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Rencontre avec Philippe Kociemba, délégué épiscopal au diaconat

Publié le 6 novembre 2024

En ce mois de novembre 2024, l’Église Universelle célèbre les 60 ans de la restauration du diaconat permanent. À cette occasion, découvrez le portrait de Philippe Kociemba, diacre et délégué épiscopal au diaconat pour le diocèse de Bordeaux.

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 59 ans, je suis marié à Valérie professeur agrégée de géographie, nous avons 3 filles de 33, 30 et 24 ans, 2 petits-enfants.
J’ai une formation d’ingénieur Arts et Métiers et exerce le métier du conseil et de la formation pour les entreprises principalement industrielles, j’enseigne également dans l’Enseignement supérieur, en école d’ingénieur.
J’ai toujours aimé et pratiqué les sports de glisse et l’enduro en moto. Aujourd’hui ( en vieillissant ! ) je continue à me déplacer en moto, je fais du VTT tous les week-ends avec un ami paroissien, la planche à voile et le surf étant maintenant réservés aux vacances.
J’ai été ordonné le 26 juin 2011 et nommé aumônier adjoint des Gens du voyage que je continue à avoir comme mission. En 2018, j’ai été nommé délégué adjoint au diaconat auprès du père Alain Dagron, puis délégué épiscopal, reconduit en 2019 par Mgr James dans cette mission.

Vous êtes « délégué épiscopal au diaconat ». Pouvez-vous expliquer en quoi consiste votre mission auprès de l’Archevêque ?

Je fais en sorte de mettre en œuvre les orientations définies par l’évêque pour le Diaconat, et le tiens informé des points essentiels de la vie diaconale dans le diocèse : la promotion du diaconat, les interpellations, l’accompagnement et la formation des candidats (et leurs épouses), les missions des diacres. À cela s’ajoute une participation mensuelle au Conseil Épiscopal, et annuelle au Comité provincial et au Comité national des délégués au Diaconat.
Je n’effectue pas seul cette mission, je la partage avec le comité diocésain du diaconat, dont je suis membre de droit. Il est constitué d’un prêtre accompagnateur, de 3 diacres et une épouse. Ce comité anime et soutien le groupe des diacres notamment en organisant les assemblées diaconales, qui sont des temps de rencontre avec notre archevêque. Il organise la formation continue des diacres, propose des temps de recollection, retraites etc.

Comment devient-on diacre ?

C’est un long chemin jalonné par des étapes axées toutes sur le discernement et la réflexion. La première étape est l’interpellation de la personne (en présence de son épouse s’il est marié). En quelque sorte : as-tu pensé au diaconat ?
Après l’interpellation et la rencontre avec le délégué, il y a une période 6 mois à 1 an de « jachère », d’introspection personnelle et en couple. Puis vient un temps de « pré-discernement » de 1 ou 2 ans en petit groupe permettant d’affiner le sens de l’interpellation au diaconat.
À l’issue de ce deuxième temps, le candidat accompagné de son épouse et l’Église décident de poursuivre ou non la démarche. Si la réponse est positive, après une rencontre avec l’Archevêque, le candidat (avec son épouse s’il est marié) démarre un premier cycle de formation de 3 ans. La confidentialité est de mise pendant cette période » afin que le candidat et l’Église gardent la liberté de s’engager ou non dans le Diaconat.
Au début de la 3ème année de formation a lieu l’admission officielle au diaconat, le candidat (avec son épouse) entame un deuxième cycle de 3 ans. La formation en totalité dure 6 ans, à raison de 7 week-ends par an environ. L’ordination diaconale intervient en général au cours de la quatrième année de formation.

Quelle est la mission du diacre ?

La réponse n’est pas aussi simple que la question car il y autant de mission que de Diacres. Si l’on devait résumer : la mission est de servir le peuple de Dieu dans la «diaconie» de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium.
Le ministère du diacre ne peut pas s’envisager sans rapport avec le ministère de l’évêque, la mission est diocésaine : aumônier de prison, aumônier de Charles Perrens, Pastorale du mariage, Commission diocésaine d’Art sacré par exemple.
Il n’est pas le « diacre de la paroisse » au sens de propriété. Néanmoins en paroisse, le diacre assiste le prêtre lors de la messe, célèbre des baptêmes et des mariages et s’investit dans la pastorale. Il est donc réducteur de ne garder à l’esprit que cet aspect « pratique » à la mission.
Pour préciser, je reprendrais les propos de Mgr Delarbre (Extrait de l’intervention de la Journée d’études du 11 octobre 2023, Centre Sèvres Paris) : « la théologie du diaconat trouve son cadre dans une ecclésiologie de communion, établissant l’épiscopat comme degré suprême du sacrement de l’ordre, constitué en collège succédant au collège des apôtres, et ayant deux ordres de collaborateurs, prêtres et diacres. »… « De même qu’il y a un sacerdoce de toute l’Église au service duquel existe un ministère sacerdotal, de même il y a une diaconie de toute l’Église, au service de laquelle existe un ministère diaconal. »… « Le ministère diaconal exprime donc par une présence et un ministère pratique et concret, la sollicitude de l’Église entière, dont l’évêque a la responsabilité dans son diocèse du fait de son ministère apostolique, sur tous ceux et celles qui sont l’objet de cette sollicitude, en particulier le plus pauvres, les prisonniers, les malades. » … « À l’inverse, il témoigne auprès de l’évêque et de toute l’Église de ces réalités dont il est témoin et de ces personnes qu’il a rencontrées, en assurant aussi leur participation à la vie ecclésiale. Il donne parole aux pauvres, fait prier pour les malades, et soutient le témoignage des malades dans l’Église, et ainsi de suite. ».

Comment s’articule votre vie professionnelle et votre ministère de diacre ? Vos collègues connaissent-ils votre mission en Église ?

Elles s’articulent bien car nous sommes diacres dans tous nos états de vie. Si l’on parle de « planning », la répartition entre la vie familiale, professionnelle et les missions diaconales au niveau du diocèse et de la paroisse, est propre à chaque Diacre. Chacun fait en fonction du temps qu’il peut y consacrer : cela est pris en compte dans les propositions de mission.
De plus, Il nous est rappelé lors de l’ordination que notre priorité est le sacrement du mariage, la famille, le travail puis notre mission. Bien évidement cela évolue au gré des changements de nos vies personnelles.
Pour ce qui est de la « visibilité » de ma fonction diaconale, les collègues de l’entreprise dans laquelle je me trouvais au moment de mon ordination étaient informés de ma démarche, la plupart ont répondu présent à l’invitation à la célébration à la cathédrale.
Puis en 2014, j’ai décidé avec un collègue de poursuivre l’aventure dans le même domaine (le conseil et la formation) en créant notre propre entreprise. Certains de mes clients connaissent ma mission en Église et nous en parlons régulièrement.

Le 21 novembre 2024, nous célèbrerons les « 60 ans de la restauration du diaconat permanent ». Pourquoi l’Église a-t-elle choisi de réinstaurer le statut de diacre permanent ? Cet anniversaire sera-t-il marqué sur le diocèse de Bordeaux ?

Avant Vatican II, dès la fin des années 50, en France et en Allemagne, des questions se posent dans deux secteurs essentiels : le défi pastoral de l’annonce de l’Évangile dans des sociétés en mutation et le souci des plus vulnérables. En parallèle, les Églises dites de mission (diocèses des pays sud) expriment le besoin de trouver des hommes susceptibles d’être envoyés dans de vastes secteurs ne recevant que rarement la visite d’un prêtre pour le ministère de la Parole (enseignement, catéchèse, …) voire sacramentel (baptême, mariage). Les débats qui ont suivi au cours de Vatican II ont entériné ce renouvellement du diaconat, les oppositions ayant plus portés sur la question de l’ordination d’hommes mariés.

Ainsi donc, Le diaconat a été rétabli pour répondre à un besoin pastoral et a honoré une vérité doctrinale énoncée lors du concile de Trente à savoir que « le ministère ecclésial, institué par Dieu, est exercé dans la diversité des ordres par ceux que déjà depuis l’antiquité on appelle évêques, prêtres et diacres. » (LG 28a)

Nous avons prévu de le fêter en même que la Saint-André, au cours de la célébration en renouvelant notamment nos engagements d’ordination. Puis nous poursuivrons, la journée par une assemblée diaconale « ouverte » (ouverte à ceux qui veulent découvrir le diaconat) où nous écouterons l’histoire du renouvellement du diaconat et son développement sur le diocèse de Bordeaux.

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