Assomption 2022 : homélie de Mgr James
La fête de l'Assomption est fête de l’espérance ; elle proclame la victoire de Dieu sur les forces de mort et de destruction.
Les fêtes du 15 août cette année, ont goût de cendres, de sueur et d’inquiétudes. En effet, en Gironde, nous ne pouvons pas célébrer cette fête, sans être habités par les images des feux destructeurs, les visages de pompiers épuisés et d’habitants angoissés. Portant dans notre prière, ces évènements, nous accueillons le message de la fête de l’Assomption : c’est une fête de l’espérance. Et Notre-Dame nous propose un chemin d’espérance.
Oui, c’est un message d’espérance. Les derniers jours, voyant le développement des incendies, certains ont parlé d’images apocalyptiques : non seulement la hauteur des flammes, la rapidité de la propagation du feu, mais la chaleur caniculaire et la sécheresse exceptionnelle. Beaucoup expriment leur inquiétude pour l’avenir, faisant référence à ce livre de l’apocalypse. Mais voilà, ce livre n’est pas là pour nous angoisser ; au contraire, il veut nourrir notre espérance. Saint Jean décrit des forces du mal, des forces du mal impressionnantes, un dragon aux sept têtes et dix cornes, une image pour évoquer l'intelligence et la force des puissances destructrices. Mais ce texte veut-il cultiver la peur en nous ? Au contraire ! Il appelle les chrétiens à ne pas avoir peur ! Contre le mal, les forces de destruction et de mort, Dieu est vainqueur, nous dit le texte. Unis à Notre-Dame, nous sommes encouragés à lutter, avec la force de Dieu, contre ces forces destructrices, ces dragons contemporains. Quels sont-ils ? d’abord ceux de la guerre en Ukraine, et du chaos au Liban, en Haïti. Mais il y a aussi le terrible dragon de l’égoïsme, en particulier par rapport à l’environnement : « inutile de penser aux autres, à l’avenir répète-t-il, chacun pour soi. Contre cet égoïsme, le pape François proteste et ne cesse de poser la question : « Quelle genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? ». Et avant lui, Saint-Exupéry dans Terre des hommes : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Autour de nous, certains refusent le combat pour cette terre et se laissent aller au fatalisme : il n’y a rien à faire, c'est comme ça. À la suite de Notre-Dame, nous refusons de tomber dans le fatalisme ou le désespoir. Notre-Dame nous encourage dans une espérance active. Bien sûr, il y a des décisions à prendre, mais nous chrétiens, qu’est-ce qui va stimuler notre engagement pour la sauvegarde de notre terre ? Notre-Dame et son chant nous guident : qu’est-ce qui l’a stimulé à vivre jusqu’au bout sa mission ? Elle le chante : son émerveillement devant l’œuvre de Dieu. Or, ici en Gironde, nous en avons des motifs de nous émerveiller de l’œuvre de Dieu : un coucher de soleil sur l’océan, la beauté de ce bassin d’Arcachon, plus loin la Vigne rougissante à l’automne. Pour tout cela, s’écrie saint François : Laudato si', loué sois tu mon Seigneur pour sœur la terre, sœur l’eau, la pluie. Quel don reçu ! Cultivons cet émerveillement pour stimuler nos actions et entretenons un lien de fraternité, avec notre vieille terre : non, nous ne voulons pas la piller, la détruire, l’épuiser mais nous réconcilier avec elle.
La fête de l'Assomption est fête de l’espérance ; elle proclame la victoire de Dieu sur les forces de mort et de destruction. Notre-Dame a rejoint son Fils ressuscité et vivant. C’est une vivante en Dieu ; c’est à elle que nous catholiques, nous confions notre pays. À la suite du vœu du roi Louis XIII, le Pape Pie XI, il y a cent ans, a donné Notre-Dame, comme patronne principale de notre pays. Nous voulons accueillir l’exemple de Notre-Dame pour vivre en chrétiens ici en France, et entretenir l’espérance. Je l’ai dit : cette jeune femme nous laisse le chant du magnificat : Notre-Dame chante sa gratitude pour la fidélité de Dieu au long de l’histoire du peuple auquel elle appartient, le peuple juif. Pour saisir la profondeur du magnificat, nous chrétiens avons besoin de plonger dans les racines juives de notre foi chrétienne. Alors que nous nous rappelons ce mois-ci, les 80 ans de la déclaration du Cardinal Saliège lors de la dernière guerre mondiale (« les juives sont des femmes, les juifs sont des hommes : ils sont nos frères comme tant d’autres »), je veux faire mémoire de la visite faite à la synagogue d’Arcachon grâce à M. le rabbin. Contre les feux destructeurs de l’antisémitisme, nous avons choisi de vivre et de développer l’amitié entre chrétiens et juifs. J’accueille ces relations comme un beau signe d’espérance : Notre-Dame nous y encourage.
Et je la regarde encore : le jour de la visitation, Notre-Dame a l’audace d’une rencontre. Le pays allait mal, sa cousine était fatiguée. Elle, Marie, jeune femme enceinte, pouvait rester chez elle et se dire : je ne peux rien à tout cela ! Au contraire, Notre-Dame femme d’espérance, quand tout va mal, ne se replie pas mais aime davantage. Elle ose un voyage risqué à travers les collines de Judée. Elle se risque pour aider sa cousine Elisabeth. J’en vois ici dans le diocèse, des témoins de l’espérance qui se risquent à des rencontres : les adultes qui ne se résignent pas à la solitude des personnes âgées ou malades et qui deviennent des messagers de l’amour et de l’amitié. Les pompiers français et étrangers, courageux et dévoués : nous sommes bouleversés devant leur témoignage et tellement reconnaissants. Les jeunes, je le lis dans les lettres de confirmation, qui pensent leur vie, non pas comme une course à l’argent ou au pouvoir, mais comme une volonté généreuse d’aider les autres. Et beaucoup parmi vous, ce matin qui faites face aux problèmes de la vie et qui ne baissez pas les bras. C’est pour cela qu’avec joie, j’accueille le magnificat.
Oui, à cause de Notre-Dame, cette fête de son Assomption nous encourage dans l’Espérance, pour nous, pour notre pays, pour l’Église. Amen
Lundi 15 août 2022
Arcachon