"C’est un réel privilège d’avoir ce trésor dans notre ville" : entretien avec Catherine Gaïotto
Ce fut comme un choc.
J'ai senti un appel. Il était impossible pour moi que cette relique soit restée cachée ici si longtemps. Après de multiples recherches, j’ai appris son histoire. Plus je m'y intéressais plus ça m'appelait.
La Sainte Épine représente un objet sacré pour les paroissiens de Libourne. Pouvez-vous résumer votre histoire avec cette relique ?
Mon histoire avec la Sainte Épine commence en 2011 lorsque le père Laurent Dubosc m'a demandé de m'occuper de l’église Saint-Jean-Baptiste. Nous sommes d’ailleurs arrivés en même temps sur la paroisse. Je me retrouve ainsi à avoir les clés et commence à inspecter les lieux. Pour pouvoir travailler j'ai été obligée de regarder ce qu'il y avait. De cet inventaire a découlé l’organisation des journées du patrimoine, qui ont lieu chaque année. C’est au fond d’un coffre-fort que nous avons découvert une Sainte Épine. Nous sortons cet objet comme s’il s’agissait d’un calice, d’un objet qui avait été laissé là négligemment.
Puis ce fut comme un choc. J'ai senti un appel. Il était impossible pour moi que cette relique soit restée cachée ici si longtemps. Après de multiples recherches, j’ai appris son histoire. Plus je m'y intéressais plus ça m'appelait.
À l’époque je faisais les visites de Saint-Jean-Baptiste, et à mes yeux la visite ne pouvait pas se faire sans que je parle de cette Sainte Épine et que je raconte son histoire, comment elle était arrivée à Libourne. À la fin des visites je rangeais soigneusement la Sainte Épine dans son coffre, pour assurer sa sécurité.
Suite à cette découverte, je me suis longuement renseignée, notamment auprès des historiens de la paroisse et des archives municipales. D'autres avaient déjà fait ces recherches avant moi mais ce travail m’a permis de rassembler toutes ces informations et surtout de les diffuser.
Avec le bouche à oreille, de plus en plus de monde demandait à voir cette Sainte Épine. À chaque fois que je voyais Monsieur le Maire, Philippe Buisson, je lui parlais du succès que notre relique connaissait. Un beau jour, comprenant l’intérêt que la Sainte Épine pouvait avoir pour la commune, le maire commença à s’y intéresser. En septembre 2019 le maire offrit une vitrine sécurisée afin que la relique soit toujours exposée au grand public. C’est à partir de ce jour que l’idée d’une confrérie est née.
La confrérie de la Sainte Épine de Libourne n'existe que depuis peu. Pouvez-vous en dire plus sur sa création ?
Au départ en 2020, nous étions quatre à réfléchir sur une charte. Puis la mairie a inauguré la vitrine le 24 juin, jour de la Saint Jean-Baptiste, patron de notre église. Notre curé a officialisé la confrérie lors d'une célébration qui a eu lieu en septembre 2020. Nous naviguions à vue dans cette période de confinement, car il n’était pas toujours simple de nous réunir. À ce moment je commence à chercher s'il y a d'autres confréries sur la région. La Sainte Épine ne doit pas se vivre seule, mais en communauté. Je contacte alors la confrérie de Perpignan avec qui j'ai eu un très bon contact, très amical. Ces échanges étaient très enrichissants car leur confrérie est plus ancienne que la notre.
L’article deux de notre charte décrit le rôle de la confrérie : “L'objet de la confrérie est de promouvoir et de servir la Sainte Épine. Les membres de la confrérie s'engagent à la présenter sous son aspect cultuel et culturel et ils lui sont particulièrement et pieusement dévoués.”
L’année dernière, le 24 juin 2021, nous organisions notre première procession dans les rues de Libourne. Les consignes sanitaires étaient assez strictes car nous sortions à peine du confinement. Cette journée avait pour but de faire découvrir la Sainte Épine, de la montrer au grand public et également faire connaitre notre confrérie. Nous souhaitons montrer que l'Église catholique est vivante, que cette épine entraîne derrière elle. et moi après, je fais confiance au Saint Esprit.
Nous organisons également différentes ostensions et solennités tout au cours de l’année.
Comment expliqueriez-vous qu’à travers les âges, la Sainte Épine soit devenue un symbole de piété populaire à Libourne ?
Elle est là depuis plus de mille deux cents ans. C'est un élément qui a construit et qui a fait évoluer la ville. Aliénor d'Aquitaine ne pouvait pas rester plus d'une année sans venir vénérer la Sainte Épine. D'autres sont passés après elle, des rois, des dirigeants. Ils avaient pour habitude de donner un privilège à la ville. Tout ceci a permis ce développement de la ville, la Sainte Épine fait intégralement partie de l'histoire de Libourne. Elle ne nous appartient pas, elle appartient à tout le monde. C’est un réel privilège d’avoir ce trésor dans notre ville contrairement à d'autres communes où celles-ci se trouvent dans des musées municipaux.
À l’occasion de la Saint Jean-Baptiste, la confrérie de la Sainte Épine organise cette année une procession dans les rues de la ville. Que va-t-il se passer ?
Cette année, la fête de la Sainte Épine sera beaucoup plus importante. La procession sera menée par la bannière de Saint Jean entourée de deux enfants de chœur portant chacun un cierge, sur fond de percussions. Une trentaine de figurants suivront le cortège en tenue d’époque afin d’illustrer la vie de Jésus et de la Sainte Épine. Quatre soldats romains encadreront Jésus en train de porter sa croix, aidé de Simon de Cyrène, suivis de Marie, Marie Madeleine et le peuple de Jérusalem. Suivront Charlemagne à cheval et ses écuyers qui seront accompagnés de quatre jurats et de membres de la confrérie Saint Clair. La confrérie de Perpignan qui a eu la gentillesse de répondre à notre invitation fermera la marche avec leur bannière, accompagnée des scouts, de l’ordre de Malte, des chevaliers du Saint-Sépulcre. Bien évidement la bannière de la confrérie de Libourne sera suivie des confrères portant le brancard exposant la châsse avec la Sainte Épine. Les prêtres libournais, prêtres des autres paroisses ainsi que tous les diocésains sont conviés.Cette procession démarrera sur les quais, desquels des paroissiens arriveront en bateaux. Le parcours s’achèvera sur parvis de l’église où Charlemagne descendra de cheval pour remettre la Sainte Épine à Philippe Buisson, maire de Libourne. Sans son soutien le projet n’aurait pas pu avoir l’ampleur qu’il a aujourd’hui. C’est une grosse procession qui traverse la ville sur un peu moins d’un kilomètre.
Regardez la vidéo d'invitation à la fête de la Sainte Épine, le 24 juin à Libourne.