Naissance de Jésus pour chacun, pour tous
« L’Avent remet au cœur l’Enfant-Dieu qui se fait proche. Nous vivons de nombreuses relations de proximité dans des groupes d’Église existants...La dernière assemblée synodale invite à vivre la fraternité et l’attention à tous. »
Comme chaque naissance, celle de Jésus est un événement pour sa propre famille, ses proches, son entourage. A l’écoute du nouveau testament, nous prenons conscience avec joie que cette naissance manifeste l’amour du Père pour tous. Chacun est appelé à rejoindre le peuple des chrétiens et à recevoir cet amour, source de salut.
Une naissance dans une famille et dans un peuple
Jésus naît dans une famille juive, riche d’une histoire immémoriale transmise de génération en génération au sein du peuple d’Israël. Ce peuple est le fruit de l’élection de Dieu, c’est-à-dire du choix de l’amour divin inconditionnel. Le Premier Testament nous relate l’alliance entre Dieu et son peuple, marquée notamment par la loi que chaque croyant met en œuvre par toute sa vie. L’alliance nouée avec le peuple juif demeure et témoigne du choix irrévocable de Dieu.
La Sainte-Famille manifeste ce choix préférentiel. Au cours de la vie cachée à Nazareth, Jésus reçoit l’amour de ses parents et de ses proches, et avec eux, l’amour de Dieu. Il devient membre à part entière de son peuple.
Le nouveau peuple de Dieu, signe et moyen de la fraternité universelle
Notre regard chrétien s’attache à souligner combien la première alliance prépare et annonce la venue de Jésus, centre de l’histoire. Jésus renouvelle la loi et l’accomplit dans une perspective universelle. La loi nouvelle de l’amour de Dieu et du prochain, donnée dès la première alliance, permet à toute personne de suivre Jésus et d’appartenir au peuple nouveau. Cette appartenance ne vient pas de la naissance, mais de la rencontre personnelle avec Jésus, scellée par le baptême et la vie sacramentelle.
L’universalité qui transparaît dans tout le nouveau testament peut être résumée par cet appel : « Allez de tous les peuples et faites des disciples ».1 La perspective de rassembler toute l’humanité est exprimée dans les premiers mots de la constitution conciliaire sur l’Eglise : « L’Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est à dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain ».2
Néanmoins, certains peuvent être surpris par cette pédagogie divine, se demandant pourquoi l’universalité du salut passe par la spécificité de la première alliance et de la naissance d’un enfant en un lieu, un temps, un peuple. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas commencé par appeler toute personne humaine ? Nous pouvons pénétrer plus avant ce mystère, Dieu choisit tout un chacun personnellement. Pour répondre à l’appel de Dieu, tel un enfant qui grandit, il faut l’entendre d’abord dans sa propre langue, sa culture, sa tradition. Dieu ne vient pas de manière surplombante pour s’imposer à l’humanité qu’il a créée à son image.
Des communautés d’Eglise
L’amour personnel de Dieu passe par la communauté. Notre première communauté chrétienne est souvent notre famille ou une équipe qui nous a permis de rencontrer le Christ. Ensuite, les chrétiens sont appelés à participer à divers groupes, petites communautés ou fraternités, qui vont être en communion les unes avec les autres au sein des paroisses, puis des diocèses et enfin de toute l’Eglise. C’est le sens de la catholicité. Nous attachons beaucoup d’importance au lien sacramentel entre tous les chrétiens. Ce lien est sensible par exemple lors de grands rassemblements. Nous pouvons rendre grâce à notre Dieu qui choisit les chemins d’histoires singulières et de communautés particulières en communion, afin de manifester l’universalité de son amour. Si l’universalité venait de l’extérieur, elle resterait un discours, une intention, une étiquette, sans consistance, sans racine, sans espérance.
Au regard de la Nativité, l’Epiphanie élargit l’événement aux dimensions du monde. Après les bergers, des visiteurs lointains viennent adorer Jésus. Ceci sera plus perceptible après la vie à Nazareth. Jésus commence sa mission avec des membres de son peuple que sont les apôtres et les disciples, puis elle s’élargit à tous sans distinction de race, de culture, d’origine.
Le jumelage avec le diocèse de Doumé-Abonbang au Cameroun
La charte du jumelage vient d’être signée le jour de la Saint-André à la cathédrale de Bordeaux par le Cardinal Jean-Pierre Ricard et Mgr Jan Ozga, évêque du diocèse de Doumé-Abong Mbang. La perspective est du même type, elle va nous permettre de vivre une communion plus grande avec ce diocèse, et ainsi d’élargir nos horizons missionnaires. Nous sommes appelés à nouer ces liens, en nous visitant, en accueillant des prêtres et des laïcs tant de notre côté qu’en allant visiter ce diocèse. Nous nous sentirons progressivement davantage chez nous en vivant des liens humains et spirituels avec ce diocèse de la forêt camerounaise. Par ces échanges de communauté à communauté, nous prendrons davantage conscience de l’universalité de notre vocation chrétienne en vivant un lien spécifique avec le diocèse de Doumé-Abong Mbang.
Plutôt que de vouloir courir en tout lieu au risque de relations éphémères s’apparentant davantage à une collection de photos impersonnelles, avec le jumelage nous vivrons une amitié profonde et durable, au service de la fraternité universelle de tous les chrétiens et du monde.
Un fruit pour le Synode
Disciple missionnaire dans la création de nouvelles fraternités ?
L’Avent remet au cœur l’Enfant-Dieu qui se fait proche. Nous vivons de nombreuses relations de proximité dans des groupes d’Eglise existants, les équipes synodales, les visitations, l’accueil de migrants… La dernière assemblée synodale invite à vivre la fraternité et l’attention à tous. Ne craignons pas de développer nos fraternités d’Eglise en appelant, élargissant, dédoublant ! Les prêtres et les responsables pastoraux pourront aider à discerner la finalité de nouveaux groupes. C’est une belle manière d’être missionnaire dans la joie de l’universalité de l’œuvre de l’Esprit. C’est ainsi que l’amour trinitaire irrigue nos vies et que Jésus vient naître pour tous.
+ Mgr Bertrand Lacombe
Évêque auxiliaire de Bordeaux