« L’école est faite pour apprendre et grandir »

Nous avons mené une réflexion de réseau autour des ressources humaines et techniques qui nous permettraient de fonctionner en cas de nouvel épisode d’enseignement
à distance...

Isabelle des Bourboux, directrice diocésaine de l'Enseignement catholique en Gironde

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Alors que la rentrée scolaire s'est faite dans un contexte sanitaire très compliqué, Isabelle des Bourboux, directrice diocésaine de l'Enseignement catholique en Gironde, fait le point sur les mesures prises, tant du point de vue sanitaire que pédagogique et éducatif.

Comment s’est passée cette rentrée ?

Isabelle des Bourboux, directrice diocésaine de l’Enseignement catholique en Gironde : Nous avons démarré la rentrée sur le terrain par une journée de réunions pédagogiques le 31 août avec les enseignants puis le lendemain avec la rentrée des élèves. La semaine précédente, nous avons travaillé avec les chefs d’établissement au niveau de la DDEC. J’ai retrouvé des chefs d’établissement plus sereins que ce à quoi je m’attendais après le printemps que nous avons vécu. Le dernier trimestre de l’an dernier, en confinement puis en déconfinement, leur a visiblement permis d’acquérir des réflexes, des modes de travail et une expérience par rapport aux mesures sanitaires. Dans la quasi totalité des cas, la rentrée s’est donc bien passée. Dans un établissement cependant, un cas de Covid-19 a été détecté avant le 1er septembre, la rentrée n’a pas pu se faire et a été décalée. (Interview réalisée le 3 septembre).

Quel est le protocole sanitaire en vigueur dans l’Enseignement catholique ?

Il est le même que celui donné pour l’Éducation nationale. Nous l’appliquons en lien avec l’Agence régionale de Santé et les services de l’Éducation nationale. Le protocole s’est un peu simplifié par rapport à la fin de l’année dernière mais il reste exigeant notamment sur les gestes barrière, l’hygiène des locaux ou le port du masque. Nous constatons que les jeunes se sont vite habitués et ne sont pas trop perturbés par ces mesures. Même les plus jeunes ne sont pas dérangés par le port du masque des adultes. Il reste tout de même des questions compliquées comme la pause méridienne et l’organisation du déjeuner ou la sieste chez les plus petits.

Passée cette exigence sur les mesures sanitaires, les chefs d’établissement et leurs équipes gardent en tête que notre priorité est la réflexion sur l’enseignement et l’acquisition des connaissances. L’école est faite pour apprendre et grandir. Une fois les mesures sanitaires bien mises en place, nous devons nous concentrer sur notre cœur de métier, c’est-à-dire accompagner les enfants et les jeunes dans leurs apprentissages et dans leur développement personnel. C’est cela que les familles attendent de nos établissements.

Comment appréhendez-vous, sur le plan pédagogique, un automne où la fermeture de classes, d’établissements pourraient à nouveau avoir lieu ?

Nous avons mis en place un observatoire pendant la période du confinement et du déconfinement. Nous avons d’ailleurs une prochaine réunion dans les jours à venir. Il regroupe une dizaine de personnes, des chefs d’établissement, le directeur de l’Institut de formation des maîtres, un spécialiste des questions numériques et techniques, des parents et des représentants des OGEC. Ce groupe baptisé « Groupe de pilotage de continuité pédagogique et éducative » nous a permis de partager beaucoup d’informations et de réflexions avec les chefs d’établissement.

Nous avons aussi la chance de travailler avec Alain Bouvier, ancien recteur et professeur émérite d’université. Il a produit une série de chroniques tout au long du confinement et au-delà, que nous avons diffusée aux chefs d’établissement.

Parmi les nombreux sujets que nous avons abordé, je peux en citer deux principaux. Tout d’abord, la transition éducative et numérique, chantier que nous avions lancé avant le confinement mais qui s’est retrouvé fortement accéléré. Peut-on aller vers un système hybride ? Comment faire ? Comment se construit la relation éducative et pédagogique quel que soit le média de cette relation ?

Le deuxième sujet majeur abordé par ce groupe de pilotage c’est la question de ceux et celles qui sont les plus fragiles : fragiles car loin de l’univers scolaire, de par leur situation sociale ou car porteur d’un handicap en matière d’apprentissage. Nous constatons cependant que nous avons été moins impactés par le phénomène de « décrochage » que l’Éducation nationale au printemps. Sur les 38 000 enfants et jeunes accueillis par l’Enseignement catholique en Gironde, nous avons recensé environ 200 élèves qui se sont éloignés de l’École pendant le confinement.

Du point de vue matériel, avez-vous pu appréhender les besoins des familles (ordinateurs, connexion, etc..) et comment les accompagner ?

Nous l’avons fait dès le début du confinement. Nous avons fait savoir, en lien avec l’association des parents, que nous pouvions aider les familles à se doter de matériel si besoin. Cela a été fait dans quelques cas. D’autres situations étaient plus compliquées, notamment autour de Langon où la persistance de zones blanches (territoires sans réseau internet disponible, NDR) nous ont amenés à mettre en place des relations physiques et des supports papier avec les élèves. Nous avons aussi travaillé sur l’impact économique du confinement, sur la situation financière des familles, et nous avons mis en place un dispositif permettant d’aider les familles celles qui pouvaient rencontrer des difficultés pour réinscrire leurs enfants cette année. Une trentaine d’enfants ont ainsi pu être réinscrits grâce à des aides spécifiques. Il n’était pas question que des familles soit obligées de retirer leur enfant de l’Enseignement catholique pour des questions financières.

Enfin, les familles pour lesquelles cela a été le plus compliqué, comme dans l’Enseignement public, ce sont celles dont les enfants sont porteurs d’un handicap important. Les coordinateurs et coordinatrices des ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) ont été très sollicités.

Et côté École, êtes-vous au point pour assurer une continuité pédagogique en cas de fermeture de classe ou d’établissement ?

Nous avons travaillé sur des besoins de plateforme et des équipements généraux qui faciliteraient pour tous la mise en place de l’enseignement hybride. Au printemps, les systèmes ont tenu mais avec beaucoup de « bricolage » localement. Celui-ci, compréhensible en mars, avril, n’est pas possible en cette rentrée 2020/2021. Nous avons donc mené une réflexion de réseau autour des ressources humaines et techniques qui nous permettraient de fonctionner en cas de nouvel épisode d’enseignement à distance. J’ai eu l’occasion d’échanger avec des acteurs de l’enseignement supérieur, il y a eu à leur niveau des investissements massifs pour faire face à ce défi.

Quelle marge de manœuvre auriez-vous à ce propos pour embaucher ou investir dans l’Enseignement catholique ?

La difficulté dans l’Enseignement catholique vient du fait que les ressources pour animer le réseau viennent uniquement des acteurs de ce même réseau. Nous devons donc vraiment mutualiser toutes ces fonctions supports, en particulier dans l’enseignement hybride. Nous travaillons donc cela en ce moment d’un point de vue académique et même régional.

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