre année.

Saint Jean ajoute : « le Verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme ». La Lumière de la Parole de Dieu éclaire nos choix, nos engagements, nos décisions, oriente notre vie.  Je souhaite que la Parole lumineuse de Dieu éclaire les réunions des fraternités chrétiennes, des assemblées paroissiales, des groupes divers qui réfléchissent au thème de la synodalité de l’Église. En nous réunissant, nous ne cherchons pas d’abord des trucs, des recettes pastorales ! Ce ne sont pas non plus d’abord des revendications à écrire au Pape, ni des réponses à un énième questionnaire ! Nous cherchons à accueillir ensemble la Parole Lumineuse du Seigneur qui éclaire nos vies et la vie de l’Église. Nous nous mettons sous la Parole de Dieu. Elle s’enfonce dans nos ténèbres et les chasse : ténèbres du chacun pour soi, du « on a toujours fait comme ça », de la recherche du pouvoir, de l’instrumentalisation de l’Église à des fins personnelles. La démarche synodale invite à une vraie conversion du cœur, le mien,  et à y laisser pénétrer la lumière du Christ.

Cette année est aussi celle des élections présidentielles en France. On en sait l'enjeu pour l'avenir de notre pays. Au-delà des intérêts partisans, nous avons à nous interroger sur ce que nous voulons.  C'est un temps de discernement entre des projets différents : quelle société voulons-nous pour la génération qui vient, celle de vos enfants ou petits-enfants ? Nous pouvons conduire notre discernement éclairés par le Christ Lumière, par son enseignement et celui de l’Église, par l’amour grandissant à l’égard de ceux qui nous entourent et de notre pays. « Dans ma prière, écrit Saint Paul, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important » (Phi 1, 9-10). Plus l’amour grandit, plus le discernement s’affine. Dans son message à l’occasion de la journée mondiale de la paix, le pape François nous invite au « dialogue entre les générations ». Il faut redire cette vertu du dialogue qui n’est pas démission ou effacement devant l’opinion des autres, mais écoute, respect à l’égard de son interlocuteur. Les terroristes assimilent le combat des idées au combat des personnes. C'est mortifère.  Bien sûr, on peut ne pas être d'accord entre nous ; on peut avoir des opinions, des avis divergents sur des questions de société. Mais jamais nous ne devons réduire l'autre à ses opinions, à ses idées. L'autre différent de moi est une personne, un frère, une sœur en humanité.  Ceux qui vivent le dialogue, constructif et vrai sont des artisans lumineux de paix. Le Christ Lumière, par ses paroles et ses gestes en témoigne.  Je souhaite que nos échanges tellement nécessaires nous éclairent les uns les autres.

« Là où la dignité et les droits de la personne humaine sont piétinés ; là où les égoïsmes personnels ou de groupe prévalent sur le bien, là où manque le nécessaire pour survivre, que la Lumière de Noël encourage chacun à faire son propre devoir, dans un esprit d'authentique solidarité. Si chacun pense uniquement à ses propres intérêts, le monde ne peut qu'aller à sa ruine »[1] (Benoit XVI). Je remercie tous les membres des mouvements, des secteurs pastoraux, des écoles catholiques, des aumôneries de jeunes, des hôpitaux, cliniques ou Ehpad, de continuer à poser des gestes lumineux de solidarité, de partage, de rencontres. « Vous serez alors, nous dit Saint Jean, des fils de lumière » (Jn 12, 36).  Oui, « la charité nous presse » dit Saint Paul. Elle diffuse sa lumière chaleureuse, des cœurs alors se réchauffent, des personnes se remettent debout.

La lumière est faite pour se répandre, pour se communiquer. Alors, je souhaite que tous, nous appelions d'autres à nous rejoindre. Nous avons besoin de davantage de porteurs de lumière. Je remarque la joie des catéchumènes et confirmands à recevoir les sacrements lumineux de l’Église. J’observe la joie de ceux qui sont appelés et reconnus dans une mission ecclésiale. Alors, en cette année 2022, dans nos paroisses et notre diocèse, appelons des chrétiens de tous âges pour qu'ils prennent leur part dans les différentes activités des paroisses, dans la vie de la cité. Prions pour que des jeunes soient nombreux à répondre aux appels du Seigneur, dans la vie religieuse, le diaconat, la prêtrise, la vie de couple et de parents.

Car « la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ».

Bonne année 2022
+Jean-Paul James

[1]    Benoît XVI, message de Noël, 25-12-09