Que sera donc cet enfant ?

Nos yeux ont toujours à se tourner de nos questions vers Jésus, jeune parmi les jeunes. Comment vivrons-nous en cet Avent la préparation des chemins du Seigneur ?

Partager sur: Partager sur Twitter Partager sur Facebook Partager sur Google+

Dans son édito de décembre 2018, Mgr Bertrand Lacombe met en perspective les deux synodes (romain sur la jeunesse et diocésain sur les disciples-missionnaires) et le temps de l'Avent !

Que sera donc cet enfant ?

Que sera donc cet enfant ? (Lc 1,66) se demande-t-on dans l’entourage de Jean-Baptiste. Cet enfant peut prendre pour nous la figure des deux synodes qui viennent de se tenir… D’une part nous avons reçu les actes synodaux du synode diocésain Disciples missionnaires et nous œuvrons actuellement à sa mise en place. D’autre part pour l’Eglise universelle, j’ai eu la joie de participer au synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. En voici quelques échos qui pourront enrichir nos démarches diocésaines pour la mission, notamment auprès des jeunes.

Une spiritualité de l’écoute du monde, des jeunes et de l’Evangile

Tout au long du synode qui s’est tenu en octobre dernier à Rome, le Pape François a insisté sur la posture spirituelle de l’écoute. Il s’agit d’ouvrir ses oreilles, mais aussi son esprit et son cœur pour écouter les autres, en l’occurrence les jeunes. Au cours des démarches préparatoires, le point d’orgue a été le pré-synode qui, à l’initiative du Pape, a rassemblé à Rome 300 jeunes du monde entier la semaine avant les Rameaux. Des thématiques nouvelles ou renouvelées sont apparues telles que l’évangélisation du numérique, la vie affective, la places des laïcs femmes et hommes, la prise de responsabilité ecclésiale, Laudato Si et la maison commune, l’interculturel et l’interreligieux, la mission aujourd’hui…

Cet état d’esprit d’échange de personnes de toutes races, langues, peuples et nations se retrouvait parmi les 350 participants du Synode des évêques. Ils étaient 265 évêques, ont participé également des supérieurs de communautés religieuses, des responsables de pastorale des jeunes, des experts et 34 jeunes1. Les modalités de rencontres ont été la célébration de la messe et de l’office, les congrégations générales, les carrefours linguistiques, un pèlerinage…

Pour honorer la préparation et apporter des éléments de réponse, les pères synodaux ont proposé deux figures évangéliques. Les pèlerins d’Emmaüs donnent la structure au document final. La première partie, autour du cheminement de Jésus avec les pèlerins, illustre l’écoute de la jeunesse. Trois défis majeurs sont relevés : l’évangélisation du digital, les migrants comme paradigme de notre temps, reconnaître et réagir à tout type d’abus. La seconde partie, au moment où les yeux des disciples s’ouvrent, entre dans le cœur du sujet avec l’accompagnement, le discernement et la vocation. Enfin, la dernière partie, quand les disciples courent sans tarder vers Jérusalem, s’attache plus directement à la mission. C’est au début de cette 3e partie qu’est proposée la belle figure de Marie-Madeleine, témoin de la résurrection et apôtre des apôtres.

Accompagner les jeunes dans une Eglise vocationnelle

L’étymologie du mot Eglise nous aide à comprendre sa nature vocationnelle. Nous sommes un peuple d’appelés. Les jeunes eux-aussi sont appelés par le Seigneur pour leur choix de vie, leur métier, leurs loisirs… Et cet appel est ancré dans le baptême et l’appel universel à la sainteté.

Mais discerner l’appel du Seigneur, s’engager dans un choix de vie ou dans des études, ne vient pas nécessairement tout seul, d’où l’importance de l’accompagnement. L’Eglise a un savoir-faire multi-séculaire en matière d’accompagnement spirituel, mais il convient d’appeler de nouveaux accompagnateurs, ministres ordonnés ou laïcs, de les former, de les envoyer en mission. C’est un premier point important, néanmoins l’accompagnement se vit aussi dans les multiples groupes d’Eglise destinés aux jeunes. Au sein de ces groupes, ils sont accompagnés par leurs animateurs mais aussi par les jeunes eux-mêmes. Nous rejoignons ainsi la dynamique missionnaire. Les jeunes sont missionnaires auprès des jeunes en les appelant dans leur groupe d’Eglise.

Synodalité missionnaire

Nous connaissons la synodalité pour l’avoir vécue. Ce mot n’avait pas encore été associé à celui de missionnaire. L’état d’esprit d’écoute et d’échange, le processus de décision, les orientations ont pour but la mission. Les orientations données dans la 3e partie ne sont pas ‘ficelées d’avance’. Un état d’esprit d’écoute missionnaire permettra de discerner les décisions qui conviennent pour dialoguer et évangéliser, selon les différents contextes. Nous sommes dans la perspective du Concile Vatican II qui a voulu se mettre en conversation avec le monde.

Après avoir précisé ce que l’on entend par synodalité missionnaire, la troisième partie fait des propositions sur la mission dans l’Eglise, puis à l’extérieur de l’Eglise, enfin un chapitre est consacré à la formation intégrale dans les institutions catholiques existantes (écoles, université, séminaires, noviciat) ou à créer ! Dans cette perspective, les expériences des ‘années pour Dieu’ qui rassemblent pour un an des jeunes au sein d’une communauté religieuse, d’une école de mission communautaire ou diocésaine, d’une maison d’accueil sont de belles propositions.

Voici quelques-uns des points qui figurent dans le document final2 ou qui ont fait l’objet de débats : écouter les jeunes et au-delà, option préférentielle avec les jeunes, la paroisse et l’école, préparations catéchumènales aux sacrements, directoire pastorale des jeunes avec une orientation vocationnelle, conseils de pastorale des jeunes à tous les niveaux de la paroisse à l’Eglise universelle, lieux d’accompagnement de la maturation à la vie chrétienne adulte, écoles de mission pour les jeunes, label Jeune responsable chrétien en mission pastorale, vie pastorale en équipe, attention aux vocations spécifiques, parrainages de tous les sacrements, spiritualité de la jeunesse, processus missionnaire qui intègre tant les temps forts que l’accompagnement au jour le jour …

Que sera donc cet enfant ? Nos yeux ont toujours à se tourner de nos questions vers Jésus, jeune parmi les jeunes. Comment vivrons-nous en cet Avent la préparation des chemins du Seigneur ? Puisse la synodalité missionnaire et la mise en œuvre du synode diocésain animer nos cœurs pour rencontrer Celui qui vient et l’annoncer autour de nous !

 

Mgr Bertrand Lacombe

Évêque auxiliaire du diocèse de Bordeaux

 

 

 

 

1. Parmi les participants liés à la France : Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France, est intervenu à propos de la mission dans l’Eglise ; Mgr Laurent Percerou, évêque de Moulins, a pris la parole sur la mission hors de l’Eglise ; Mgr Emmanuel Gobilliard, auxiliaire de Lyon, s’est exprimé sur la vie affective ; Sœur Nathalie Becquart, xavière, sur la mission en équipe ; Fr Aloÿs sur l’écoute à Taizé ; Nathanaël Lamataki, jeune Néocalédonien, sur la mission en famille ; votre serviteur, sur l’accompagnement. Le P. Philippe Bordeyne, recteur de l’université catholique de Paris participait comme expert.

 

2. Le document final sera bientôt disponible en langue française.

Crédit Image : © Marko Rupnik, sj - Centro Aletti - centroaletti.com

Partager sur: Partager sur Twitter Partager sur Facebook Partager sur Google+