Samedi 30 novembre 2024 tous les diocésains étaient invités à la cathédrale Saint-André à l’occasion de la fête patronale du diocèse de Bordeaux. Avant la messe, les diacres accompagnés de leurs épouses étaient invités à se retrouver pour chanter les laudes dans le cadre des 60 ans de la restauration du diaconat.
Nous fêtons Saint André apôtre avec son frère Simon Pierre, André apôtre crucifié, André membre du collège des Douze qui s’entourent de diacres.
Oui, apôtre avec son frère. Dans l’Évangile selon Saint Matthieu, les deux frères sont appelés ensemble. Et, « aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent ». D’où vient ce geste radical ? « Vous l’avez entendu, écrit Saint Grégoire le Grand : au premier appel, Pierre et André ont abandonné leurs filets pour suivre le Christ. Ils ne l’avaient pas encore vu faire des miracles, ils n’avaient entendu aucune promesse de récompense ». Mais touchés par la personne du Christ, ils font confiance, une confiance sans réserve. Dans l’Évangile selon Saint Jean, Saint André va trouver son frère : « Nous avons trouvé le messie ». La rencontre avec Jésus le bouleverse. Alors, dans un élan du cœur, il va trouver son frère. André est d’emblée apôtre. Ce n’est pas programmé, c’est pas calculé ! André, c’est un homme au cœur touché par la rencontre du Christ, par l’amour du Christ. C’est vrai aujourd’hui ! Par exemple, l’élan du cœur de la grand-mère devant sa petite fille non baptisée : « oui, j’aime Jésus ! » lui dit-elle. Élan du cœur de cette jeune bordelaise qui, en visitant une église avec des amis, s’éloigne un instant et se recueille : mais tu es chrétienne ? lui demande sa meilleure amie. Et voilà cette amie entraînée vers le baptême. Être apôtre, annoncer l’Évangile, ce n’est pas une stratégie, un calcul, du marketing, une démarche politique, c’est d’abord un élan du cœur ! Trois ans après le premier appel, on retrouve André notre Saint Patron, débordé, dépassé : des grecs veulent voir Jésus. Ce n’était pas prévu ! Avec Philippe, André va le dire à Jésus. Que faire avec ces personnes qu’on n’est pas allé chercher, des gens extérieurs à notre groupe ? C’est notre situation en Gironde devant la croissance des demandes de baptêmes d’adultes et de jeunes ; ils viennent d’on ne sait où ; ils frappent à nos maisons paroissiales ! Car le Christ attire ! Quelle joie ! Mais ça dérange certains ! N’a-t-on pas assez à faire avec les paroissiens ? Qui les accompagnera ? Rappelons-nous la réponse de Jésus à André : l’histoire du grain de blé tombé en terre qui porte du fruit. Dit autrement : Jésus entraîne André et les apôtres dans son mystère pascal. Alors, dans la force de Pâques et Pentecôte, André consacre tout le reste de sa vie aux grecs ! C’est la réponse de Jésus pour nous : nous tous dans la force de notre baptême et de notre confirmation, nous accompagnons adultes et jeunes vers le baptême ; en le faisant notre foi grandit !
André apôtre et apôtre crucifié. On connait la fin de sa vie ; on le représente avec sa croix. C’est un apôtre crucifié ! Dans sa vie même d’apôtre ! André, un homme au cœur habité par l’amour sans limite du Christ, est crucifié de voir les foules affamées (Jn 6) car il ne détourne pas le regard mais il a peu de moyens. Seulement les 5 pains et 2 poissons de l’enfant. Et Jésus soutient son apôtre : une foule est nourrie. C’est la diaconie de l’Église que Saint André nous pousse à vivre, le service que notre Église habitée par l’amour du Seigneur, crucifiée de voir tant de misères, misères des sans abri, misère des populations en guerre, misère des réfugiés, continue de poursuivre avec l’aide du Christ. Nous ne pouvons pas passer à côté, fermer les yeux ou nous boucher les oreilles. La meilleure réponse à l’amour du Cœur du Christ, nous écrit le Pape François dans sa dernière encyclique est l’amour pour nos frères. « Il n’y a pas d’acte plus grand que nous puissions offrir pour Lui rendre amour pour amour…Tous les êtres humains sont d’autant plus dignes de respect et d’amour qu’ils sont plus misérables et plus souffrants » (Dilexit nos, °167, 170).
Tant de fois les apôtres vont être ainsi débordés, alors ils s’entourent. Chers frères diacres, vous connaissez cet épisode où St André est présent, on l’évoque lors de votre ordination : pour aider les veuves de la communauté grecque, André et les autres apôtres choisissent sept du groupe ; ce sont les ancêtres du diaconat. Les veuves dans toute la bible, ce sont des pauvres, des personnes en fragilités. Il ne faut pas les oublier dans la communauté. C’est la mission des diacres. Avez-vous remarqué dans la procession : deux diacres derrière l’évêque, ce ne sont pas ses gardes du corps, ce sont ceux qui observent : tous ont-ils une place ? Et les personnes qui marchent difficilement pour aller vers elles à la communion ? Et les nouveaux venus ? Les diacres sont envoyés de manière privilégiée vers les plus éloignés et ils veillent à ce qu’il ne manque aucun membre dans l’assemblée. Ce sont les serviteurs envoyés sur les routes afin de remplir la salle du banquet. Les apôtres en ont besoin. En étant au service des malades, des prisonniers, des isolés, des catéchumènes, des jeunes en recherche, des personnes avec un handicap, les diacres n’exercent pas simplement la charité à leur égard, ils viennent les reconnaitre comme les dignes membres du Seigneur : on sait la phrase fameuse de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort portant sur son dos un mendiant : « ouvrez la porte à Jésus-Christ » . Dans cette Eucharistie, à l’occasion des 60 ans du diaconat permanent, je rends grâce à Dieu pour les diacres du diocèse qui se sont lancés dans cette aventure, pour leurs épouses et leurs enfants qui les ont soutenus. Nous évêques, prêtres, membres des EAP (ndlr Équipe d’Animation Pastorale), nous avons besoin de nos frères diacres pour que la communauté soit complète, composée des plus fragiles. Par l’intercession de Saint André, je les demande au Seigneur pour notre diocèse.
Amen.
