"Le cœur de la mission des aumôniers c’est la présence auprès de celui qui souffre."
Il faudra renforcer les équipes car, du fait de leur santé ou de leur âge, plusieurs membres ont souhaité arrêter leur mission. Le renouvellement des équipes est un enjeu majeur pour les prochains mois.
Florence Galy : Lors de la première période de confinement, au printemps dernier, nous avons traversé plusieurs étapes au sein des établissements hospitaliers.
Il y a eu au tout début, une phase de sidération où toutes les portes des services se sont fermées pour les aumôniers mais aussi pour les familles, les associations qui avaient l’habitude de venir et même parfois du personnel hospitalier.
Puis au fil des jours et suivant les établissements, les aumôniers ont été à nouveau appelés. La demande était alors presque exclusivement religieuse : des appels pour des sacrements de malades, des communions ou des obsèques.
Il y avait là un vrai paradoxe : le cœur de la mission des aumôniers c’est la présence auprès de celui qui souffre, de celui qui est seul. Et là, pour le « bien » des personnes, il était demandé aux membres des équipes d’aumônerie de ne plus venir, sauf demande express de la personne malade et avec accord du service.
Les aumôniers ont fait part alors d’une grande adaptabilité, ténacité et créativité pour continuer à garder le lien avec les services, les personnes malades et les familles.
Ils ont échangé régulièrement par mail ou par téléphone avec les directions et les cadres de santé pour leur témoigner de leur soutien et de leur présence.
Ils ont pu également visiter et accompagner par téléphone quand l’état de santé des personnes le permettait.
Des médecins, infirmiers, pharmaciens, directeurs d’établissements nous partageaient leur réalité, la complexité de cette période pour leur service et nous avons recueilli leurs paroles pour les partager ensuite à tout le diocèse. Cela permettait de mieux comprendre ce que chacun vivait à ce moment-là.
Mgr Lacombe a souhaité les rejoindre et les encourager en leur adressant une lettre. Ce témoignage de soutien et de proximité de l’Eglise pour tous les soignants « au sens large » a touché grand nombre d’entre eux.
Lors du deuxième confinement, fort de la première expérience, cette prise en compte de la dimension spirituelle dans le soin est plus largement comprise et admise par tous : le gouvernement, les acteurs de la santé, les soignants eux-mêmes, ce qui a permis aux équipes d’aumônerie de continuer leur mission.
Des restrictions ou limitations demeurent, mais dans l’ensemble, les personnes malades et leurs proches sont mieux informés de cette possibilité d’accompagnement et les services hospitaliers plus réceptifs.
De nouveaux outils de communications ont fait leur entrée dans les services d’aumôneries : des tablettes ou l’usage du téléphone pour des visites, des petites vidéos pour garder le lien, des dessins envoyés par des jeunes lycéens ou collégiens aux personnes âgées. Les animateurs d’EHPAD ont œuvré pour permettre ces liens en usant là aussi de créativité et disponibilité dans un véritable esprit de partenariat.
Des équipes de soignants ont proposé aussi à certains aumôniers de participer à leur réunion de service ou encore de prendre part à des cellules éthiques.
À l’avenir, les aumôniers seront attentifs à garder cette proximité avec l’ensemble du personnel hospitalier, bien éprouvé depuis longtemps.
Il leur faudra aussi être vigilant aux besoins et aux souffrances des familles qui n’ont pu être présentes ; je pense en particulier dans des situations de fin de vie ou lors d’obsèques. Des propositions de rencontres, de célébrations se programment déjà pour les prochains mois.
Un des enjeux sera aussi de savoir expliquer et témoigner de cette dimension essentielle dans la prise en charge d’une personne malade et de son entourage.
Communiquer, expliquer, témoigner du cœur de notre mission seront des points d’attention à garder pour les équipes.
Il faudra aussi renforcer les équipes car, du fait de leur santé ou de leur âge, plusieurs membres ont souhaité arrêter leur mission. Le renouvellement des équipes est un enjeu majeur pour les prochains mois.