Nous sommes tous faits pour être saints

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Retrouvez l'édito de Mgr Le Vert pour le mois de novembre 2022.

Voilà un titre qui peut nous surprendre ! La Toussaint, qui célèbre cette multitude de saints « anonymes » qui ont vécu une vie ordinaire et sont devenus saints au jour le jour, rappelle de façon extraordinaire que la sainteté est faite pour nous. Mais comment croire que la sainteté est notre vocation fondamentale, malgré nos limites et nos faiblesses ? Pour nous, un saint est une figure de vitrail, qui fait des miracles, et surtout qui ne pèche jamais… Rien à voir avec nous !

Or ce n'est pas cela, être saint. Pour le comprendre, posons-nous une simple question. Quel est le but de la quasi-totalité de nos actions chaque jour ? La réponse est tout aussi simple : le bonheur. Et ce qui rend les humains heureux, c’est d’aimer et d’être aimé. Mais nous désirons tous aimer et être aimé parfaitement, infiniment. Pourtant, nous savons bien que l’amour parfait n’existe pas sur terre. Or l’homme ne peut désirer quelque chose qui n’existe pas. S’il désire un amour parfait, c’est que celui-ci existe : c’est Dieu. Dieu est l’amour absolu, sans limite. Ainsi, en voulant être heureux par un amour parfait, c’est Dieu lui-même que nous recherchons, sans le savoir parfois. Mais pour aimer, il faut être avec celui qu’on aime. L’appel au bonheur nous pousse donc à aller vers Dieu. Et ceux qui sont avec Dieu, on les appelle les saints, tout simplement. Être saint ou être heureux, c’est la même chose ! À la question : « Voulez-vous être saint », notre réponse peut être hésitante. Mais à la question : « Voulez-vous être heureux », la réponse ne fait aucun doute. Il est alors crucial de savoir si nous croyons que le vrai bonheur est en Dieu, qu’il est Dieu. Cela oriente toute notre vie.

Être saint, c'est se laisser aimer par le Seigneur, et aimer en retour Dieu et les autres, autant que nous le pouvons. Être saint, c'est se reconnaître pécheur et se redresser après avoir été pardonné, comme le dit Thérèse d’Avila : « Un saint, c’est un pécheur qui se relève toujours ». Et plus on est saint, plus on se relève vite... Le premier pas de la sainteté, ce sera alors de reconnaître qu'en moi, il existe tout ce qu'il faut pour cela, parce que Dieu l'a déposé. Tout ce que j'ai à faire, c'est laisser l’Esprit Saint, l’Esprit de sainteté faire son travail en nous.

Mais souvent, la sainteté nous rebute inconsciemment, car nous savons bien qu'il va nous falloir changer bien des attitudes. Nous sommes invités à ne pas avoir peur de vouloir être des saints, parce que c’est l’Esprit qui nous le fait devenir. Or, nous avons tous en tête ce qu’on pourrait appeler le « Top model spirituel » que nous aimerions être, au bout de nos propres efforts, en faisant le « régime spirituel » qui irait bien… Sauf que nous ne serons jamais ce « Top model spirituel », qui serait d’ailleurs infiniment moins grand que le saint que Dieu veut faire de nous. Nous ne devenons pas saints par nos propres forces, et il nous faut entrer dans l’ambition de Dieu pour nous.

La foi de l’Église nous affirme que le ciel est ouvert à tout homme, même et surtout à ceux qui sont apparemment complètement « ordinaires », parce que ce sont eux qui sont les plus nombreux au ciel, « une foule immense que nul ne peut dénombrer » (Ap 7, 9). Ces saints nous disent que la sainteté est en fait quelque chose de très répandue. Le pape François nous le répète : « L’Esprit Saint répand la sainteté partout… J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire… C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’ » (Gaudete et exultate n° 6-7).

Au sein de cette sainteté ordinaire et répandue, le Pape nous invite à éviter de nous comparer, car chacun est unique. Il n’y a jamais eu et il n’y aura plus jamais sur terre quelqu’un comme chacun de nous. Chacun est aimé de façon unique par le Seigneur, et est appelé par lui à être tel saint bien spécifique. Pour cela, il nous a formés tels que nous sommes. Il n'y a donc pas deux saintetés identiques dans le monde. Chacune est incomparable. Quelle joie et quel émerveillement !

 

Mgr Jean-Marie Le Vert
Évêque auxiliaire de Bordeaux