Le dimanche 28 mai 2023, la cathédrale de Bordeaux accueillait les familles et amis des nombreux confirmands présents aux côtés de l’archevêque de Bordeaux, Mgr Jean-Paul James. Découvrez son homélie.
Chers confirmands, vous êtes entourés d’une foule nombreuse : vos parents, vos amis ont fait parfois des kilomètres. Merci à eux d’être là. En fonction de leurs opinions, certains ont de l’intérêt, du respect, ou de l’émerveillement pour votre démarche. Mais tous, par leur présence, disent l’affection, l’amitié qu’ils ont pour vous. C’est un magnifique cadeau. Pour nous catholiques, votre nombre très important cette année est une immense joie. Je rends grâce à Dieu du don qu’Il fait au diocèse de Bordeaux, je remercie les groupes d’accompagnement des différentes paroisses. En lisant vos courriers, j’ai reconnu l’action de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint agit aujourd’hui dans l’Église et dans le monde, dans vos cœurs. L’Esprit Saint, c’est le Maître de l’impossible, l’Esprit de liberté, l’Esprit d’amour.
Ce qui frappe d’abord en vous lisant, c’est que certains n’auraient pas imaginé se retrouver là il y a quelques années, alors qu’ils vivaient sans trop se préoccuper de Dieu. Plusieurs font référence à un milieu familial indifférent. Baptisés petits, ils n’avaient pas été catéchisés. Par exemple, cette maman : « cette culture religieuse m’a manquée. J’ai toujours pensé que Dieu existait sans pouvoir l’exprimer et sans rituels pour le faire entrer dans ma vie ». Et vous voilà ici aujourd’hui. Je cite : « C’est comme si le train de ma vie avait déraillé à 15 ans et qu’il repartait maintenant sur la bonne voie ». Il y a tant de parcours chaotiques, des épreuves parfois, et des activités professionnelles si prenantes. Beaucoup de chrétiens, chers amis confirmands, s’interrogent : Comment cela peut se faire que des jeunes, des adultes, s’intéressent à Jésus et à l’Évangile ? C’est fini, fichu, ringard ! Se disent beaucoup. Il y a 2000 ans, on disait la même chose : que pouvait-on espérer de ces quelques hommes perdus au milieu de leurs frères juifs ? Que pouvait-on attendre d’une poignée de disciples de Jésus condamné à mort et exécuté qu’on disait ressuscité ? Quel avenir à ces gens-là ? Aucun ! Miser sur eux, sur ces hommes enfermés chez eux et morts de peur ? Impensable, impossible ! Précisément, l’Esprit Saint est le maître de l’impossible. Ce qui est impossible aux forces humaines, c’est l’Esprit Saint qui le réalise. Depuis les apôtres, les chrétiens savent ce dont est capable l’Esprit de Dieu. Chers confirmands, si certains jours, nous mesurons trop nos fragilités (car nous ne sommes pas des héros), si nous nous trouvons devant des situations impossibles, invoquons l’Esprit Saint, invoquons-le tous les jours : viens Esprit Saint en nos cœurs, dans nos familles, dans nos paroisses.
Le jour de Pentecôte l’Esprit Saint souffle sur les apôtres réunis. Et que se passe-t-il ? Ils sont transformés. Ils avaient peur du qu’en dira-t-on, de ce qu’on allait penser d’eux ? Saint Pierre ose prendre la parole. L’Esprit Saint le rend libre. Il nous rend libres. Une jeune confirmante me raconte comment, jusque-là dans sa vie, elle s’était autorisée à tout et la voilà je cite dans « un tourbillon de fête, d’effervescence, de mensonges… c’était étouffant ». Un jour, invitée par une amie, à une retraite spirituelle : « j’y allais les mains dans les poches, et la moquerie dans mon baluchon ». Et elle découvre la Parole de Dieu : la bible me parlait ; « après un long travail, je suis revenue à la vérité et la liberté ». Ou encore cet étudiant ingénieur découvrant la liberté intérieure que lui donne sa foi : « Le Christ est là avec moi. De temps en temps, il pose devant moi un petit aiguillage et me laisse libre dans son grand amour. Se pose alors en moi la liberté de décider et d’essayer de faire des choix justes ». Oui, c’est cela ! Cet Esprit Saint de liberté qui nous conseille, ne fait rien sans nous. Nous ne sommes pas des marionnettes manipulées par Dieu, mais des hommes, des femmes, des jeunes, rendus libres, libres pour aimer vraiment, totalement.
Car l’Esprit Saint est Esprit d’Amour. Chers amis, quelle est cette langue que tous comprenaient à la Pentecôte ? Chacun les entendait parler des merveilles de Dieu dans sa propre langue. Qu’est-ce qui se passe ? Sinon que l’Esprit d’Amour remplit le cœur de tous et tous comprennent le langage de l’amour vrai. Chers confirmands, vous avez rencontré des témoins habités par cet Esprit-là. Je cite une jeune : « Ma grand-mère m’a toujours épaulée même quand je lui faisais part de mes doutes. Et puis il y a eu le témoignage d’un ami : « mais moi, je kiffe être catho ! J’aime Dieu ». Cette petite phrase m’a ouvert les yeux : Pour moi être catho, c’était les églises froides et austères. Cette phrase a été un déclic oui être catholique, ça peut être cool ; je n’en avais pas jusque-là conscience ». On pourrait aussi parler de vos accompagnateurs. « C’est avec eux que ma foi grandissait doucement portée par cette communauté qui m’accueillait » écrit une maman. Ainsi cet Amour se répand. Il nous invite à nous reconnaitre frères et sœurs les uns des autres, ayant besoin les uns des autres, comme, dans le corps, la main a besoin du pied ou des yeux. Il nous invite à nous réconcilier, à porter la paix, la bienveillance dont nous avons tellement besoin. Dans cette cathédrale, accueillons l’Esprit Saint, respirons l’Amour à pleins poumons et, en sortant, expirons l’amour dans les rues, les quartiers, les immeubles de nos villes. Nous prions pour vous.
