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Une nouvelle encyclique du pape François

Publié le 5 novembre 2024

Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois de novembre 2024

Le savez-vous ? Le pape François a publié sa 4ème lettre encyclique : « Dilexit nos » (« Il nous a aimés ») sur l’amour humain et divin du Cœur du Christ. Une encyclique stimulante, nourrissante pour notre foi et pour l’annonce de l’Évangile, rayon de lumière dans un contexte national et international assez sombre. J’en extrais trois sujets de réflexion ou de méditation.

« Le monde peut changer à partir du cœur »

Les aînés parmi nous (mais pas seulement eux) connaissent la dévotion au Sacré-Cœur. Des lieux l’évoquent : la basilique de Montmartre, notre basilique près de la gare Saint-Jean, Paray-le-Monial… Des vitraux, des bannières, des images pieuses représentent le Sacré-Coeur. Mais avant de mieux comprendre cette dévotion, François nous invite à une réflexion sur le cœur de la personne humaine ; il nous invite à retrouver le chemin de notre propre cœur. Les robots n’ont pas de cœur, ni les algorithmes. Une personne qui parle avec son cœur, nous touche souvent. Quand elle ouvre son cœur, elle nous dit ce qu’elle pense, ce qu’elle croit, ce qu’elle veut, sa vérité. « Tout se joue dans le cœur. On y est soi-même, quel que soit ce que l’on montre extérieurement et ce que l’on cache. C’est la base de tout projet solide pour la vie, car rien de valable ne se construit sans le cœur. L’apparence et le mensonge n’offrent que du vide » (n°6). C’est dans son cœur que la personne humaine répond aux questions décisives de sa vie. Alors qu’aujourd’hui le cœur fait parfois défaut, que l’intériorité n’est pas toujours considérée, je relève, dans leur lettre de confirmation, la joie des jeunes et leur étonnement à vivre le silence d’une marche ou à découvrir le silence d’une abbaye ; ils retrouvent le chemin du cœur. Le cœur c’est le lieu à partir duquel on peut réaliser l’unité de sa vie, unifier sa vie. « Tout s’unifie dans le cœur qui peut être le siège de l’amour avec la totalité de ses composantes spirituelles, émotionnelles, et même physiques. En définitive si l’amour y règne, la personne réalise son identité de manière pleine et lumineuse, car tout être humain a été créé avant tout pour l’amour, il est fait dans ses fibres les plus profondes pour aimer et être aimé » (n°21). Dans le monde contemporain aux « consommateurs insatiables », aux « satisfactions superficielles », la personne humaine risque d’oublier le chemin du cœur, de perdre le centre d’elle-même. Et le monde devient froid. Voyant à la télévision tant de grands-mères affronter en ce moment les drames des guerres, la mort de leurs petits-enfants, le pape François constate tristement : « Voir des grands-mères pleurer sans que cela nous soit intolérable est le signe d’un monde sans cœur » (n°22). Prendre le cœur au sérieux a des conséquences sociales. Le monde peut changer à partir du cœur. « Nous avons tous assurément à changer notre cœur et à ouvrir les yeux sur le monde, comme sur les tâches que nous pouvons entreprendre tous ensemble pour le progrès du genre humain » (n° 29). C’est l’aventure chrétienne depuis les origines.

« Voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes » (Sainte Marguerite-Marie)

Rappelons-nous les disciples d’Emmaüs ; au-delà de la confusion, du désespoir, des inquiétudes qu’ils nourrissaient, et malgré cela, ils disent : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ? » (Lc 24, 32). La rencontre du Christ ressuscité, Sa parole, Ses gestes pacifient, guérissent, illuminent nos cœurs. C’est l’expérience de saint Paul et de tant d’autres : « Il nous a aimés » (Rm 8, 37). Le pape François, dans sa lettre, réitère son invitation : « J’invite chaque chrétien en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse »[1]. Pour entrer dans une connaissance plus intime du Christ, pour connaitre ce qui habite le Cœur du Christ, il nous faut contempler Ses gestes, Son regard, goûter Ses paroles. C’est ce qu’ont vécu les saints évoqués dans l’encyclique, et parmi eux, de nombreux de notre pays, saint Jean-Eudes, sainte Marguerite-Marie et saint Claude de la Colombière, saint François de Sales, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, saint Charles de Foucauld… Contre une religiosité toute extérieure ou ritualiste, contre l’illusion de croire à la puissance de notre agir, les lettres de sainte Thérèse de Lisieux longuement citées, sont si éclairantes : «…depuis qu’il m’a été donné de comprendre aussi l’amour du Cœur de Jésus, je vous avoue qu’il a chassé de mon cœur toute crainte. Le souvenir de mes fautes m’humilie, me porte à ne jamais m’appuyer sur ma force qui n’est que faiblesse, mais plus encore ce souvenir me parle de miséricorde et d’amour » (n°136).

« Rendre amour pour amour » (Sainte Marguerite-Marie)

Mais alors, religion intimiste que tout cela ? Au contraire. L’expérience de l’amour du Cœur du Christ, ne fait que désirer davantage encore « rendre amour pour amour », selon l’expression de sainte Marguerite-Marie. Le Pape cite, comme fruit de cette dévotion du Sacré-Cœur, les démarches de pardon, mais aussi les engagements sociaux. Il rappelle cette histoire de l’empereur Julien l’Apostat déjà citée par Benoit XVI. L’empereur, hostile à la foi chrétienne, était touché par le témoignage des chrétiens de l’époque : « beaucoup de pauvres, d’étrangers et autres laissés-pour-compte trouvaient auprès des chrétiens respect, affection et attention… » (n°169). Le fruit de cette dévotion au Sacré-Cœur, c’est aussi l’évangélisation. Rappelons-nous Charles de Foucauld qui prend la devise « Jesus caritas » avec un cœur surmonté d’une croix : « il veut s’installer avec d’autres frères au Maroc au nom du Cœur de Jésus. Leur tâche évangélisatrice se fera par rayonnement : « La charité doit rayonner des fraternités, comme elle rayonne du Cœur de Jésus ». Ce désir fait de lui progressivement un frère universel car il veut embrasser dans son cœur fraternel toute l’humanité souffrante en se laissant modeler par le Cœur du Christ » (n°179).

Alors que, ces jours-ci, nous fêtons la Toussaint, nous ajoutons aux géants de la foi et de l’amour que cite le pape François, ceux de nos familles ou de nos amis qui, dans l’ordinaire des jours, ont rayonné l’amour venant du Cœur du Christ. Confions nos missions à leur prière. Car « la mission aujourd’hui a besoin de missionnaires amoureux, toujours captivés par le Christ et qui transmettent inlassablement cet amour qui a changé leur vie » (n°209).

+ Jean-Paul James


[1] Pape François, La Joie de l’Évangile, n°3

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