À Pentecôte, réveillons notre élan missionnaire !

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En chemin vers Pentecôte 2021, retrouvez l'éditorial de Mgr James, archevêque de Bordeaux, à paraître dans le journal diocésain du mois de mai.

Le matin de Pâques, alors qu’il fait encore nuit, certains ont pu voir, dans les rues encore désertes, des personnes se rendre à l’église. Qu’allaient-ils y faire à une heure pareille ? Le couvre-feu était à peine levé ! Ces chrétiens de Gironde ont fait une expérience étonnante : le passage des ténèbres à la lumière ! Entrés dans la nuit, ils ont vu le soleil illuminer peu à peu l’église. Des baptêmes d’adultes ont été célébrés. Ensemble, ils ont chanté l’alléluia pascal ! Le Christ est ressuscité et vivant ! Sa joie, Sa Paix nous habitent ! Cette expérience vécue à la vigile pascale est racontée. Nous sommes heureux d’en parler. En effet, « Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer »1. Voilà la mission chrétienne ! Nous ne la vivons pas pour faire du chiffre ! Ou pour vendre un produit qui marche ! Chrétiens, nous proposons la rencontre d’une personne : Jésus ressuscité ! Baptisés, nous sommes disciples-missionnaires ! Sortant de l’église le jour de Pâques, nous rejoignons nos familles, nos voisins de quartier, nos collègues de travail, nos camarades de classe et les amis. Et nous vivons notre tâche de disciple-missionnaire, par le témoignage de vie et la parole, par l’engagement du service et la prière.

Sans doute, nous rencontrons des difficultés. En ce moment, nous subissons l’épidémie, le confinement, les gestes sanitaires. Mais justement ! L’Évangile n’est-il pas Bonne Nouvelle pour temps de crise ? Nos difficultés, ce sont aussi nos faiblesses, notre peu d’ardeur, notre routine et nos contre-témoignages. Il y a aussi l’air du temps que nous respirons, ce relativisme ambiant ou encore une conception étriquée de la laïcité renvoyant les religions dans la sphère du privé. Alors, comment être une « Église en sortie » ? Nous ne perdons pas confiance : les disciples du jour de Pâques peu à peu sont conduits vers la fête de Pentecôte. Car le premier acteur de la mission d’évangélisation, c’est l’Esprit Saint, Celui que Dieu envoie à Pentecôte.

Ce jour-là à Bordeaux, près de 120 adultes seront confirmés ! La confirmation est un soutien pour la mission, elle fait grandir et aller de l’avant2. Ce n’est pas un sacrement pour une élite qui serait parfaitement au point ! Qui peut prétendre être au point pour le recevoir ? Un évêque aimait répéter : « Ce n’est pas parce que vous êtes sûrs de votre foi que vous allez recevoir la confirmation, mais pour que vous soyez assurés dans la foi ». Dans les paroisses, les écoles catholiques, les aumôneries, nous ne pouvons pas nous contenter d’accueillir les demandes de sacrements, nous prenons l’initiative : nous proposons la confirmation en demandant par exemple, aux collégiens, aux catéchistes, aux membres des EAP, aux membres des aumôneries de jeunes ou d’hôpitaux, aux personnes qui se préparent au mariage, aux chefs et cheftaines scouts, aux acteurs de la solidarité ou aux animateurs liturgiques, aux jeunes qui se préparent à entrer dans la vie professionnelle ou à entrer dans la vie étudiante, etc… s’ils sont confirmés. Pourquoi ? Parce que tous ont à vivre une mission chrétienne, avec leurs qualités mais aussi leurs fragilités. Et il est impossible que cette mission porte du fruit si elle ne se vit pas dans la force de l’Esprit Saint. Je compte désormais remettre, le jour de la confirmation, à chaque jeune ou adulte, un carton d’invitation destiné à un membre de sa famille ou de ses amis, pas encore confirmé. Il nous faut proposer !

Car l’enjeu des confirmations de jeunes et d’adultes, c’est l’aujourd’hui et l’avenir de la foi chrétienne en Gironde, de la mission d’annoncer l’Évangile. Et comment peut-on l’annoncer sans la force de l’Esprit Saint ? La Parole du Christ ressuscité est pour le diocèse de Bordeaux : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins » ( Ac 1, 8 ). L’Église de Bordeaux est-elle « Église de Pentecôte » ? Si l’Esprit Saint n’a pas sa place dans notre diocèse, nos communautés, nos personnes, alors la vie chrétienne manque de souffle, les communautés chrétiennes finissent par mourir. L’Écriture le répète : toute vie, toute fécondité, toute croissance vient par l’Esprit Saint. Entre l’Ascension et Pentecôte, unis à toute l’Église, nous vivrons cette neuvaine de prière : nous demanderons au Seigneur d’envoyer son Esprit de force, de lumière, de paix sur nos personnes, sur le monde, sur notre diocèse.

Ceux qui liront ce texte sont pour la plupart confirmés. Mais vivent-ils l’élan donné par l’Esprit Saint pour annoncer l’Évangile ? Par exemple, le dernier synode diocésain nous a laissé des propositions pour être « disciples en sortie » ; sont-elles mises en œuvre ? Une semaine de mission dans chaque secteur pastoral tous les deux ans ? Une équipe locale chargée de stimuler la vie missionnaire en lien avec l’école diocésaine de la mission ? Des veilleurs de proximité pour faire du lien avec les quartiers ? Des équipes de solidarité chargées des personnes migrantes ou en précarité ?... Où en sommes-nous ? Serions-nous devenus cette « chrétienté somnolente » que stigmatisait Emmanuel Mounier dans « l’affrontement chrétien » ? Bien sûr, il y a le contexte difficile du confinement. Mais pouvons-nous commencer à penser déjà à l’année prochaine et réveiller notre élan missionnaire à Pentecôte ? La Pentecôte opère une transformation profonde dans la communauté réunie, et dans chacun des disciples. Contrairement à Babel, ceux qui reçoivent l’Esprit, n’ont plus peur d’« être dispersés sur toute la terre » ( Gn 11, 4 ), ils prennent la route et en chemin, des conversions s’opèrent. C’est le passage de l’enfermement à l’ouverture, du mutisme à la prise de parole. Voilà ce que fait l’Esprit Saint dans l’Église. En Gironde, des milliers de baptisés sont actifs dans la société, dans l’Église et souvent dans les deux, j’en suis témoin et j’en rends grâce ! Des dizaines de milliers d’autres somnolent ! Peut-on leur donner envie d’être des chrétiens debout, priant et agissant dans la communauté chrétienne et leur quartier ? L’Esprit Saint aime, assiste, inspire, stimule notre Église. Il donne à chacun en pensant à tous ! Il diversifie ses dons sans diviser. Il unifie sans uniformiser... Et tout cela pour le service de la mission !
À quelques jours de Pentecôte, nous nous unirons davantage à la prière de l’Église tout entière : Viens Esprit Saint !

+ Jean-Paul James

Archevêque de Bordeaux, évêque de Bazas


1. Jean-Paul II,  Au début du nouveau millénaire, 2001, n°40
2. Cf Catéchisme de l’Église Catholique n° 1303.

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