« Nous avons senti à quel point ce temps leur était précieux, leur soif de prier ensemble. »
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Laurence Chuche, pour l’équipe d’aumônerie de l’hôpital de Libourne :
Depuis de nombreuses années, grâce au témoignage d’un aumônier prêtre qui avait mis en place un groupe de parole pour les soignants dans l’hôpital où il exerçait précédemment, l’équipe d’aumônerie de l’hôpital de Libourne avait à cœur de proposer un temps de prière pour les soignants. Mais toutes nos tentatives étaient vouées à l’échec.
Lors d’une rencontre diocésaine, un aumônier qui avait mis en place un tel groupe, nous a alertés sur le fait que la démarche devait venir des soignants eux-mêmes et qu’il fallait juste les aider à prendre en charge cette démarche. Quelques temps plus tard, un jeune médecin récemment arrivé sur l’hôpital vient nous demander s’il existe un groupe de prière des soignants. Quasiment la même semaine, une infirmière en psychiatrie, vient nous faire la même demande. Nous les mettons en contact et depuis plus de 3 ans maintenant, un groupe de soignants se réunit le premier jeudi de chaque mois à 8h00 à la chapelle de l’hôpital avec des membres de l’aumônerie pour un temps de prière. Ce temps de prière est le leur. Nous avons juste été leur intermédiaire. Ils ont décidé ensemble de la façon de fonctionner, du jour, de l’heure, du lieu, de la rythmicité des rencontres. Le groupe a commencé avec trois soignants, le prêtre référent et deux membres d’aumônerie. Très vite, ils l’ont baptisé Saint Camille de Lellis et y ont invité des collègues. Un des soignants a offert une icône de Saint Camille de Lellis et fait imprimer des petites cartes avec la prière au dos. Nous avons proposé d’ouvrir ce groupe aux soignants de l’extérieur de l’hôpital. Aujourd’hui, 15 soignants y participent, occasionnellement ou régulièrement. Ils sont infirmiers, aides-soignantes, cadres, pharmaciens, médecins, brancardiers.
Nous sommes dans la chapelle du tabernacle. À tour de rôle, un d’entre eux prépare un feuillet (chant, texte, évangile ou lecture, prière) pour que chacun puisse suivre. Nous proposons aussi d’aider à préparer avec eux le feuillet, à l’imprimer, ce temps devient aussi un temps de partage et parfois de soutien plus personnalisé. Quelques intentions de prières sont préparées mais beaucoup d’autres surgissent concernant leurs patients, leurs collègues, leur service, l’hôpital, l’actualité mais aussi leur famille, leurs proches, leurs projets professionnels ou personnels, leurs joies ou leurs difficultés. Un vrai partage de vie, de foi, de questionnements, déposés devant le Seigneur. Nous sommes souvent touchés voire bouleversés par la profondeur de leur prière et la confiance qu’ils nous font, qu’ils se font, en déposant des choses parfois très dures à traverser, avec beaucoup d’émotion aussi, ici, devant le Seigneur, avec leurs collègues. Ils abordent régulièrement la difficulté de vivre leur foi dans leur profession. Ils terminent par la prière de Saint Camille de Lellis, ci-jointe. Le prêtre accompagnateur de l’équipe d’aumônerie est le plus souvent présent pour un commentaire d’évangile, une bénédiction, un temps de réconciliation. Deux à trois fois par an, une messe est célébrée pour tous les soignants, en particulier le 17 octobre pour la Saint Luc, patron des soignants. Aujourd’hui, ce groupe est autonome et peut se réunir en notre absence mais le plus souvent les prêtres de l’équipe qui se sont succédés y sont présents et ont une grande joie à y participer, à créer, avec les soignants, des évènements (messe de la Saint Luc, réalisation d’un diaporama pour méditer sur la Journée mondiale des malades,…). Ce temps privilégié avec les soignants est un temps fort de leur mission de prêtre à l’hôpital.
Ce temps se poursuit dans les locaux de l’aumônerie de l’hôpital par un petit déjeuner convivial où s’échangent les nouvelles de leur vie quotidienne, où les langues se délient dans la bonne humeur qui s’installe vite autour de la table. C’est un temps de grande fraternité, de partage, chacun apportant à tour de rôle chocolatines ou autres douceurs, de partage de vie, de foi, d’anecdotes, d’humour, d’amitié. C’est aussi le moment où l’on sent un soutien mutuel pour celui qui sera plus en difficulté. Souvent présente comme membre de l’aumônerie, j’installe les chaises, apporte les cafés, présente les nouveaux, bref je me sens un peu comme Marthe, au service de ceux qui vivent une rencontre, et qui sont là au nom de leur foi, de leur attachement au Seigneur. C’est vraiment une grande joie de les voir ainsi réunis.
Pendant le premier confinement, ces temps étaient évidemment suspendus. L’aumônerie a envoyé des mails de soutien pendant cette période très particulière. De très belles réponses nous ont été renvoyées. Certaines ont été recueillies pour paraître sur le site du diocèse ou dans la revue nationale « Pastorale Santé ». Dès que les réunions à dix ont été autorisées, l’équipe d’aumônerie a proposé une rencontre. Le jeudi 14 mai 2020 à 8h00, 7 soignants étaient heureux de pouvoir revenir à la chapelle de l’hôpital et ont exprimé leur besoin de se retrouver plus souvent pour prier ensemble. Aujourd’hui nous avons proposé avec eux de nous réunir les 2èmes et 4èmes jeudis de chaque mois, avec selon leurs souhaits, des temps de prière spontanées, des temps d’oraison silencieuse, des temps d’adoration et des eucharisties. Nous avons senti à quel point ce temps leur était précieux, leur soif de prier ensemble. Pour l’instant, les petits déjeuners fraternels n’ont pas encore pu reprendre mais Marthe attend patiemment et l’histoire continue…