Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois de janvier 2025.
La nouvelle année 2025 est commencée. Pèlerins de l’Espérance, en route ! Cette année, nous ne restons pas figés, installés, immobiles. Nous prenons la route, nous marchons vers le Christ, notre Espérance ! Le pèlerinage comporte des étapes. J’en relève quelques-unes dans le texte du pape François pour l’année jubilaire.
Réveiller notre espérance …
Avec nos contemporains, nous sommes préoccupés par les phénomènes climatiques de grande ampleur : nous avons en tête les images dramatiques récentes de l’Espagne et de Mayotte. Nous sommes aussi inquiets de la résurgence de conflits en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs, de l’instabilité de nos pays, d’une forme d’indifférence aux plus faibles. Dans notre Église catholique, nous avons affronté tant d’épreuves récemment ! Bien sûr les catéchumènes sont plus nombreux, mais nous mesurons bien nos fragilités. Alors, dans notre vie chrétienne, quelle est notre Espérance ? Nous avons à la réveiller, à la nourrir, à l’entretenir. Car nous avons pu nous endormir, c’est-à-dire laisser notre foi se dévitaliser, nous laisser bercer par le rythme du quotidien, nous laisser gagner par la lassitude, ou par le fatalisme : on n’y peut rien ! C’est comme ça ! Il n’y a plus rien à faire ! De toutes façons…. Ça ne changera rien ! Or, nous ne sommes pas des endormis, nous sommes des veilleurs, des guetteurs d’aurore ! « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur » (Ez 3, 17). Nous scrutons l’aube au cœur de la nuit. Et depuis Pâques, nous en avons l’assurance : notre attente n’est pas vaine ! De la mort, a jailli la vie. « L’espérance chrétienne ne trompe ni ne déçoit pas parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu »[1]. Le pape François ajoute : « voilà pourquoi l’espérance ne déçoit pas : elle est fondée sur la foi et nourrie par la charité »[2].
…Fondée sur la foi
Au cours de cette année jubilaire, nous marquons l’anniversaire des 1700 ans du credo du Concile de Nicée. Quel est l’objet de ce Concile ? Préciser qui est Jésus. Le christianisme vient d’être autorisé dans l’empire romain. À cette époque, l’arianisme se développe. Des chrétiens, disciples du prêtre Arius nient la divinité du Christ. Pourquoi ? Ils veulent préserver la transcendance de Dieu. Que Dieu prenne chair, ce n’est pas digne de lui, pensent-ils. C’est alors, que le Concile de Nicée affirme de Jésus : « Il est Dieu, né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père ». Nous avons besoin de comprendre et retrouver pourquoi nous tenons tant à ce credo. Bien sûr, Dieu est bien au-delà de nos formules. Mais la précision du credo « écarte l’idée que Dieu aurait envoyé un être intermédiaire, un ange supérieur ou un surhomme pour nous sauver »[3]. La tentation arienne persiste aujourd’hui : dans les esprits, on accepte une sorte de déisme, d’être supérieur, de forces de l’Esprit. Mais un Dieu proche de nous, proche de notre humanité, la connaissant parce qu’Il l’a partagée, y croyons-nous vraiment ? Je crois en un Dieu qui est venu « habiter parmi nous » ; Il vient pour nous guérir, nous réconcilier. Nous avons même l’audace de croire qu’Il vient habiter en nous ; Sa sainteté se répand dans nos cœurs par l’Esprit. Il n’y a pas d’un côté le Sacré, l’Intouchable et nous de l’autre. « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit-Saint ? » (1 Co 6,19)
…. Et nourrie par la charité.
Cette Espérance chrétienne réveillée par notre foi au Christ, à son Esprit présent en nous, ne nous éloigne pas de notre monde. Au contraire ! Notre Espérance nous remplit de force, de courage, de persévérance pour transformer le monde, à la manière du Christ : il a offert sa vie par amour.
Dans son texte pour l’année jubilaire, le pape François nous fait regarder trois chantiers majeurs : les personnes les plus fragiles, la vie humaine, et la Paix. J’invite chacune, chacun, en considérant ces chantiers, à poser un signe d’espérance. Parmi les personnes fragiles, le Pape nomme les personnes détenues, les personnes malades, les jeunes, les personnes migrantes, les personnes âgées, les personnes pauvres socialement ici et dans le monde. Cela renforce notre volonté de créer, dans nos paroisses nouvelles, les diaconies paroissiales, de soutenir l’action de tant d’associations caritatives et de solidarité, de participer aux visites des personnes malades, âgées, avec un handicap par exemple en vivant la démarche jubilaire proposée par le Service de la Pastorale de la Santé. Quel temps je consacre, dans une semaine, aux plus fragiles de mes frères ? Quelle œuvre de miséricorde je pratique ?
Le Pape mentionne également la transmission de la vie et le respect de la vie humaine. Chez des jeunes couples, par exemple, à cause des craintes concernant l’avenir, d’emplois précaires, des problèmes environnementaux, il y a « une perte du désir de transmettre la vie ». Là encore, comment, dans les préparations au mariage, par exemple, et dans d’autres groupes en parler ? Car « ce désir est une question d’espérance puisqu’il dépend de l’espérance et produit l’espérance » (n°9). À l’autre bout de la vie humaine, comment promouvoir encore davantage le respect de la vie humaine dans ses derniers instants ? Comment mieux accompagner nos frères et sœurs mourants ? Comment participer mieux à la promotion de la culture palliative ?
Enfin, le Pape n’omet pas les difficiles conflits actuels dans le monde et tant de peuples affrontés à la tragédie de la guerre. « Le jubilé doit rappeler que ceux qui se font « artisans de paix » pourront être « appelés fils de Dieu » (Mt 5 ,9). Et le Pape invite à des gestes concrets. Bien sûr, nous ne sommes ni diplomates ni chefs d’État. Mais nous pouvons être artisans de paix dans nos familles, dans nos paroisses et dans nos quartiers. On évoque beaucoup aujourd’hui, par exemple, les « sensibilités ecclésiales » diverses. Parfois certains se retranchent derrière ces expressions, pour s’abstenir de relations avec d’autres différents, refuser des invitations familiales, avoir des propos excessifs, oralement ou par écrit. La paix désirée commence par nos paroles, nos gestes. « Si nous devons dénoncer ce qui, dans le monde et dans la culture contemporaine est déshumanisant, contraire à l’Évangile et à la dignité humaine, nous le ferons courageusement, avec douceur et respect ( cf 1 P 3,16), sans omettre de commencer par le repérer dans notre propre cœur »[4].
À ce titre, dans l’année jubilaire, j’encourage les catholiques du diocèse à célébrer le sacrement de réconciliation et à vivre concrètement des réconciliations. La démarche est proposée tous les ans, aux personnes qui se préparent à célébrer leur confirmation. Je suis témoin des fruits si beaux qui en jaillissent. Par exemple, un jeune papa s’est réconcilié avec son père qu’il ne voyait plus. Il lui avait simplement écrit un courrier pour lui dire son désir de le revoir.
Comment se préparer à ces démarches ? Des propositions concrètes sont faites à tous : pour certains, ce sera un pèlerinage à Rome, à Lourdes, à Paris, à Paray-le-Monial, etc… Pour d’autres dans un des sanctuaires du diocèse, Notre-Dame de Verdelais, Notre-Dame d’Arcachon, Notre-Dame de Verdot, Notre-Dame de Condat, Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres et d’autres encore. De nombreuses propositions existent en plus des pèlerinages car les paroisses, les mouvements et services du diocèse sont créatifs ! Démarches dans une église, conférences, rencontres sur un des thèmes de l’Année Sainte. Le Service de la Communication les rassemble en un dossier disponible sur le site du diocèse. De mon côté, pour bien marquer notre désir de « réveiller notre espérance, fondée sur la foi et nourrie par la charité », je propose une marche-pèlerinage commune à tous les catholiques du diocèse, à vivre personnellement, en groupe ou en paroisse, dans la ville de Bordeaux, commençant à la basilique Saint-Seurin, se poursuivant à Notre-Dame, s’arrêtant place du Puy Paulin, et aboutissant à la cathédrale. Un livret est disponible pour le vivre. Cette démarche nous préparera à partager ensuite dans nos paroisses, une démarche et une célébration de réconciliation, et accueillir par là la grâce du jubilé 2025, car « l’Espérance ne déçoit pas ».
Bonne année jubilaire !
+Jean-Paul James
[1] Pape François, bulle d’indiction « Spes non confundit » n°3
[2] Ibid.
[3] Lettre des évêques de France à l’occasion du jubilé, novembre 2024, n°10
[4] Lettre des évêques de France à l’occasion du jubilé, novembre 2024, n°20.
CE QUE DIT LE PAPE À PROPOS DE « L’INDULGENCE JUBILAIRE »
« L’indulgence permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée.
Ce n’est pas un hasard si, dans l’Antiquité, le terme « miséricorde » était interchangeable avec le terme « indulgence », précisément parce que celui-ci entend exprimer la plénitude du pardon de Dieu, qui ne connaît pas de limites. Le Sacrement de Pénitence nous assure que Dieu par- donne nos péchés (…). Cependant comme nous le savons par expérience personnelle, le péché « laisse des traces », il entraîne des conséquences : non seulement externes dans la mesure où il s’agit des conséquences du mal commis, mais aussi internes, dans la mesure où «tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification soit ici-bas, soit après la mort dans l’état qu’on appelle purgatoire ». Il reste donc, dans notre humanité faible et attirée par le mal, des “effets résiduels du péché”. Ceux-ci sont éliminés par l’indulgence, toujours par la grâce du Christ, qui est, comme l’a écrit saint Paul VI, «notre « indulgence »» (n°23).