À cause de vous chers catéchumènes, nous redécouvrons notre baptême. Pour en parler, deux mots : visite et combat. Deux mots liés à l’Évangile, deux expériences soulignées dans vos lettres.
Oui, visites. L’Esprit pousse Jésus au désert. Rempli de la plénitude de l’Esprit-Saint, habité par un amour infini, Jésus nous visite. Il nous rejoint là où nous sommes, avec nos joies et nos difficultés. Il nous rejoint dans nos épreuves. Dans nos vies, vos lettres en témoignent, on est parfois comme submergés par la douleur, dépassés par des forces qui vous mettent par terre. Tant d’entre vous ont exprimé l’épreuve d’une maladie, d’un accident, une vie chaotique. C’est là que le Seigneur s’est manifesté à certains d’entre vous : « À 16 ans, j’ai vécu le plus dur passage de ma vie mais Dieu m’a ouvert ses bras : j’aimais le rencontrer dans le silence d’une église ». Épreuves de certains, mais pas seulement ! Le désert où Jésus vient nous visiter, vos lettres aussi en parlent, c’est le désert de sens, une faim et une soif de vie spirituelle : « mes études exigeantes à Paris, suivies d’une vie citadine de jeune actif m’ont éloigné du chemin de la religion. Pourtant au fond de moi, le besoin de spiritualité persistait comme une petite flamme qui refusait de s’éteindre. Je ne m’en rendais pas compte, aveuglé par l’individualisme et l’obsession matérielle… » Ce jeune ingénieur est invité à un mariage religieux d’amis ; au cours de la célébration, le Seigneur le visite : « je me suis senti aimé ». Oui, visites du Seigneur dans nos vies parfois arides, dans nos déserts . Chers amis baptisés, ce n’est pas réservé aux catéchumènes. C’est la chance du carême pour nous tous !
Et puis combats. Revenons à l’Évangile. Jésus « vivait parmi les bêtes sauvages ». Il est affronté au combat, Il lutte pour ne pas se laisser manger, se laisser détruire par l’esprit du mal. Combat contre les forces du mal ! C’est vrai pour nous les baptisés ! Comment se manifeste le cœur malade d’un baptisé ? Par la mauvaise humeur, ne voyant que tout ce qui va mal ; et le malin se réjouit ! « Pendant ce temps-là, se dit-il ils oublient l’essentiel ». Or quel est l’essentiel ? La victoire de Jésus sur le mal ! Jésus est vainqueur. Mais, dans le désert et dans toute sa mission, Jésus ne part pas au combat tout seul ; il est poussé par l’Esprit. Chers catéchumènes, vous avez fait l’expérience de l’Esprit, avant même votre baptême ; vous le nommez, vous nommez son action : certains parlent du passage des angoisses, des inquiétudes, à l’apaisement, à la sérénité. Un étudiant me cite une messe où entraîné par sa future femme, il fait une expérience spirituelle forte. Chers amis baptisés au début de ce carême ne croyons pas que nous pourrons remporter le moindre combat contre la tentation avec nos seuls efforts de carême ! Bien sûr, ils sont nécessaires. Cela ne suffit pas ! Pendant ce carême, nourrissons-nous de Dieu, invoquons l’Esprit-Saint. Et regardons Jésus !
L’évangéliste ajoute : « Les anges de Dieu le servaient ». Qui sont-ils pour nous ces anges de Dieu, ces messagers divins ? Vos enfants parfois. Je cite un papa : « la naissance et le baptême de ma fille revêtent une importance capitale dans mon parcours ». Mais aussi une grand-mère, un grand-père, ou un autre membre de la famille vivant sa foi chrétienne et témoignant : « son ardeur, sa constance, sa joie, son inlassable passion pour le Corps du Christ ont forcé mon admiration.. Cela suscitait ma curiosité ». Et des amis qui ont été de vrais messagers divins : « après beaucoup d’hésitations, j’entre dans une église, un dimanche, et je me trouve à côté d’un couple. La dame me voyant un peu perdue, me propose, pour suivre, le livre « prions en Église. Ils m’ont accueillie chaleureusement, les bras ouverts.. Je les ai choisis comme parrain et marraine ». Ou encore : « une voisine de mes parents qui est très croyante me conduit vers le prêtre de la paroisse » ; ou encore : « un collègue de travail répond à mes questions en me parlant de sa foi », autant de messagers qui ont nourri votre foi et vous ont fait avancer vers le baptême. D’autres évoquent même des voyages en Inde, en Afrique, et là des rencontres avec des populations très religieuses : « J’étais touché par la charité et la foi qui animent ces personnes ». Les voilà les anges de Dieu ! Mais aussi vos accompagnateurs, chers catéchumènes. Je cite : « je me dois de vous témoigner cela : Dieu a de formidables messagers. Leur bienveillance à notre égard est immense. Nous sommes des privilégiés ». Merci chers accompagnateurs pour votre mission.
Alors Jésus, nous dit Saint Marc « partit proclamer l’Évangile de Dieu ». Évangile de Dieu que vous avez entendu avant même votre démarche comme catéchumène. Je suis surpris, dans votre groupe cette année, de tant d’entre vous qui avez fréquenté, lu, médité un Évangile. L’un évoque « une petite bible bleue offerte au détour d’une rue, elle était dans mon tiroir depuis des années.. » Un autre se met à lire une bible « que mon arrière-grand-mère m’avait donné : j’ai lu tout seul pendant des nuits et j’ai adoré ces moments de lecture, je me suis senti apaisé ». Un autre encouragé par un prof de philo non croyant se met à lire les Évangiles : « j’y ai reconnu la vérité dans le message délivré ». Et cette Parole est vivante. Certains évoquent un geste, une phrase qui les a touchés davantage. Je pense à une maman : « le Seigneur est mon berger je ne manque de rien ; ce psaume me correspondait parfaitement. J’ai repris espoir ». Ou encore une jeune étudiante : « le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu : c’est mon cas. Quand j’ai rencontré Dieu, il m’a sauvé ». Bonne Nouvelle : Le Seigneur nous visite, il combat en nous, il nous parle. Son amour, Sa vie, sa Force, nous soutiennent. Quelle joie, ce baptême chrétien ! Amen.
+ Mgr James
Dimanche 18 février 2024
Église du Sacré-Coeur (Bordeaux)
